Ces start-up qui font de la santé des sols leur métier

Ces start-up qui font de la santé des sols leur métier

Complémentaires plus que concurrentes, ces entreprises examinent les sols à la loupe. Au-delà de la seule analyse, elles dressent des ponts entre la recherche et l’opérationnel. Chacune met en oeuvre sa compétence pour aider à la décision les usagers du sol.

Novasol Experts : Décrypter la biodiversité des sols

Créée en 2020, l’entreprise est adossée à la recherche publique : « La genèse de Novasol Experts a été impulsée et soutenue par l’Inrae. Dans ce cadre, j’ai travaillé avec trois directeurs chercheurs qui ont développé un savoirfaire en écologie microbienne des sols et des outils opérationnels pour évaluer la qualité microbiologique des sols », explique Charles Guilland, son président. Novasol est une interface entre le monde de la recherche et les professionnels des sols. « Nous associons rigueur scientifique, objectivité et opérationnalité pour accompagner les acteurs de terrain dans leurs démarches de gestion durable des sols », souligne Charles Guilland, par ailleurs ingénieur en sciences du sol et de l’environnement.

Aider à la transition agroécologique
« Nous aidons les acteurs de terrains à mieux comprendre leurs sols et décrypter la biodiversité, puis nous les guidons pour intégrer ce diagnostic écologique dans leur projet », explique-t-il. Ce diagnostic, déjà utilisé pour évaluer de nouvelles pratiques de gestion des sols, comme le désherbage électrique ou bien différents couverts végétaux, est également déployé dans le cadre du développement des filières EnR (agrivoltaïsme, méthanisation). Enfin, il s’applique en appui de projets de requalification de friches ou de sites industriels. « Cette nouvelle expertise supporte le développement d’actions innovantes en faveur des sols en apportant une preuve de résultats au-delà d’un simple effort de moyens. Avec les nouvelles réglementations et les nouveaux labels environnementaux, c’est une plus-value », fait remarquer Charles Guilland.

Acculturer tous les publics
Pour sensibiliser les différents publics, Novasol veille à communiquer en amont « pour nourrir un travail d’acculturation », poursuit son président. Les formations délivrées par la start-up, certifiées Qualiopi, servent l’objectif. Au cours de ces séances, Novasol déploie plusieurs outils pédagogiques : apports théoriques, bien-sûr, mais aussi cas d’études et serious game. Tables rondes thématiques, enquêtes et quiz aident à évaluer le degré d’appropriation du savoir par les stagiaires. Novasol ne renie pas ses origines et continue à faire de la R&D en lien avec l’Inrae. Le bureau d’études participe notamment au développement de nouveaux indicateurs du fonctionnement microbiologique des sols.

Sol &co : pour une logique d'économie circulaire sol&co

Pluridisciplinaire, l’équipe de Sol & co est issue du monde de la recherche. Pendant leur thèse, les cinq cofondateurs font un constat : « Beaucoup de connaissances sont générées par la recherche mais peu bénéficient à l’opérationnel. », résume Anne Blanchart, présidente et cofondatrice de la start-up. Germe alors l’idée d’une entreprise avec une mission : valoriser les résultats de ces recherches par une application pratique sur les territoires en faveur d’une transition écologique. Pour l’entreprise, le sol n’est pas une simple surface foncière, c’est une ressource. « Si en milieu urbain, les sols sont souvent considérés comme dégradés, nos travaux de recherche ont démontré qu’ils pouvaient être réhabilités et fournir des services : filtrer l’eau, stocker du carbone par exemple ». La terre, pas seulement nourricière L’entreprise délivre conseils, formations et sensibilise aux problématiques du sol. Pour la partie conseil, Sol &co réalise des diagnostics de qualité des sols et biodiversité, surtout pour des collectivités locales. Les missions confiées : création d’une forêt urbaine, réhabilitation d’une friche industrielle… « Nous travaillons dans une logique d’économie circulaire : réutiliser les sols pour répondre aux différents besoins », détaille la spécialiste en urbanisme et sciences agronomiques. L’entreprise, qui dispense aussi des formations, a besoin d’une vision globale sur les sols. Pour y parvenir, Sol &co recourt à d’autres start-up. « Nous sommes complémentaires », résume la présidente, qui est en discussion pour proposer une offre de formation commune avec Novasol, autre start-up du secteur. Complémentarité des start-up pour alerter les décideurs Sol &co propose ses formations, certifiées Qualiopi, à un public spécialisé : des ingénieurs agronomes formés sur l’interprétation des résultats, des architectes et urbanistes qui veulent se former pour une vision 3D du foncier. « La loi climat et résilience pose  l’objectif “zéro artificialisation nette”. Les collectivités ont besoin d’être accompagnées », rappelle Anne Blanchart, qui considère qu’en matière de consommation du foncier, « des progrès ont été faits, mais le chemin est encore long ».

Soltis environnement : Régénérer le potentiel fonctionnel des sols

« Prendre en compte les sols dans l’aménagement du territoire et régénérer leur potentiel » : Florence Baptist, sa directrice, résume en ces mots la mission de Soltis environnement. Avec une thèse en écologie fonctionnelle et biogéochimie, Florence Baptist intègre il y une douzaine d’années Biotope, un bureau d’études environnement. Il y a un an, en partenariat avec son employeur, elle crée Soltis environnement : « Je souhaitais orienter la stratégie de l’entreprise vers des sujets innovants et créer des partenariats avec les laboratoires de recherche pour favoriser le transfert vers l’opérationnel. Pour gagner en flexibilité et réactivité, une filiale tournée vers l’innovation était la meilleure option. » Un pont entre recherche et opérationnel Avec un parcours qui cumule recherche et opérationnel, elle l’assure : « Les deux sphères communiquent peu. » Dans les faits, l’entreprise propose d’évaluer et de régénérer le potentiel fonctionnel des sols. Pour y parvenir, trois prestations successives. Dans un premier temps, à partir d’inventaires de terrain, de données physico-chimiques ou  biologiques et d’outils d’analyses spatiales, Soltis évalue les fonctions portées par les sols. Ces résultats orientent les  porteurs de projet vers des actions de préservation ou de restauration des sols. Ils permettent aussi de planifier l’aménagement de manière à réduire l’impact sur les sols. « Dans cette situation, nous travaillons avec des partenaires. Leur expertise sur la macrofaune du sol complète la nôtre, orientée vers l’analyse microbiologique et biogéochimique », souligne Florence Baptist. Restaurer la vie des sols Second temps, celui des préconisations. « À partir de matériaux minéraux et organiques, nous pouvons améliorer, créer des sols ou les revitaliser à partir d’inoculation mycorhizienne », précise la dirigeante. Dernier temps de l’expertise : « Une meilleure prise en compte des sols génère des bénéfices environnementaux mais aussi, sociaux et économiques, indique-t-elle. L’évaluation des services rendus par les écosystèmes, par la création d’îlots de fraîcheur en ville par exemple, est une voie pour démontrer l’intérêt des sols. » Son souhait : « Accompagner les décideurs dans des projets répondant aux enjeux de sobriété foncière, de développement durable et d’économie circulaire tout en réduisant leurs coûts d’aménagement. »