Agriodor : Une start-up spécialisée dans le biocontrôle

Agriodor : Une start-up spécialisée dans le biocontrôle

Grâce à sa solution de biocontrôle contre les ravageurs, Agriodor crée des parfums à base de kairomones qui remplacent les insecticides par des méthodes de piégeage respectueuses de l’environnement.

La création de la start-up Agriodor, en 2019, fait suite à des recherches de l’Inrae dans le domaine de la relation insectes/plantes, notamment par le biais de l’odeur. Ené Leppik, fondatrice de la startup, a travaillé sur le sujet durant cinq ans au sein de l’institut avant de lancer son entreprise. La spécialité d’Agriodor est donc de travailler l’odeur afin de modifier les comportements des insectes ravageurs sur les cultures. Le premier produit de cette jeune société est une solution de biocontrôle contre la bruche de la féverole.

Déployer le modèle

« Nous avons développé un mélange de kairomones (odeurs dégagées par la féverole) et sélectionné certaines molécules, en retenant celles qui attirent le ravageur. De là, nous avons créé un super-attractif que l’on associe à des pièges dans le champ. La bruche est ensuite attirée dans ces pièges et tuée afin de limiter sa population, explique Camille Delpoux, directrice du développement chez Agriodor. Nous avons aussi dérivé cet attractif sur la bruche de la lentille et sur la bruche du pois. Bien qu’il s’agisse de deux espèces différentes, elles possèdent le même comportement écologique. À partir de 2021, nous allons passer en phase de test grandeur nature pour ces cultures. » L’objectif de la start-up dans le futur est d’appliquer ce modèle de recherche pour travailler l’odeur sur d’autres couples ravageurs/cultures. Elle souhaite proposer un panel assez large et ne pas se spécialiser dans une production spécifique, une manière de se sécuriser face à la fluctuation des surfaces de certaines cultures. « Nous avons des projets en cours sur les altises du colza et du lin. Ces cultures ont, aujourd’hui, un potentiel plus important, précise la directrice du développement. Le principe serait le même que pour la bruche, mais nous souhaitons étendre l’expertise sur les odeurs. Actuellement, nous disposons d’un attractif, et demain, nous envisageons de jouer entre attractif, répulsif et confusion d’odeur. Le but est de trouver la stratégie la plus adaptée au comportement du ravageur et à la culture. En parallèle, nous étudions des approches qui intègrent du service, comme la mise en place de pièges, afin de faciliter l’accès à la solution pour les agriculteurs. Il faut pouvoir accompagner les exploitants dans cette transition vers le biocontrôle. » Cette année, la start-up a couvert 358 hectares avec des pièges et a travaillé avec onze distributeurs partenaires (coopératives, négoces et semenciers). L’objectif était de valider les chiffres de 2019 en situation « agriculteur ». La commercialisation est donc prévue pour 2021. D’ici un an, Agriodor envisage également de se développer à l’international et d’avancer sur ses projets concernant les altises du colza et du lin.

—— Willy DESCHAMPS (Tribune Verte 2949)

Accompagnement : RENFORCER L’ÉQUIPE R&D AVEC DES CHERCHEURS CHEFS DE PROJET

Agriodor a été créée en janvier 2019. Son équipe se compose de huit personnes : un président, une directrice R & D, une directrice développement, une personne pour la communication, et quatre ingénieurs. À l’avenir, la start-up souhaite renforcer son équipe R & D pour accompagner le développement de ses futurs projets, en particulier sur d’autres associations ravageurs/cultures. Pour l’instant, difficile de connaître les effectifs à venir, car le nombre de projets R & D qui sortira conditionnera celui des embauches.