- Productions animales

La location de vaches comme mode de financement

La location de vaches comme mode de financement

Les technico-commerciaux de l’entreprise Gestel ne sont pas à proprement parler des loueurs de vaches. Ils travaillent au contact des éleveurs laitiers pour leur apporter une solution financière adaptée à leurs besoins.

«Loueur de vaches » est une expression quelque peu péjorative pour Sébastien Dumais, directeur général de Gestel. Pourtant, il concède qu’il l’utilise certaines fois pour faciliter les discussions et pour présenter son activité. Cependant, le métier de cette société, basée dans le Rhône, est avant tout financier : « Nous sommes une alternative à la banque : nous servons d’interlocuteurs bancaires lorsque les éleveurs ne savent plus quoi faire », présente-t-il. Gestel propose trois solutions aux éleveurs laitiers. Ces derniers peuvent s‘orienter vers la structure pour développer leur production laitière sans investir dans de nouveaux animaux. La société leur met alors à disposition des génisses pleines et prêtes à vêler. Ils peuvent également faire appel à l’entreprise lorsqu’ils ont un besoin de trésorerie, par exemple pour investir dans un projet d’agrandissement, d’achat de matériel agricole ou encore de création d’une unité de méthanisation. « L’éleveur nous cède une partie de son troupeau, mais il garde son exploitation. Les vaches restent chez lui, en location, mais sont la propriété de Gestel. En revanche, l’éleveur profite du lait », explique-t-il. Pour ces deux solutions, ce dernier s’engage sur un bail de dix ans et paie en nature le loueur avec une génisse pleine et prête à vêler à partir de la deuxième ou de la troisième année du contrat. La troisième solution concerne les éleveurs souhaitant transmettre leur exploitation avec un prix d’accession moindre et donc plus attractif auprès de potentiels repreneurs. Dans ce cas, Gestel peut acheter comptant la totalité du cheptel.

Un rôle de régie immobilière

Actuellement, 30 000 vaches laitières de différentes races sont en contrat chez environ un millier d’éleveurs en France. Ces animaux appartiennent à une multitude d’investisseurs (particuliers…) qui sont regroupés au sein de la société Élevage & Patrimoine. Ce fonds d’investissement, dirigé également par Sébastien Dumais, mandate Gestel pour s’assurer de la bonne gestion des troupeaux. « Nous sommes comme une régie immobilière », indique-t-il. Au sein de la société Gestel, qui compte quinze salariés, douze technico-commerciaux assurent cette mission de suivi des cheptels. Ils sont spécialisés dans l’élevage laitier et ont suivi une formation commerciale pour comprendre les besoins des éleveurs et pour leur vendre des solutions financières adaptées. Ils doivent être capables d’évaluer l’état financier des exploitations, les projets des éleveurs, leur savoir-faire, mais aussi de réaliser des suivis techniques et sanitaires du bétail. « Nous devons garantir à nos clients [les investisseurs] que les animaux sont bien traités, déclare Sébastien Dumais. Ils réalisent au moins trois visites techniques par an, où ils passent en revue le bétail. » Si des profils avec BTSA ACSE peuvent candidater à ce poste, l’entreprise recrute essentiellement des anciens éleveurs laitiers ayant arrêté leur activité ou encore des personnes issues de familles d’éleveurs. « L’avantage est qu’ils ont côtoyé le métier de chef d’entreprise, justifie-t-il. Il faut avoir des notions de gestion d’entreprise et savoir appréhender des problématiques globales. »

—— Caroline EVEN ( Tribune Verte 2943)