2019 : un bon cru pour l'emploi agricole et agroalimentaire

2019 : un bon cru pour l'emploi agricole et agroalimentaire

Avec plus de 18 400 offres diffusées par l’APECITA, l’année 2019 a suivi la tendance des précédentes, avec un marché de l’emploi actif. En revanche, les conséquences de la crise sanitaire sont encore difficilement quantifiables, d’autant que le pays connaît un nouveau confinement…

L’an passé, les voyants de l’économie française étaient au vert, et l’emploi repartait dans la plupart des secteurs d’activité, sans que l’agriculture et l’agroalimentaire ne fassent figure d’exception. Ainsi, en 2019, l’APECITA avait collecté et diffusé près de 18 500 offres, dont 52 % de postes proposés en CDI. « Les secteurs agricoles riment souvent avec saisonnalité des productions, mais le coeur de métier de notre association est d’accompagner, en très grande majorité, des techniciens et des ingénieurs. Dans les offres que nous diffusons, les postes proposés sont donc plus durables, ils nécessitent davantage d’autonomie, de prise d’initiative, et intègrent l’encadrement d’une équipe, souligne Sylvie Meloni, déléguée régionale à l’APECITA. De plus, nous constatons qu’une part non négligeable des CDD proposés par les entreprises se transforment en CDI. La part des postes pérennes est donc plus importante que ce que le pourcentage de CDI laisse paraître. » Parmi les nombreuses filières gérées par l’APECITA, celle de l’agrofourniture arrive en tête, avec 18 % des offres diffusées, suivie par celles des productions végétales (grandes cultures), des productions animales ou encore de l’agroalimentaire. La filière environnement est également très présente. Cette dernière se caractérise par un faible pourcentage d’offres en CDI (moins d’un tiers), mais propose de nombreux services civiques.

Production, innovation et commercialisation

Sur l’ensemble des offres diffusées par l’APECITA en 2019, les métiers de la production, de la recherche, de l’expérimentation, de l’étude et de la conception, ainsi que ceux du commerce, du marketing et des achats sont les plus recherchés par les employeurs. « C’est en toute logique que nous retrouvons ces trois groupes en tête, puisqu’ils représentent les trois piliers de nos filières agricoles et agroalimentaires que sont la production, l’innovation et la commercialisation, explique Sylvie Meloni. Nous avons remarqué que dans les secteurs d’activité que nous gérons, la tendance générale est au ‘‘produire plus et mieux’’. Les consommateurs sont de plus en plus à la recherche de produits qui allient qualité et respect de l’environnement. Le plan Ecophyto, ou encore les États généraux de l’alimentation, initiés par les pouvoirs publics au cours des dernières années, se traduisent désormais de manière concrète sur le terrain, à travers l’essor des labels de qualité, de l’agriculture biologique, et, plus récemment, de la certification HVE (Haute Valeur environnementale). En agriculture conventionnelle, les retraits de nombreuses matières actives, ou encore l’avenir toujours incertain du glyphosate, poussent les fournisseurs à innover afin de trouver de nouvelles solutions alternatives. Cette tendance se confirme aussi bien dans le secteur agricole que dans celui de l’agroalimentaire, les industriels cherchant à développer des recettes qui répondent à l’évolution des comportements alimentaires. » À noter que l’innovation n’est pas l’apanage de la production agricole et agroalimentaire, mais concerne également les secteurs du paysage et des espaces verts, les professionnels cherchant par exemple à développer des variétés et des modes de conduite mieux adaptés au changement climatique. Les métiers du conseil et de l’animation offrent également de nombreuses opportunités, puisque les innovations, pour être déployées et adoptées par le plus grand nombre de producteurs, nécessitent un accompagnement.

L’incertitude plane sur 2020

Si l’année 2019 a été globalement bonne pour l’emploi agricole et agroalimentaire, l’année 2020, même si elle n’est pas encore achevée, devrait garder les stigmates de la crise sanitaire qui a touché de plein fouet le pays. « Durant le premier confinement du printemps, nous avons constaté un net recul du nombre d’offres diffusées, annonce Sylvie Meloni. Certaines entreprises ont, par exemple, préféré reporter des recrutements jugés moins urgents. D’autres ont choisi de mettre de côté des projets de développement. À ce jour, nous ne savons pas encore quelles seront les conséquences du second confinement que nous vivons actuellement, ni si nous retrouverons le même niveau d’emploi que les années précédentes, même si nous avons constaté que le nombre d’offres est reparti à la hausse en milieu d’année. Certes, par rapport à d’autres secteurs, l’agriculture et l’agroalimentaire sont plutôt préservés, puisque ce sont des activités essentielles pour nourrir la population. Cependant, il serait illusoire de croire que toutes les entreprises sortiront indemnes de cette crise. » Difficile à ce jour de prévoir de quoi sera fait le « monde d’après », mais force est de constater que les secteurs agricoles et agroalimentaires ont toujours su faire preuve d’inventivité et d’adaptabilité. Ils l’ont encore montré en plein coeur de la crise en développant, par exemple, de nouvelles formes de commercialisation. Si ces démarches venaient à se pérenniser, cela pourrait-il avoir un impact sur les emplois de demain et sur les compétences recherchées ? Seul l’avenir nous le dira…

—— Aude BRESSOLIER (Tribune Verte 2950)

Tout savoir sur… LE MARCHÉ CACHÉ DE L’EMPLOI

60 % ? 80 % ? Difficile d’estimer la part de l’emploi jugée « cachée », car certaines entreprises recrutent sans forcément diffuser d’offres. Les raisons sont diverses : volonté de rester discrètes, déception sur d’anciens recrutements ou sollicitations assez nombreuses par le biais des candidatures spontanées. Quoi qu’il en soit, ce marché « caché » ne doit pas être négligé par les candidats, et les solutions sont nombreuses pour y accéder : utiliser son réseau (association d’anciens élèves dans les établissements de formation, maîtres de stage, parents, amis, voisins…), suivre l’actualité des entreprises, aller à la rencontre des recruteurs lors de Salons professionnels, soigner sa présence sur les réseaux sociaux…

Niveaux de formation : LE NIVEAU BAC + 2 RESTE LE PLUS RECHERCHÉ

Dans les offres collectées par l’APECITA, les formations supérieures au Bac constituent la majorité des niveaux demandés. Cela est à mettre en lien avec le coeur même du métier de l’association qui a été créée, il y a plus de 60 ans, par et pour des techniciens et des ingénieurs. Le niveau Bac + 2 (39 % des offres) reste le plus recherché par les employeurs, avec une nette préférence pour les BTS et BTSA face aux DUT, souvent jugés plus généralistes. 35 % des offres diffusées sont accessibles à un niveau Bac +5. De son côté, le niveau Bac + 3/4 arrive en troisième position. « 15% des offres que nous diffusons ne précisent pas de niveaux de diplôme requis, explique Sylvie Meloni. Dans ce cas, le recruteur aura souvent tendance à demander de l’expérience, ce qui tend à prouver qu’il est plutôt en recherche de compétences avérées. » 50 % des offres diffusées par l’APECITA précisent une expérience requise : trois ans dans 70 % des cas.