Action de formation en situation de travail : Transformer l'expérience en compétences

Action de formation en situation de travail : Transformer l'expérience en compétences

La mise en place d’une action de formation en situation de travail (Afest) est aujourd’hui reconnue par la réglementation. Elle offre notamment l’opportunité aux salariés des TPE/PME de développer des compétences qu’ils auraient pu difficilement acquérir à l’extérieur.

L’action de formation en situation de travail (Afest) existe depuis longtemps, mais elle était alors réalisée de manière informelle, entre un salarié et un formateur salarié de l’entreprise. Avec l’entrée en vigueur de la loi du 5 septembre 2018 pour la Liberté de choisir son avenir professionnel et du décret du 28 décembre 2018, ce mode de formation est désormais reconnu légalement. « Cette reconnaissance rend également possible une prise en charge financière, puisque l’Afest permet désormais d’accéder aux financements publics et mutualisés », explique Centre Inffo1.

Consolider les apprentissages

Comment cela fonctionne-t-il ? Le salarié est pris en charge par un formateur interne ou externe à l’entreprise. L’Afest alterne entre des phases de mise en situation de travail et d’autres dites « réflexives ». Le décret spécifie que ces dernières sont « destinées à utiliser à des fins pédagogiques les enseignements tirés de la situation de travail, qui permettent d’observer et d’analyser les écarts entre les attendus, les réalisations et les acquis de chaque mise en situation afin de consolider et d’expliciter les apprentissages ». D’après la synthèse de l’expérimentation Afest2, l’existence de ces deux séquences contribue à ce que l’apprenant transforme l’expérience en compétences. À qui s’adresse l’Afest ? Selon la même source, ce dispositif peut être implanté « dans des configurations productives et des métiers variés, et s’inscrire dans une palette large d’activités (industrielles, de back comme de front office) ». Ce mode de formation semble plus particulièrement adapté aux salariés des TPE/PME. En effet, ces derniers n’accèdent que peu aux stages, qui sont pourtant « la formule dominante de la formation continue en France » et, en parallèle, « peuvent prendre part à de nombreuses situations d’apprentissage sur le tas, qui, faute de formalisation, ne sont pas toujours efficaces, ni éligibles aux fonds mutualisés ». En outre, certaines compétences ne peuvent s’acquérir qu’en situation et ne sont pas disponibles sur le marché – il n’existe pas de formation adaptée. C’est notamment pour cette raison qu’un projet a été mené dans le cadre de l’expérimentation Afest, par le Fafsea3 et par quatre zoos TPE. Des soigneurs ont été formés pour l’accueil de nouvelles espèces animales de faune sauvage dans un autre zoo d’accueil. « Dans les grands zoos, les pratiques d’apprentissage en immersion existent et sont réputées efficaces, mais cette méthodologie de transfert de compétences s’avère plus compliquée dans les zoos TPE », indiquent les rédacteurs du rapport final de l’expérimentation Afest. En guise de bilan, ils démontrent l’efficacité de l’Afest, avec un « gain significatif de compétences pour les parties prenantes de l’expérimentation », dont les formateurs Afest. Cette réussite est toutefois conditionnée par un travail d’ingénierie (organisation, mobilisation des acteurs…), et, en amont, d’un questionnement sur l’opportunité, sur la faisabilité et sur la pertinence d’une Afest : est-ce le meilleur mode de formation pour acquérir la compétence recherchée ? Y a-t-il un engagement de l’équipe managériale ? L’Afest prend-elle en compte les contraintes de l’entreprise ? Le choix du formateur est-il adapté ?

—— Caroline EVEN (Tribune Verte 2931)
(1) Centre pour le développement de l’information sur la
formation permanente.
(2) Expérimentation (novembre 2015-juin 2018) lancée
par la DGEFP (Délégation générale à l’emploi et à la
formation professionnelle) du ministère du Travail dans
l’optique de caractériser les contours et les conditions
d’installation de l’Afest.
(3) Fonds national assurance formation des salariés
des exploitations et des entreprises agricoles (devenu
Ocapiat en avril 2019).