Toulouse-Auzeville : La plateforme agroécologique, un catalyseur de pratiques

Toulouse-Auzeville : La plateforme agroécologique, un catalyseur de pratiques

L’exploitation du lycée agricole de Toulouse-Auzeville a relevé le défi du plan Écophyto au-delà de ses espérances. Issue d’un travail collectif autour des pratiques agricoles qu’elle met en oeuvre, une plateforme expérimentale a vu le jour et conjugue la recherche en agroécologie avec sa vocation pédagogique et ses responsabilités sociétales. Elle prend aujourd’hui son envol sous forme de groupement d’intérêt public.

Diviser par deux les usages de produits phytosanitaires avant 2018. L’histoire de la plateforme agroécologique du lycée agricole de Toulouse-Auzeville commence en 2009, date de publication du premier plan Écophyto. À cette époque, l’exploitation du lycée dispose d’un système très contraint. Sa situation, en zone périurbaine, et sa petite surface – 40 hectares – rendent difficiles des changements de grande ampleur. L’équipe prend ce défi à bras-le-corps. Sophie Rousval, directrice de l’exploitation, pilote alors les changements en faveur d’une « approche systémique de l’exploitation », qui est, selon elle, le moyen d’atteindre les objectifs fixés. Pour cela, les pistes sont nombreuses et complémentaires.

La réflexion concerne avant tout la qualité des sols. Des couverts sont introduits dans la rotation et une démarche visant à réduire le travail du sol est engagée. Parallèlement, une approche paysagère du système entraîne l’implantation de haies et de bandes enherbées, « en choisissant des espèces mellifères pour maximiser les services écosystémiques rendus par les  cultures », souligne Sophie Rousval. Elle souhaite aussi « développer la valeur ajoutée de la production, en créant des filières locales ». L’exploitation adhère ainsi à Fileg, un organisme dont le but est de structurer une filière de légumineuses à graines en Occitanie. Des lentilles et des pois chiches sont produits et commercialisés en direct.

Mêler expérimentation et pédagogie

En 2010, cette démarche rencontre la rénovation du BTS agronomie production végétale. Avec une nouveauté : les étudiants sont invités à travailler en autonomie sur l’exploitation. Ils élaborent les essais, les valident avec l’équipe et les suivent tout au long de l’année. Ils présentent ensuite les résultats aux partenaires et aux professionnels du territoire. Anne Pujos, coordinatrice du BTS, remarque qu’« ils y gagnent en connaissances techniques et en assurance ». Après douze ans d’évolution, la plateforme travaille désormais autour de cinq thématiques en lien avec la qualité des sols et la santé des  plantes. Dans ce cadre, elle développe des projets spécifiques. Elle a, par exemple, participé au projet TAArGET, qui veut accompagner les lycées agricoles vers l’arrêt du glyphosate. Le bilan de ce travail a été présenté le 23 mars dernier au cours d’un séminaire. Elle a aussi adhéré au protocole Vancouver, dont l’objet était d’étudier les couverts végétaux d’interculture pour maîtriser les adventices. Elle a également intégré le dispositif « Déphy Ferme », porté par la chambre d’agriculture. En janvier 2020, la plateforme obtient la labellisation « Plateforme Technologique ». Elle est reconnue en tant qu’outil de diffusion d’une expertise technique auprès des acteurs de son territoire et pour son rôle dans le domaine de l’enseignement et de l’innovation technologique.

Elle prend son autonomie par rapport au lycée en février 2022, en changeant de nom et de statut. La plateforme répond désormais au nom de « GIP Transitions ». Grâce à ce statut de groupenment d’intérêt public, elle est financée par l’État, l’agence de l’eau Adour-Garonne et la Région Occitanie. Ses missions et son rôle pédagogique demeurent à destination du lycée de Toulouse, mais aussi des autres établissements.

Pour Sophie Rousval, qui en conserve la direction, « il est important d’être en interaction avec le territoire, avec ses différents acteurs, les agriculteurs, les consommateurs… ». Grâce à cette évolution, elle y parvient pleinement.

— Emmanuelle BORDON (Tribune Verte 3012)