Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme : Le confinement a boosté les circuits courts

Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme : Le confinement a boosté les circuits courts

Dans le Massif central, tout comme dans le reste de l’Hexagone, le confinement a quelque peu changé les habitudes des consommateurs. La chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme s’y est adaptée en mettant en place un drive fermier.

Animatrice circuits courts, filières émergentes et du réseau Bienvenue à la ferme dans le Puy-de-Dôme, Estelle Teyssier accompagne les agriculteurs qui veulent se lancer dans des projets collectifs de circuits courts. « Ce mode de fonctionnement se développe beaucoup depuis quatre cinq ans : nous voyons de plus en plus d’installations d’agriculteurs en diversification et en circuits courts. Et depuis le confinement, le nombre de sollicitations a très nettement augmenté. » Il faut dire que le Massif central est un territoire qui possède une offre très large de produits fermiers. Estelle Teyssier accompagne principalement les groupes de producteurs qui souhaitent mettre en place certaines initiatives comme des marchés ou des drives fermiers.

Un projet attendu

Par exemple, la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme avait pour souhait de créer un drive fermier. Le confinement l’a fait naître : « Cette initiative est venue d’un constat simple, raconte Estelle Teyssier. D’un côté, nous avions des producteurs qui n’arrivaient pas à écouler leurs marchandises, et de l’autre, des consommateurs qui cherchaient des produits locaux. » Pendant le confinement, trente-cinq producteurs étaient investis dans le drive pour servir en moyenne 130 clients. « Nous avions réquisitionné le réfectoire de la chambre d’agriculture pour stocker et pour assembler les commandes, précise l’animatrice. Ensuite, les clients venaient sur place, donnaient leur numéro de commande et nous leur remettions la cagette directement dans leur voiture. »

Et après le confinement ?

Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’une vingtaine de producteurs à participer au drive. Cette baisse drastique a engendré une diminution du nombre de clients. « Je pense que le confinement a changé les habitudes de consommation pour certains. D’autres ont repris leurs habitudes en retournant dans les supermarchés. J’espère simplement que cette période n’était pas un coup d’épée dans l’eau et que nous arriverons à maintenir ce drive. D’ailleurs, nous organisons une campagne de communication pour lui donner un second souffle. » La pandémie de Covid-19 a également développé le tourisme, qui a augmenté de plus de 2,5 % dans le département. « Les touristes se sont jetés sur les produits fermiers. Une éleveuse m’a dit qu’elle n’avait plus de stock de fromages, et la situation a été similaire pour de nombreuses personnes. Pour le moment, notre drive devra aussi se passer de fromages, mais il s’en sortira malgré tout ! » sourit Estelle Teyssier.

—— Claire LAMY-GRANDIDIER (Tribune Verte 2947)

Témoignages : LE CONFINEMENT A ENGENDRÉ UN CHANGEMENT DE CLIENTÈLE

Aurélien Hobeniche, Gaec de la Croix des Arbres

Agriculteur à Sauxillanges dans le Puy-de-Dôme, Aurélien Hobeniche a modifié son mode de commercialisation durant la période de confinement.

Éleveur de limousines, il pratique la vente directe depuis 2009 afin d’écouler l’ensemble de sa production de viande. « Avant la crise sanitaire, nous vendions de la viande au détail dans le magasin de notre exploitation et sur deux marchés chaque semaine, explique l’éleveur. À ce moment-là, 40 % de nos clients étaient des particuliers et le reste, des professionnels. » Au début du confinement, les professionnels ont annulé leurs commandes et les marchés se sont arrêtés. Pour écouler sa marchandise, l’éleveur a donc dû s’adapter. « Nous avons commencé par livrer à domicile et nous avons augmenté l’amplitude horaire du magasin. Désormais, la clientèle de particuliers représente plus de 60 % de nos ventes », détaille Aurélien Hobeniche. Issu d’une famille d’agriculteurs et de commerçants, l’éleveur a toujours vendu sa viande grâce aux circuits courts. Pour lui, c’est à la fois gratifiant et cela lui permet de ne pas subir le système de commercialisation classique. De plus, il observe depuis trois quatre ans un changement dans les habitudes de consommation. « Les gens s’orientent de plus en plus vers les circuits courts, et le confinement a accentué les choses. Depuis cette période, nous avons triplé la vente à la ferme. Désormais, les semaines qui arrivent vont nous dicter ce qu’il va se passer. »

Nathalie Gasteau, élevage Gasteau

À Laqueuille, dans le Puy-de-Dôme, Nathalie Gasteau possède un troupeau d’une soixantaine de mères aubrac, qu’elle élève dans sa ferme située à plus de 1 000 mètres d’altitude.

Poussée par ses deux filles, Nathalie Gasteau écoule, depuis l’été 2018, une partie de sa production en vente directe. « Nous avons commencé par des terrines et des rillettes, puis nous avons ajouté d’autres produits à la gamme, comme de la bolognaise, du bourguignon, des saucissons et du chorizo », détaille l’éleveuse. Pendant deux ans, elle a développé sa gamme et a été présente sur des marchés de Noël, sur des événements locaux ainsi que sur la plateforme Locavor. Puis est arrivée la période de confinement : « Les gens autour de chez nous ont découvert notre travail. De plus, mes filles, qui, elles aussi étaient confinées, nous ont aidés à développer notre communication, notamment sur les réseaux sociaux. » En plus de la vente à la ferme, qui a fortement évolué, l’élevage Gasteau a participé au drive fermier organisé par la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme

Pendant cette période, la gamme que propose Nathalie s’est étoffée (vente de saucisses, de merguez, de chipolatas, de steaks hachés et d’autres morceaux au détail). « Le confinement nous a permis de nous développer très rapidement, et la bonne saison touristique de cet été a fait perdurer la situation, observe Nathalie Gasteau. Aujourd’hui, je trouve que les habitudes de consommation sont reparties comme avant. Ce sont surtout les personnes qui habitent à proximité de la ferme qui continuent de venir acheter nos produits. »