Showroom collectif : des présentions plus larges, pour constituer un vivier

Showroom collectif : des présentions plus larges, pour constituer un vivier

Désormais plus proactives, les entreprises de la filière agricole et agroalimentaire veulent passer des entretiens traditionnels, en one-to-one, au showroom collectif.

Être « sur le terrain » : c’est ainsi qu’Aurélie Thomas, talent manager pour Bioline (spécialisé dans les semences et la protection des plantes, les biosolutions et l’agrodigital, l’un des trois métiers d’InVivo, premier groupe coopératif agricole français), décrit la stratégie de lancement d’un showroom à l’occasion des Culturales, qui se sont tenues les 5 et 6 juin au Futuroscope de Poitiers. Une présentation large des métiers, des perspectives et des valeurs de Bioline, sans postes précis à la clé, qui vient au sein d’un tel Salon en complément des job datings habituels et des annonces postées sur des réseaux comme LinkedIn.

« Cela a permis au service RH de montrer l’ensemble des métiers, transverses et très diversifiés, et d’être impliqué dans l’opérationnel », poursuit-elle. Sans oublier que l’événement a permis de mieux faire connaître Bioline, qu’InVivo veut désormais mettre en avant, et de donner une image du groupe plus « moderne ». « La thématique de l’innovation, pour l’agriculture de précision par exemple, a de quoi attirer des talents par sa nouvelle approche de la production, souligne Aurélie Thomas, de même que les activités digitales, qui requièrent des profils de product owners et autres. » Des métiers faits de R & D, de drones, de biotech, bien loin de l’agriculture « traditionnelle ».

Autre avantage, celui de « développer un réseau qui permettra à l’avenir de capter davantage de candidats que par le biais classique », ajoute la talent manager. Même si le showroom des Culturales, réalisé en quatre groupes d’une demi-douzaine de talents à chaque fois, n’a pas attiré autant de candidats potentiels qu’espéré – « le temps, très mauvais, en a sans doute rebuté certains », avance ainsi Philippe Béaur, délégué régional de l’APECITA pour l’Auvergne, le Limousin et le Poitou-Charentes –, Bioline a l’intention de renouveler l’expérience au Salon de l’Agriculture ou dans d’autres rassemblements professionnels. Et si Bioline ne se plaint pas d’une pénurie de candidats, d’autres entreprises de la filière agricole et agroalimentaire ont plus de difficultés à recruter. Elles pourraient, elles aussi, adopter le showroom en complément de leurs efforts habituels pour mobiliser les talents, sans pour autant avoir de postes précis à offrir sur le moment.

Nouvelle philosophie

Car au-delà de la méthode de recrutement, c’est la philosophie des  entreprises qui évolue. « Elles ne veulent plus se placer en position sanctionnante, en se basant sur un CV et sur un parcours », relève Philippe Béaur. « Il s’agit de mettre en avant la marque employeur, d’afficher ses valeurs, les avantages sociaux et les perspectives de carrière qu’offre l’entreprise, pour constituer un vivier de candidats potentiels, que l’on pourra ensuite recontacter lorsqu’un poste sera ouvert », précise le spécialiste du recrutement. D’ailleurs, à la suite d’un showroom, des entretiens individuels peuvent être organisés. L’attitude privilégiée est donc celle de la proactivité, de la part de l’entreprise comme des jeunes talents. Cela fait deux ans environ que l’APECITA suggère ce type de présentation aux entreprises de la filière. « Mais cela nécessite, de la part des sociétés, une visibilité sur les postes à venir, ce qui n’est l’apanage que des grandes structures. Les petites coopératives, par exemple, ont plus de mal à prévoir ce que seront leurs besoins sur le moyen ou sur le long terme », précise Philippe Béaur. Pas question, en tout cas, de s’arrêter au demi-succès des Culturales. Lors du Space, le rendez-vous mondial des productions agricoles, qui se tiendra du 10 au 13 septembre à Rennes, l’APECITA proposera de nouveau la formule à des entreprises de la filière, de même que sur d’autres Salons, tel le Sommet de l’élevage, du 2 au 4 octobre, à Clermont-Ferrand.

—— Lys ZOHIN (Tribune Verte 2915)