L'organisation du travail à l'heure de la crise sanitaire

L'organisation du travail à l'heure de la crise sanitaire

La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 a des répercussions importantes sur les entreprises et leurs équipes, les amenant à réinventer les modes de travail. Comment les sociétés se sont-elles adaptées ? Focus en Pays de Loire avec Brard Graines, la CAMN et la MSA 44-85.

La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 a fortement impacté l’organisation du travail dans les entreprises. Ces dernières ont dû s’adapter pour trouver des moyens de poursuivre leurs activités et ce, dans le respect des impératifs de sécurité pour leurs collaborateurs. De nouveaux modes de travail ont été imaginés et implémentés rapidement, impliquant souvent l‘accélération du travail à distance, une organisation par roulement d’équipes ou la mise en place de protocoles sanitaires stricts surtout lorsque le télétravail n’est pas possible.

Respecter les consignes sanitaires

Dans le Maine-et-Loire, la société Brard Graines est spécialisée dans la production de semences potagères et florales de haute technologie. L’entreprise familiale, qui travaille en prestation avec plus de 100 producteurs, emploie 18 salariés permanents sur son site de Longué : techniciens cultures, opérateurs de triage, responsable d’exploitation, ouvriers d’exploitation et secrétaires administration/export. Comme toute entreprise, Brard Graines s’est engagée à respecter un certain nombre d’obligations en matière de santé et de sécurité face à l’épidémie de Covid-19. « L’activité n’ayant pu se faire en télétravail, un protocole sanitaire strict a été mis en place pour protéger la santé des collaborateurs », indique Sylvie Gabillet Chereau, directrice de la société. Dès l’instauration du confinement, l’entreprise a exigé de l’ensemble des salariés qu’ils s’engagent par écrit à respecter les consignes sanitaires sur le lieu de travail : laver ses mains très régulièrement, tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir, saluer sans se serrer la main, utiliser des mouchoirs à usage unique et les jeter… « Au titre des actions de prévention, nous avons affiché ces gestes barrières dans les locaux. Nous avons aussi mis en place un marquage au sol afin d’inciter au respect des distanciations physiques et des flacons de gel hydroalcoolique sont mis à disposition du personnel dans chaque lieu de fort passage (entrée des locaux, entrée de la salle de pause…). » La responsable veille tout particulièrement au respect des règles de distanciation sociale au sein de l’entreprise. C’est le cas lors des réunions qui continuent de se tenir en présentiel. « Fort heureusement, la grande taille de nos locaux facilite la mise en oeuvre de cette mesure fondamentale en limitant le risque d’affluence, de croisement et de concentration des personnels », précise Sylvie Gabillet Chereau. Sur le terrain, les techniciens chargés du conseil et du suivi cultures se déplacent seuls à bord de leur véhicule – et non en compagnie des producteurs – lors des visites dans les zones de production de semences. La société a par ailleurs pris des dispositions pour permettre le maintien du bien-être des salariés et des moments de convivialité dans le cadre professionnel en toute sécurité. Les regroupements dans des espaces réduits comme la salle de pause et de restauration sont limités au strict minimum. « Les pauses habituelles (10 h et déjeuner) ont été maintenues. Mais j’ai défini et affiché une jauge précisant le nombre de personnes pouvant être présentes simultanément dans le local dans le respect des règles de distanciation physique (5 personnes maximum) et proposé des plages horaires de repas pour favoriser une rotation des groupes », souligne la dirigeante. En revanche, l’accès à la salle de douche, utilisée notamment par les opérateurs de triage, a été condamné. « À ce stade de l’épidémie, l’entreprise ne déplore aucun cas positif au Covid-19 parmi les salariés », indique Sylvie Gabillet Chereau.

Une organisation par roulement d’équipes

En région nantaise et Pays de Loire, la CAMN assure l’approvisionnement en intrants et matériels spécialisés des professionnels du maraîchage, de la viticulture, de l’arboriculture, de l’horticulture et des pépinières. La coopérative, qui emploie 75 salariés aux postes de conseillers vendeurs, animateurs magasins, technico-commerciaux, animateurs responsables de marché, chauffeur-livreurs, a également pris des dispositions pour assurer la sécurité sanitaire du personnel au sein de ses huit magasins, de sa plateforme logistique et au siège social : mise en application des gestes barrières, installation de distributeurs de gel hydroalcoolique et de protections en Plexiglas sur les comptoirs de vente et caisses de magasins, recours au télétravail pour une partie du personnel... « Nous avons aussi créé, au printemps, sur nos sites, deux équipes de travail (soit en alternance journée, soit le matin/l’après-midi selon l’activité). Ce roulement mis en place sur la base du volontariat, en concertation avec les équipes, permet de limiter les croisements et d’éviter une surcharge des magasins et bureaux en personnel tout en assurant la continuité du service, indique Claude Bizieux, directeur appro à la CAMN. De plus, la solidarité a fonctionné, des techniciens épaulant ponctuellement les équipes magasins. » Si la coopérative a dû restreindre voire cesser certaines activités au printemps (fermeture de quelques rayons de magasins, arrêt ponctuel de l’activité paysagiste, collectivités et espaces verts), elle s’est organisée pour assurer la nécessaire continuité des enlèvements et des livraisons d’intrants indispensables. « Les livraisons d’appro ont pu être maintenues car nous disposons de notre propre service logistique. En parallèle, nous avons mis en place un système de click & collect permettant aux producteurs d’effectuer le retrait de certains produits en magasin sans entrer en contact avec les vendeurs. » Quant au suivi cultures impératif, il a été réalisé au printemps sans contact physique. Concrètement, après visite des parcelles en solo, le technicien laissait sur place les préconisations écrites et contactait le client par téléphone pour faire part de ses observations. « Cet hiver, les rendez-vous physiques sont concentrés sur les programmes cultures et les plans d’approvisionnement avec les précautions sanitaires indispensables (masque, gel, nombre limité de personnes…) », précise Claude Bizieux.

Le travail à distance à la MSA 44-85

La crise sanitaire a également conduit la MSA Loire-Atlantique-Vendée à réinventer son mode de travail. « Dès le premier confinement, nous avons placé l’ensemble de l’effectif (520 personnes) en travail à distance et avons fermé nos accueils », explique Frédéric Vivier, directeur des ressources humaines à la MSA 44-85. « Les salariés ont donc emporté le matériel informatique nécessaire pour réaliser leurs missions, à domicile. Dès le 18 mars, la MSA était en ordre de marche pour fonctionner et poursuivre son activité. » Cette période d’absence du personnel a été mise à profit par l’organisme de protection sociale pour préparer et organiser le retour sur site dans le respect des impératifs de sécurité sanitaire des collaborateurs. « Nous avons acheté de grandes quantités de gel hydroalcoolique, masques, lingettes désinfectantes, protections en Plexiglas… et repensé tous nos lieux d’accueil du public pour garantir la sécurité sanitaire de tous », indique le responsable. Le retour au travail sur site, à la mi-mai, s’est réalisé dans la limite de 50 % de l’effectif en présentiel. « Une alternance des équipes a été mise en place pour assurer une distanciation physique entre salariés, un fonctionnement qui a perduré jusqu’à la fin de l’été. Le travail à distance est toutefois resté une option possible pour le personnel qui le souhaitait. » Après le retour sur site en septembre de la totalité des salariés, la MSA a repris son fonctionnement habituel, celui du télétravail, pour les collaborateurs qui en bénéficient (55 % de l’effectif, soit 280 personnes). « Depuis le deuxième confinement, le personnel est à nouveau en travail à distance, à l’exception des salariés mobilisés pour assurer l’accueil du public sur site, indique Frédéric Vivier. Ce fonctionnement permet, malgré la situation sanitaire, d’assurer sans perturbations notre mission de service public. Toutes les prestations sont gérées dans les délais », conclut le responsable.

—— Danielle BODIOU (Tribune Verte 2954)

APECITA Pays de la Loire : « LE TÉLÉTRAVAIL NE NOUS A PAS EMPÊCHÉS D’ASSURER NOS SERVICES »

Durant la crise sanitaire, l’APECITA n’a pas échappé au confinement. Géraldine Lebreton, déléguée régionale en Pays de la Loire, nous explique comment, en période de télétravail, son équipe a assuré la continuité de leurs services. « Les deux confinements nous ont obligés à fermer nos bureaux de Nantes et d’Angers, explique Géraldine Lebreton, déléguée régionale APECITA en Pays de la Loire. Mais nous avons continué à travailler en équipe en organisant des réunions hebdomadaires avec Coline Le Treut et Charlotte Fourmy, les deux conseillères emploi-formation de la délégation. La plupart des entreprises qui avaient des recrutements en cours ont préféré attendre la fin du confinement pour réaliser les entretiens d’embauche en face-à-face avec les candidats. Pour autant, nous avons pu, de notre côté, assurer à distance le service de sourcing (recherche de candidats) et de préqualification des candidatures. Ainsi, dès le confinement levé, les entreprises ont pu recevoir les candidats retenus. » L’APECITA a également continué à assurer les interventions dans les centres de formation. « Les établissements se sont adaptés très vite puisqu’ils assuraient leurs cours en visio, précise Géraldine Lebreton. Le fait que les étudiants soient à l’aise avec les outils informatiques a grandement facilité les choses. De notre côté, nous avons investi des logiciels d’animation pour rendre nos interventions les plus interactives possibles. Il s’agissait de ne pas se contenter de dérouler simplement une présentation face aux étudiants, cela n’aurait eu aucun intérêt. » Quant aux candidats inscrits auprès de l’APECITA, ils ont pu continuer à bénéficier des services de l’association à distance, notamment dans le cadre des bilans professionnels ou des bilans de compétences. Notons que malgré l’annulation du Salon Sival, la délégation APECITA a choisi de maintenir son traditionnel Jobdating organisé en janvier. Un événement qui sera, pour l’occasion, entièrement digitalisé.