Wwoofing : Découverte et partage dans une ferme bio

Wwoofing : Découverte et partage dans une ferme bio

Le wwoofing donne la possibilité à un bénévole de s’initier aux pratiques agricoles biologiques, en aidant son hôte qui l’accueille et partage avec lui le gîte et le couvert. Ce mouvement, aujourd’hui mondial, fête cette année ses 50 ans. En France, une association existe depuis 2007.

Le bénévolat peut prendre différentes formes. Si vous souhaitez découvrir l’agriculture biologique et les modes de vie durable dans une ferme mais aussi partager une expérience humaine, le wwoofing (World Wide Opportunities on Organic Farms) est peut-être fait pour vous ! En échange de votre aide, votre hôte (un agriculteur, un collectif ou un particulier) vous offrira le gîte et le couvert. Pour créer votre profil d’hôte ou trouver une ferme dans l’Hexagone ou les Dom-Tom, vous devez nécessairement passer par l’association officielle Wwoof France.

Ce mouvement s’étend bien au-delà de nos frontières. Il est d’ailleurs né en 1971 en Angleterre grâce à une secrétaire londonienne qui souhaitait aider de petites fermes engagées dans l’agriculture biologique pendant ses week-ends. « Pour lancer son projet, elle poste une petite annonce intitulée “Working Week-ends on Organic Farms”… Une quinzaine de réponses plus tard, quelques week-ends à refaire le monde, bottes aux pieds avec les fermiers qui l’accueillent… Et le wwoofing était né », raconte Wwoof France. Le mouvement s’est ensuite développé dans le monde. Chez nous, il a fallu attendre 2007 pour voir la naissance de l’association Wwoof France, et ce, grâce à un ancien citadin « changé » par son expérience d’un an de wwoofing à l’étranger à la fin des années 1990. Aujourd’hui, l’association française compte près de 2 000 hôtes et 15 000 wwoofeurs, qui ont tous adhéré aux valeurs de la charte du wwoofing.

Des vacances engagées

L’hôte doit notamment s’engager à « accueillir avec bienveillance, et être sincèrement intéressé par la transmission de valeurs d’un mode de vie durable : un wwoofeur ne remplace pas un salarié », souligne l’association.

La charte wwoofing stipule à ce sujet que « le wwoofeur n’est pas un employé et n’a aucune obligation de rentabilité et/ou de subordination. Son accueil doit être occasionnel et d’une durée limitée : il ne doit en aucun cas remplacer un salarié. Si vous recherchez une personne de ce type : adressez-vous au Pôle emploi ». La caisse centrale de la MSA (Mutualité sociale agricole) avertit d’ailleurs de mesures de sanction : « Dès lors que le wwoofeur effectue une prestation de travail réalisée dans un lien de subordination et moyennant le versement d’une rémunération y compris uniquement sous forme d’avantages en nature, vous ne vous inscrivez plus dans le cadre du wwoofing et vous vous exposez à des poursuites pour travail dissimulé. Des contrôles peuvent être menés par la MSA et les autres corps de contrôle compétents en matière de lutte contre le travail illégal (Dirrecte, gendarmerie, officiers de police judiciaire notamment). »

S’agissant du bénévole, il doit aussi respecter les piliers du wwoofing.

L’association spécifie bien qu’il doit « être sincèrement intéressé par l’agriculture biologique et les modes de vie durable : le wwoofing ce sont avant tout des vacances engagées, et pas des vacances pas chères ». S’agissant de la durée des activités proposées par l’hôte, la charte wwoofing recommande que le bénévole aide son hôte une demi-journée par jour, 5 jours par semaine, ce qui lui laissera ensuite le temps de découvrir la région. « Cependant, certains wwoofeurs souhaitent accompagner leur hôte tout au long de la journée. Cela est autorisé, à condition que l’intention soit sincère et non suggérée par l’hôte. Il est important de discuter de ce sujet avec votre hôte avant votre arrivée », précise l’association. Pour trouver un hôte, le bénévole (qui doit avoir au moins 18 ans) doit se rendre sur le site wwoof.fr. Plusieurs critères de choix lui sont proposés : le lieu, la durée du séjour, les activités (maraîchage, élevage porcin…), les méthodologies employées (biodynamie, traction animale…), les certifications (AB, Bio cohérence…) ou encore le type de logement (chambre, yourte…). Une fois qu’il aura réglé sa cotisation annuelle1, il sera mis en relation avec l’hôte, qui lui aussi devra être membre de l’association.

Pour les wwoofeurs attirés par l’étranger, vous devrez vous rapprocher de l’association du pays qui vous intéresse. Pour cela, rendez-vous sur le site wwoofinternational.org de ce mouvement international, représenté dans une cinquantaine de pays.

—— Caroline EVEN (Tribune Verte 2962)
(1) Wwoofeur : 25 € pour 1 personne, 30 € pour 2 personnes. Hôte : 35 € la première année, 30 € ensuite.

Hugues Bladet, cressiculteur et hôte : « J’ORIENTE LES ACTIVITÉS »

Depuis un an, Hugues Bladet reçoit des wwoofeurs chez lui, dans sa petite entreprise agricole girondine, certifiée Nature et progrès. Principalement cressiculteur, il cultive aussi des fruits, des légumes et élève des ânes pour la traction animale et des volailles pour sa consommation personnelle. « J’accueille des wwoofeurs pour échanger et rendre la monnaie de ce que j’ai appris quand je suis partie en wwoofing à l’étranger, mais aussi pour qu’ils puissent m’aider et me soulager », explique-t-il. Selon la saison, les cultures en place, mais aussi leurs intérêts, il leur propose de désherber, éliminer les ravageurs du cresson, récolter ou encore préparer le marché. « Avant qu’ils ne viennent, je fais toujours un premier brief au téléphone. Je leur demande leur activité, ce qu’ils aimeraient faire, en quoi ils sont bons… Ensuite je peux orienter les activités », justifie-t-il. Généralement, les bénévoles l’aident toute la journée. « Souvent, ils ont un projet derrière de vie agricole. S’ils me suivent, c’est leur choix. Sinon, s’ils veulent, je laisse des vélos à disposition », raconte-t-il. Concernant la durée du séjour, il demande aux wwoofeurs de venir plus d’une semaine. « Sinon, c’est trop court. On commence des choses mais on ne peut pas les finir ensemble », indique-t-il. Depuis qu’il est hôte, Hugues Bladet a accueilli plus d’une vingtaine de bénévoles : certains intéressés par la cressiculture, d’autres par la polyculture, certains venus uniquement se reposer (de rares cas). Dans les prochains jours, l’ancien technico-commercial dans le bois recevra ses premiers bénévoles ingénieurs agronomes.

Marion Roger, ancienne Wwoofeuse : « JE VOULAIS VOIR DIFFÉRENTS SYSTÈMES EN MARAÎCHAGE »

Ses expériences en wwoofing ont conforté Marion Roger dans sa transition professionnelle. Diplômée en 2017 de l’école Agrocampus Ouest, cet ingénieur en génie de l’environnement spécialisée en agricultures durables et développement territorial travaillait depuis deux ans dans un bureau d’études. « Je me suis aperçue que le travail ne me correspondait pas. L’agronomie me manquait et je me questionnais sur l’installation agricole, explique-t-elle. Je voulais voir différents systèmes en maraîchage. Pendant les études, on s’intéresse surtout à l’élevage, aux grandes cultures. Il me manquait des connaissances techniques en maraîchage. »

L’année dernière, elle s’est donc inscrite sur la plateforme de Wwoof France. Elle a séjourné chez trois hôtes différents, entre 10 jours – un minimum selon elle – et trois semaines. « Le premier était un maraîcher qui produisait relativement beaucoup de légumes en biodynamie. J’ai travaillé exactement comme si j’étais une salariée. Ça a été hyper intéressant ! J’ai pu voir les différents aspects du métier. Chez le deuxième hôte, j’étais dans une famille qui cherchait à être autonome. Le troisième maraîcher qui m’a accueilli commençait juste son activité », relate-t-elle. Sa volonté étant de se tester à l’activité maraîchère, elle a choisi de travailler au-delà des demi-journées recommandées par Wwoof France, mais en accord avec ses hôtes. Six mois après la fin de ces expériences de bénévolat, elle estime que cela a été un « plus » sur son CV. Depuis mars 2021, elle est maraîchère dans une maison familiale rurale de l’Ain.