À la découverte de… quatre start-up en devenir

À la découverte de… quatre start-up en devenir

Certaines approchent bientôt les dix ans, d’autres ont à peine deux ans. Ces quatre start-up proposent chacune des services différents en vue d’apporter aux agriculteurs des solutions de pointe.

Airnov : presque dix ans d'existence

Créée en 2010 par deux ingénieurs spécialisés en robotique et télématique et par un fils d’agriculteur, Airinov se positionne sur le marché du conseil et de la recherche agronomique et devient pionnier dans le suivi par drone des cultures et des essais.

« Aujourd’hui, notre réseau compte 70 opérateurs en région, explique Romain Faroux, un des cofondateurs d’Airinov. Nos opérateurs sont soit des entrepreneurs, soit des conseillers en chambres d’agriculture, en coopératives ou en négoces. » La start-up propose de la cartographie clé en main pour le pilotage de la fertilisation azotée sur blé et colza. « Nous centralisons les demandes de nos clients, puis nous les envoyons directement à nos opérateurs, précise Romain Faroux. L’opérateur se rend alors sur place, fait voler le drone et Airinov envoie les cartes directement dans la boîte mail de l’agriculteur. »

Depuis la création de la start-up, 14 000 agriculteurs ont déjà fait appel à Airinov. Pour se développer, la start-up s’appuie sur le soutien de Parrot, leader du drone français, entré à son capital en 2014 et qui a confirmé en 2015 avec un nouvel investissement de 7,5 millions d’euros. Grâce à ce partenariat, Airinov est passé d’une présence sur 3 000 ha en 2012 à plus de 150 000 ha survolés en 2017. « Nous sommes passés d’environ 40 salariés à la création de l’entreprise à 20 personnes actuellement, détaille Romain Faroux. Nous n’avons plus besoin de nous développer aussi vite qu’au début, car en réalité, le marché ne va pas si vite. » Désormais, le cofondateur vise les 80 % d’agriculteurs qui ne sont pas rentrés dans le digital. « Nous n’avons pas vocation à nous intéresser seulement à l’élite, mais aussi au marché de l’agriculteur lambda, avec ou sans matériel de précision », affirme Romain Faroux. Outre le fait de s’ouvrir au marché international, Airinov travaille sur de nouvelles offres sur d’autres cultures telles que le maïs fourrage et la vigne.

Samsys : S'ouvrir à l'international

Fondée en 2017 par trois ingénieurs spécialisés dans les nouvelles technologies, Samsys propose un suivi de flotte agricole par un principe de télémétrie grâce à des boîtiers disposés sur les machines agricoles. « Nos principaux clients sont les Cuma et les ETA, car ce sont eux qui recherchent en priorité à optimiser le temps d’utilisation du matériel afin d’automatiser leur facturation », explique Olivier Guille, cofondateur de Samsys. Le boîtier autonome s’aimante sur le matériel afin d’enregistrer le nombre d’hectares travaillés, le temps passé, la distance parcourue et en option, la consommation de carburant, le niveau du reservoir ou encore la puissance de la prise de force. Depuis janvier, le « tag » vient en support du boîtier initial. Il est attribué à un outil et permet aux chauffeurs de lister le temps qui a été nécessaire à chaque homme pour réaliser l’intervention. Actuellement, l’entreprise basée à Lille compte cinq personnes dont les trois cofondateurs. « Pour notre développement, la stratégie consistait à concevoir un produit modulaire qui colle au marché avant d’aller chercher nos premiers clients, raconte Olivier Guille. C’était une volonté pour nous d’apporter un outil complet dès le départ. »

La commercialisation a réellement débuté en décembre 2018. À ce jour 250 boîtiers ont déjà été vendus. Désormais, la start-up ambitionne de prospecter à l’international : « Nous visons principalement les marchés canadien, marocain et ukrainien, explique le cofondateur. Nous cherchons également à nous rapprocher de certains constructeurs afin de proposer des échanges de données. »

Ekylibre : Visualiser sa ferme en un clic

Le projet Ekylibre a vu le jour fin 2007 sous l’impulsion du SACEA, puis a été cofinancé en 2008 et en 2009 par l’Union européenne et le conseil régional d’Aquitaine. C’est en janvier 2015, à Bordeaux, que la start-up Ekylibre a été réellement lancée. Spécialisés dans l’édition de logiciel de gestion nouvelle génération pour le monde agricole, « notre objectif est simple. Nous voulons simplifier la gestion quotidienne d’une exploitation agricole et apporter de la durabilité à l’agriculture via une solution inédite », expose Karine Cailleaux, directrice des opérations chez Ekylibre.
Ekylibre est un logiciel en ligne comprenant toutes les fonctionnalités nécessaires à la gestion de l’exploitation agricole comme la production, les stocks, les équipements, la facturation, la comptabilité. « Cet outil permet au chef d’exploitation de visualiser, de centraliser et d’analyser toutes les données de son entreprise au même endroit », détaille Karine Cailleaux. De plus, Ekylibre propose Clic & Farm, une interface de gestion parcellaire où il est possible d’importer et de découper le parcellaire, de
réaliser l’assolement, d’enregistrer les interventions. « En quelques clics, l’agriculteur peut éditer le registre phytosanitaire et le cahier de culture au format réglementaire », précise Karine Cailleaux.

Aujourd’hui, Ekylibre compte seize salariés, dont une majorité d’ingénieurs agronomes et développeurs Web. « Il y a des jeunes et des moins jeunes, mais nous avons tous un point commun : la passion pour le secteur agricole ! D’ailleurs, nous recherchons toujours de nouveaux talents. Qu’on se le dise… » s’amuse Karine Cailleaux.

Plus de 4 000 agriculteurs utilisent aujourd’hui les solutions proposées par Ekylibre, mais la jeune start-up ne compte pas s’arrêter là. « La propriété et la sécurité des données de nos utilisateurs sont pour nous une réelle philosophie d’entreprise, et une promesse très importante. Via notre outil, open source et totalement interopérable, nous souhaitons devenir l’acteur inévitable d’agrégation des données de l’agriculteur, explique la directrice des opérations. De cette manière, nous permettrons
à nos utilisateurs de visualiser, de traiter, de gérer l’ensemble des données issues de leurs objets connectés mais aussi de leurs partenaires comme les banques, les assurances, les centres de gestion comptable, les conseillers agricoles, sur une seule et même interface. »

Ce projet d’interconnexion est déjà entamé. Des « POC » (Proof Of Concept) sont en cours de test et de validation avec des experts de la robotique, des drones, des capteurs ou des boîtiers connectés, des institutionnels, des banques ou des centres de gestion… Affaire à suivre !

Miimosa : Un virage vers la transition agricole, alimentaire et énergétique

L’activité de MiiMOSA a débuté en 2015 par le modèle du don avec contrepartie, puis l’offre s’est diversifiée avec le prêt participatif. Florian Breton, le fondateur, revient sur trois constats qui l’ont poussé à créer cette plateforme : « D’une part, les agriculteurs avaient du mal à faire financer par les banques leurs changements de modèle vers la bio ou vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement. D’autre part, le crowdfunding allait moins vers l’agriculture que vers les autres secteurs. Enfin, je pressentais la tendance sociétale que nous constatons aujourd’hui vers une agriculture plus verte », explique le fondateur. Afin de se développer, MiiMOSA a réalisé deux levées de fonds : une première de 700 000 euros en 2016 et une seconde de 3 millions d’euros en 2017. « En quatre ans, nous avons financé plus de 2 000 projets, ce qui représente plus de 10 M€ collectés auprès de 120 000 citoyens », explique Florian Breton. MiiMOSA a également obtenu un agrément de l’autorité des marchés financiers qui lui offre la possibilité de proposer des outils de financement afin d’accompagner la transition des plus grandes structures.

Le fondateur ajoute : « Nous avons également développé notre écosystème de partenaires, en renforçant nos liens avec l’ensemble des structures d’accompagnement du monde agricole, et en accompagnant des acteurs agro-industriels, tels que Carrefour, Danone, D’Aucy ou Herta, dans la transition de leurs modèles vers une agriculture durable. » Aujourd’hui, MiiMOSA compte 21 salariés : « Nous avons des business developers, des développeurs, des ingénieurs, des analystes financiers, détaille Florian Breton. Tous ne sont pas issus du monde agricole, mais ils partagent une passion commune pour ce domaine. » Aujourd’hui présent en France et en Belgique, MiiMOSA se place comme le leader du financement participatif au service de l’agriculture et de l’alimentation. En début d’année, MiiMOSA transition a vu le jour afin d’accompagner la transition agricole, alimentaire et énergétique. Outre son développement à l’international, MiiMOSA souhaite d’ici trois à quatre ans, avec MiiMOSA transition, apporter une centaine de millions d’euros à la transition agricole, alimentaire et énergétique.