À l'heure du choix : Bilan professionnel ou bilan de compétences ?

À l'heure du choix : Bilan professionnel ou bilan de compétences ?

La dernière réforme de la formation professionnelle a simplifié les demandes en bilan de compétences. Cet outil reste un levier fort dans une carrière, tout comme le bilan professionnel, autre service exclusif de l’APECITA.
Zoom sur ces dispositifs.

Suite à la nouvelle réforme de la formation professionnelle mise en application depuis janvier 2020, certaines procédures sont simplifiées, et c’est le cas du bilan de compétences. En effet, certaines contraintes ont été levées pour toute personne active du secteur privé (salarié, demandeur d’emploi) qui demande à bénéficier de ce dispositif. Par exemple, le financement est accordé sans tenir compte du délai entre deux demandes, qui auparavant était de cinq ans. Autre simplification, un salarié peut engager la démarche s’il est en poste depuis moins de deux ans. Cependant, la durée maximale à la réalisation du bilan (de 24 heures répartie sur plusieurs mois), qui était jusqu’alors conseillée, est désormais inscrite dans la loi. Le bilan de compétences est toujours éligible au compte personnel de formation mis en place depuis 2015. Pour des personnes sans emploi et dont le dernier employeur a cotisé à Agrica, l’APECITA propose aussi un bilan dit « professionnel ». Selon Anne-Sophie Clair de l’APECITA, ce dernier s’effectue sur une durée de douze heures en moyenne : « Il demande moins de temps qu’un bilan de compétences », spécifie-t-elle. Pourtant les objectifs des deux bilans sont strictement les mêmes. Ils s’adressent à des personnes désorientées dans leur vie professionnelle ou qui souhaitent faire le point sur leurs compétences.

Les organismes devront être certifiés

« Les candidats qui effectuent un bilan professionnel sont issus du monde agricole et souhaitent en général rester dans ce secteur, précise Anne-Sophie Clair. Ils se posent des questions, par exemple, sur leur relation au travail, sur leur capacité à travailler dans un métier qui ne leur convient pas. » Enfin, un dernier changement est inscrit dans la nouvelle loi de formation professionnelle qui impacte directement la réalisation de ces bilans: l’organisme en charge de ces prestations devra être certifié à partir de janvier 2022. En dehors de cette démarche certifiante, les prestations de formation ne pourront pas être financées par les ressources mutualisées par le compte personnel de formation, notamment pour les entreprises de moins 50 salariés. Comme d’autres structures, l’APECITA est en cours de certification. « Nous sommes en train d’adapter notre cahier des charges, relève Olivier Gloker, Chargé de mission. Cette certification sera le garant de la qualité de nos prestations. »

Cumuler les dispositifs existants

Enfin, il est aujourd’hui plus facile d’articuler ces bilans avec le conseil en évolution professionnel (voir ci-dessous) en raison des démarches facilitées. Comme le bilan de compétences, il est question de définir les besoins du salarié puis d’analyser ses différentes possibilités professionnelles, ses compétences ou ses connaissances, ainsi que ses aspirations, et de mettre en place les mesures nécessaires à son évolution professionnelle. À la différence du bilan de compétences, le CEP n’engage pas la personne à réaliser toutes les étapes.

— Marie-Dominique GUIHARD (Tribune Verte 2935)

En savoir plus : MONCOMPTEFORMATION : LES GRANDES ÉTAPES

  • Je m’inscris et/ou je me connecte sur www.moncompteformation.gouv.fr ou grâce à l’application sur Smartphone.
  • J’identifie mon prestataire en fonction de mon secteur géographique (par exemple, tapez APECITA dans la barre de recherche).
  • Je peux contacter deux ou trois organismes différents pour trouver le conseiller qui répondra le mieux à mes attentes et avec qui je pourrai établir une relation de confiance.
  •  Je choisis mon prestataire et je fais ma demande en ligne sur MonCompteFormation en cliquant sur l’onglet s’inscrire à cette formation.
  • J’obtiens un retour sous 48 heures.
  • Je valide mon dossier avec l’organisme que j’ai choisi.
  • Je suis contacté par mon prestataire pour organiser mon bilan de compétences.
    N.B : la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel prévoit une obligation de certification, par un organisme tiers, des organismes réalisant des actions concourant au développement des compétences s’ils veulent bénéficier de fonds publics ou mutualisés. En tant que prestataire de bilans de compétences et organisme de formation, l’APECITA est actuellement en train de réaliser toutes les démarches pour être certifiée Qualiopi d’ici le 1er janvier 2022.

Tout savoir sur…COMMENT FINANCER MON BILAN DE COMPÉTENCES ?

Je suis salarié du secteur privé ou public, je peux financer mon bilan de compétences :

  • avec mon compte personnel de formation (CPF) ;
  • avec le plan de formation de mon entreprise ;
  • avec mon propre budget.

Je suis travailleur indépendant (agriculteur, chef d’entreprise…), je peux financer mon bilan de compétences :

  • avec mon compte personnel de formation (CPF) ;
  • avec les chambres consulaires ou Vivéa ;
  • avec mon propre budget.

Je suis demandeur d’emploi, je peux financer mon bilan de compétences :

  • avec mon compte personnel de formation (CPF) ;
  • avec l’aide individuelle de formation (AIF) ;
  • avec mon propre budget.

Témoignage

Thubault CHEVAILLER a dépassé ses limites

À la suite d’un plan social, Thibault Chevailler, 28 ans, technicien génétique dans une coopérative d’insémination pour bovins, en profite pour réaliser un bilan professionnel : « J’ai réalisé ce bilan dans des conditions optimales, se rappelle-t-il. Au chômage mais motivé, j’ai rencontré une conseillère APECITA très compétente qui donnait des conseils et qui prenait en compte ma vie personnelle. J’ai ainsi pu reconnaître mes points forts : de la rigueur, un sens du relationnel et le goût de la technique, tout en dépassant mes points faibles. Je ne me sentais pas capable d’oeuvrer hors de mon champ de compétences qui était la génétique animale. En réalisant ce bilan, j’ai dépassé cette vision trop fermée. J’ai répondu à deux offres et envoyé trois candidatures spontanées dans des domaines dans lesquels je n’aurais jamais osé me positionner auparavant. » Aujourd’hui, Thibault Chevailler est responsable grand compte du secteur Grand-Est pour MSD Santé Animale.

Témoignage

Jérôme SCHMIT a repris confiance en lui

Jérôme Schmit a multiplié les emplois (gardien de flamants roses, animateur dans un conservatoire naturel, dans une association de réinsertion professionnelle, formateur dans un CFA…) avant de s’installer, en 2001, en tant qu’arboriculteur, l’une de ses passions acquises lors d’un stage en BTS. Lauréat du Prix national de la vocation octroyé par la fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour son projet d’installation, il démarre avec de nombreux atouts. Ce trophée lui ouvre les portes d’un réseau très actif, dont il est devenu acteur aujourd’hui. Sur cinq hectares et durant une vingtaine d’années, il cultive seize hectares de pomme qu’il vend en circuits courts auprès de 3 000 clients. Toujours passionné, il crée un drive fermier, s’implique dans l’association les Vergers écoresponsables et ne compte pas les nombreuses animations qu’il effectue dans les écoles et dans les magasins pour promouvoir la pomme. Toutefois, la vie n’est pas un long fleuve tranquille… La grêle et le gel des premières années n’assurent pas un démarrage serein. Le gel à 90 % de 2017, la mauvaise conjoncture agricole qui rend les banquiers frileux et un ennui de santé à 48 ans remettent en question la pérennité de l’entreprise. Grâce à la cellule pour agriculteurs en difficulté mise en place par la MSA, il décide d’arrêter la production de pomme.

Des batteries de tests efficaces
« Le bilan de compétences s’est donc imposé à moi, précise Jérôme Schmit. L’inconnu me faisait peur, et après deux décennies à produire des pommes, je ne savais plus la valeur que je pouvais représenter sur le marché du travail. Une chose était sûre : je voulais changer radicalement d’orientation et ne plus m’impliquer dans la production. » L’ancien producteur effectue, comme tout candidat au bilan de compétences, une batterie de tests. « Le test de personnalité, explique Jérôme Schmit, m’a révélé une rupture dans ma vie. Les courbes de mes activités personnelles et  professionnelles évaluées dans le temps, qui étaient toujours très liées, se sont percutées. Le test de positionnement sur les valeurs, qui est composé d’une centaine de questions, paraît anodin, mais c’est en réalité une analyse psychologique de notre personnalité. Il a contribué à mettre en évidence, par exemple, ma capacité d’adaptation, ma force de caractère et mon côté optimiste. » En dix mois, Jérôme Schmit a géré la fin de son activité et a retrouvé un travail. Aujourd’hui chargé de mission en développement économique et en projet pour un syndicat agricole, il anime un groupe d’agriculteurs et met à profit toute son expérience professionnelle accumulée : « Je n’ai pas l’impression de travailler », conclut-il.

Témoignage

Un guichet unique en région

Un bilan de compétences peut être mis en place avant ou après un conseil en évolution professionnelle (CEP). Ce service, gratuit et accessible à tous les actifs, s’avère, lui aussi, facilité par la nouvelle loi de la formation continue. En plus des opérateurs nationaux (Pôle emploi, Apec, Cap emploi, Mission locale), le CEP peut être délivré par des opérateurs régionaux1 financés et sélectionnés par France compétences. En région, un seul opérateur est mandaté afin de piloter et d’assurer le service pour des actifs occupés du secteur privé uniquement. « Le bilan de compétences et le CEP se complètent, affirme Fatène Salhi, directrice projet conseil en évolution professionnelle de Bourgogne - Franche-Comté. Le CEP peut bénéficier aux actifs autant de fois qu’ils le souhaitent et selon des modalités adaptées. Le bilan de compétences peut prendre le relais pour engager une réflexion plus approfondie sur les aptitudes, sur les compétences, sur les centres d’intérêt et pour accompagner la formalisation ou la mise en oeuvre du projet. À la différence du CEP, le bilan de compétences est une prestation payante dispensée par plusieurs organismes privés. »

(1) Les CIBC en Auvergne - Rhône-Alpes, en Nouvelle-Aquitaine, en Occitanie, en Provence - Alpes - Côte d’Azur, en Bourgogne - Franche-Comté, en Guadeloupe et à Mayotte ; Tingari en Île-de-France, dans les Hauts-de-France et en Centre - Val de Loire ; Catalys en Pays de la Loire, en Normandie et en Bretagne ; la CCI de Meurthe-et-Moselle dans le Grand-Est ; Aksis en Martinique ; BGE Guyane en Guyane ; Retravailler à l’île de la Réunion et Anthea RH conseils en Corse.