« Attirer les talents dans la coopération agricole »

« Attirer les talents dans la coopération agricole »

Élu en novembre 2020 président de Dirca, le mouvement des cadres dirigeants des coopératives agricoles, Christian Cordonnier, également directeur de la coopérative Terre Atlantique, a à coeur de valoriser le réseau professionnel, et partager le dynamisme d’un secteur qui recrute.

Quels grands défis doit relever la coopération agricole française actuellement ?
Christian Cordonnier : Les défis de la coopération agricole correspondent aux défis de l’agriculture en général. Le premier d’entre eux est certainement celui la communication, pour mieux nous faire connaître et partager le travail des agriculteurs. Expliquer la manière dont on cultive dans les champs, comment on élève les animaux dans les fermes, avec de la technologie, du digital, et du respect de l’environnement ; c’est essentiel ! Nous devons aussi accompagner au mieux les producteurs dans leurs évolutions de pratiques, en prenant en compte l’agronomie, les nouvelles technologies, ou encore le stockage du carbone. Toutes ces réflexions sont au coeur de notre métier. Les nouveaux enjeux – sociétaux, climat, réduction de la chimie – sont des opportunités à saisir pour faire bouger les lignes !

La coopération agricole attire-t-elle les jeunes ?
C. C. : La pyramide des âges assez vieillissante impose d’attirer de nouveaux talents dans nos entreprises. Avec les départs en retraite et les changements d’orientation, le turnover chez Terre Atlantique se situe par exemple entre 8 et 10 %, ce qui est le lot de beaucoup de coop. Nous recrutons régulièrement, notamment dans les pôles agroenvironnement, services aux adhérents, ou accompagnement des filières. Les pôles innovation, avec le nouveau sujet des diagnostics carbone, ainsi que les pôles informatique et digital avec la vente en ligne aux agriculteurs, se renforcent. Grâce à l’apprentissage, nous n’avons pas spécifiquement de problème de recrutement chez Terre Atlantique. Nous avons des jeunes en formation ingénieur et licence en alternance qui peuvent ensuite décrocher un contrat chez nous. Et contrairement aux décennies passées, les salariés de coopératives ne font plus systématiquement carrière dans une seule et même entreprise. Ils choisissent d’évoluer, bouger, changer de métier, et c’est tout à fait possible. Nos responsables RH sont aussi là pour les accompagner. La formation est aussi un enjeu fort pour les dirigeants de coopérative.

Quel est le rôle de la formation Aristée ?
C. C. : Au-delà de la mission de représentativité auprès des différentes instances, Dirca a en effet un rôle sur la formation des cadres dirigeants de coopératives agricoles, un sujet travaillé depuis les années 2000. Certains directeurs n’avaient pas l’opportunité de bénéficier d’une formation continue, et de mettre à jour leurs compétences. D’où la création de la formation Aristée avec La Coopération agricole. La 9e promotion vient d’être lancée début 2021, et a fait le plein avec 17 inscrits. Y sont abordées les thématiques RH, management, stratégie d’entreprise… Grâce à cette formation, les dirigeants peuvent aussi échanger, partager, et se sentir moins seuls. Chacun se nourrit des connaissances et expertises des autres, grâce à des spécialisations très variées. Cela aide à sortir la tête du guidon, comme c’est parfois le cas dans nos métiers. Aussi, la solidarité qui naît au sein d’une promotion Aristée permet véritablement de renforcer son réseau, et bénéficier de regards neufs sur les enjeux.

—— Propose recueillis par Olivier LÉVÊQUE

MINI-CV DE CHRISTIAN CORDONNIER

  • 1988 : diplômé ingénieur agricole ISA Lille
  • 2002-2007 : directeur général Ets Houssin et Cie (Nord)
  • 2007-2009 : DG adjoint coopérative Unéal (Pas-de-Calais)
  • 2009-2011 : DG Cérémis (Somme)
  • Depuis 2011 : DG coopérative Terre Atlantique (Charente-Maritime)
  • Depuis novembre 2020 : président de Dirca