Julien Pichon : « La réciprocité est essentielle »

Julien Pichon : « La réciprocité est essentielle »

La coopération internationale est une des missions de l’enseignement agricole français. Dans les Pays de la Loire, Julien Pichon (Chargé de coopération internationale à la Draaf1-SRFD² Pays de la Loire) se charge de mettre en valeur les projets menés par certains établissements.

Quelles sont vos principales missions ?
Julien Pichon : La dimension sécurité des mobilités est l’aspect le plus important de mon travail. En tant qu’autorité académique, nous devons avoir une vision globale sur tous les projets des jeunes et du personnel à l’étranger. Un certain nombre de pays sont en effet listés comme étant à vigilance renforcée. Notre rôle est d’être à l’interface avec les autorités françaises (ambassades) et les établissements. Nous pouvons alors rassurer les directeurs concernant des projets qui sont initiés par des enseignants. Ma seconde mission est de valoriser les actions menées sur le territoire, de les rendre visibles dans le cadre de notre projet régional de l’enseignement agricole (Prea). En janvier dernier, nous avons, par exemple, organisé avec un réseau régional multi-acteurs un événement à Angers sur l’expérience des établissements de l’enseignement agricole en Afrique. L’idée était de montrer dans quelles mesures la coopération internationale est une plus-value pour l’enseignement agricole. De manière générale, la dimension inter-acteurs est très présente. Un travail en commun avec les associations, le conseil général, les services d’État est déterminant dans la réussite d’un projet.

À qui s’adressent les mobilités individuelles et quel est leur nombre ?
J. P. : Les mobilités individuelles des apprenants sont surtout destinées aux jeunes en bac pro et en BTSA. Beaucoup de stages individuels organisés dans le cadre du programme Erasmus se déroulent sur quatre semaines dans un pays de l’Union européenne. Certains jeunes peuvent également partir en gestion de la faune sauvage en Afrique du Sud, en agronomie au Canada… Dans les Pays de la Loire, après une baisse des mobilités individuelles en 2017, les chiffres sont repartis à la hausse. En 2019, 604 stages ont été effectués. Ceci s’explique par une meilleure maîtrise des appels à projet Erasmus par les établissements (demandes de financement) ainsi que d’une vraie dynamique au niveau de la Région. Aujourd’hui, cette démarche de mobilité n’est plus anecdotique pour certains établissements. Actuellement, avec les conséquences liées à la crise du Covid-19, nous constatons un coup d’arrêt au niveau des mobilités, mais nous espérons que la machine sera relancée à l’issue de cette période.

La coopération internationale peut également prendre la forme de mobilité collective et de projets spécifiques. Auriez-vous des exemples ?
J. P. : Il y a le projet mené par un lycée agricole nantais avec un établissement du Cameroun. Ils ont travaillé sur la mise en place d’une unité de transformation du cacao. C’était une première dans ce pays. Maintenant, il existe un centre de formation sur la filière du cacao. Dans ce type de projet, les apports et la solidarité ne vont pas que dans un sens. La réciprocité est un mot-clé de la coopération internationale. En tant que SRFD, nous avons également une action emblématique. Depuis 2015, nous accueillons de jeunes volontaires étrangers du service civique international en partenariat avec France Volontaires. L’année dernière, une jeune Indienne, une jeune Marocaine, deux jeunes Ivoiriens et un jeune Ghanéen ont été reçus dans des établissements de l’enseignement agricole public des Pays de la Loire.

—— Propos recueillis par Caroline EVEN (Tribune Verte 2936)
(1 ) Direction régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt.
(2) Service régional de la formation et du développement.