Méthode de recrutement par simulation (MRS)

Méthode de recrutement par simulation (MRS)

Capable d’élargir le vivier de candidats, d’améliorer la qualité du recrutement et de réduire la durée à y consacrer, la MRS gagne des adeptes. Mais son manque de notoriété freine encore son adoption.

Impulsée par Georges Lemoine en 1995 dans les Deux-Sèvres, la méthode de recrutement par simulation (MRS) avait deux buts : répondre aux difficultés de recrutement et pallier les inadéquations entre demande et offre d’emploi. « La MRS est basée sur l’évaluation des habiletés, sans autre prérequis d’expérience ou de diplôme, explique Hafida El Morabti, chargée de conception à l’unité MRS de Pôle emploi. Les habiletés sont les ressources que les personnes ont développées au fil de leur vie personnelle et professionnelle, comme la dextérité, la communication ou la représentation d’un objet dans l’espace. Nous avons établi un référentiel qui en liste dix-sept. » Thierry Combet, délégué régional Aquitaine de l’APECITA, précise toutefois que « l’objectif n’est pas de se substituer aux autres outils d’évaluation (candidature écrite préalable, questions-réponses d’un entretien “classique”, tests de personnalité ou de logique), mais de les compléter ».

Le dispositif se déploie habituellement en deux ou trois phases. Une première réunion permet d’informer les participants sur le poste à pourvoir et sur l’entreprise, voire sur d’autres aspects à travers les échanges. Ceux qui le souhaitent peuvent ensuite réaliser des « exercices de simulation » qui détermineront leur aptitude à occuper l’emploi proposé. Vient ensuite un entretien avec le futur employeur, voire une session de formation pour faciliter l’intégration.

Sécuriser le recrutement

Si la MRS reste méconnue, elle suscite l’adhésion. Adèle Audoy, qui dirige une exploitation de culture de tomates à Parentis-en-Born, en Aquitaine, vante son efficacité : « En mettant en valeur les qualités de chacun, la MRS permet de dépasser les discours du type : “Vous n’avez pas d’expérience, vous ne pourrez pas travailler dans tel secteur.” C’est une méthode qui permet aussi de repérer les candidats en amont des besoins et d’avoir un recrutement progressif. » Elle réduit aussi le risque lié au recrutement, précise Charles Belin, DRH du groupe Even : « Les candidats comprennent vite les ressorts de leur future activité. Sans la MRS, il peut y avoir un effet déceptif car les gens ont plus de mal à se projeter. Elle réduit la proportion de profils qui ne seront pas adaptés au poste. »

La MRS fait aussi gagner du temps, ajoute Alain Vincent, le responsable qualité de Cofruidoc, une coopérative fruitière de l’Hérault : « Nous n’avons plus à réaliser les 200 entretiens individuels, chacun d’une durée moyenne de quinze minutes, qui permettaient simplement d’avoir une impression. Maintenant, les entretiens réalisés après les tests sont plus rapides car les réunions fournissent des informations sur l’entreprise, sur les conditions de travail, sur la rémunération, etc. Ils servent surtout à mieux se connaître et à répondre à d’éventuelles questions complémentaires. » La MRS a une autre vertu importante, assure Sébastien Tison, le responsable RH de la filiale française de Rijk Zwaan, une entreprise néerlandaise spécialisée dans la semence potagère : « C’est une méthode utile pour les candidats, car c’est un dispositif de sélection rigoureux qui leur donne confiance dans leurs capacités. » Chez Even, recruter des personnes sans expérience a inquiété les managers. « Nous les avons convaincus en leur expliquant le système de simulation et la formation ultérieure, et en soulignant que le plus grand risque était que le poste ne soit pas pourvu », précise Charles Belin, qui estime aussi nécessaire de construire une image d’employeur de référence « pour que les candidats puissent se projeter dans l’entreprise ». L’aggravation de la pénurie de main-d’oeuvre peut favoriser la MRS, à condition de faire un effort conséquent pour augmenter sa notoriété, souligne Mickaël Jacquemin, dirigeant d’une exploitation de huit salariés dans la Marne : « Pour la plupart de mes collègues exploitants, la MRS est encore totalement inconnue. Pôle emploi et l’Apecita doivent augmenter la promotion de cette méthode. » Si cette condition est remplie, il y a fort à parier que bien d’autres entreprises y auront recours.

—— Gilmar SEQUEIRA MARTINS (Tribune Verte 2915)