Viens voir mon TAF ! : Trouver un stage sans réseau, ni piston

Viens voir mon TAF ! : Trouver un stage sans réseau, ni piston

L’association Viens voir mon taf ! a pour objectif de permettre à des élèves de troisième scolarisés dans un collège d’un réseau d’éducation prioritaire (REP et REP+) ou habitant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) de trouver des stages motivants et de qualité, sans réseau ni piston.

Créée en 2015, par des bénévoles passionnés et motivés, l’association Viens voir mon taf ! est partie d’un constat : il est difficile pour les collégiens de l’éducation prioritaire, sans réseau, de trouver un stage de troisième motivant. « Deux tiers des élèves de troisième scolarisés dans les classes d’éducation prioritaire ont des parents inactifs ou ouvriers. Faute de réseau, ces jeunes qui rêvent d’être avocats, ébénistes ou architectes, choisissent un stage par défaut. Nous pensons que ranger des cartons ou faire la plonge au restaurant n’est pas une fatalité... », explique l’association. Pour changer les choses, ils ont mis en place, sur Internet, la plateforme de « mise en relation » (www.viensvoirmontaf.fr) per- mettant aux entreprises de proposer des stages à ces jeunes. « Elle est libre d’accès et simple d’utilisation : il suffit aux élèves de se créer un compte, de naviguer par- mi les offres grâce à des mots-clés par domaines de métiers et de postuler aux annonces qui leur plaisent. Un tableau de bord permet de centraliser les candida- tures en cours des élèves », indique l’association. Pour les entreprises, la démarche est tout aussi simple : ils s’inscrivent et postent une offre de stage sur le site en quelques minutes, et attendent ensuite les candidats. Ils reçoivent un mail de notification à chaque nouvelle candidature, qui peut être traitée en quelques clics depuis leur tableau de bord.

Offrir des opportunités

Pour les jeunes, cette plateforme ou plutôt passerelle entre deux mondes, permet d’ouvrir de nouvelles perspectives, de donner envie. Pour les entreprises, l’action est également bénéfique : c’est une action citoyenne, une façon simple de mettre en avant son engagement sociétal. Et qui ne demande que peu de temps puisque ces stages sont courts : cinq jours dans l’année, et se déroulent entre décembre et avril (dates variables selon les collèges). Chaque entreprise peut, selon son choix, accueillir un, deux, trois stagiaires ou plus, chaque année. En quelques années, le nombre de stages proposés, d’entreprises participantes et de jeunes stagiaires a fortement progressé. En 2017, 600 professionnels ont proposé des stages de cinq jours aux jeunes sans réseau. Une belle progression, même si « faire du chiffre n’est pas notre philosophie, nous voulons des stages qui impactent les jeunes, et cela demande du suivi et de l’accompagnement », rappelle l’association.

Une antenne à Marseille

2017 est l’année du décollage pour Viens voir mon taf !, qui se professionnalise, avec l’arrivée d’un salarié à temps plein. La montée en puissance du « réseau des jeunes sans réseau » s’est poursuivie en 2018, avec la naissance d’une antenne régionale à Marseille, première pierre d’un futur ré- seau national. Aujourd’hui, Viens voir mon taf ! à Marseille, c’est 80 entreprises et métiers proposés sur le site (chercheur en neurobiologie, technicien de maintenance aéronautique, designer en environnement virtuel...), et huit collèges REP et REP+ partenaires. Des déploiements d’antennes sont déjà en cours de préparation pour Lille, Lyon et Rennes. Viens voir mon taf ! fait également évoluer sa communication pour coller aux comportements des utilisateurs, avec, par exemple, l’instauration d’un nouveau système de communication par SMS automatiques. Plus simple et plus rapide, ce nouveau canal a facilité les échanges. L’association est également très présente sur les réseaux sociaux (compte plus de 5 000 abonnés).

-- Emmanuelle THOMAS (Tribune Verte n° 2900)