Agronomes, ils tirent avantage de leur cursus en politique

Agronomes, ils tirent avantage de leur cursus en politique

Mani Cambefort et Romain Duneau, tous les deux ingénieurs agronomes, se sont engagés en politique. Leur parcours leur donne des avantages certains.

Le diplôme d’ingénieur agronome peut mener à des parcours très variés. Par exemple, Mani Cambefort et Romain Duneau ont choisi de s’investir en politique. Tous les deux disent puiser dans leur formation à VetAgro Sup afin de mener à bien leur projet.

La politique comme fil conducteur

Mani Cambefort, chargé de mission dans le Va de Loire nivernais et élu socialiste à la mairie d’Auxerre, va prendre bientôt la direction de cette structure. « En intégrant VetAgro Sup, je pensais déjà m’investir dans le développement territorial. Et peu à peu, mon projet s’est précisé, affirme-t-il. Depuis mon diplôme obtenu en 2015, j’ai toujours travaillé dans des structures intercommunales et de pays. D’abord, dans l’Yonne, dans le cadre d’un Scot (schéma de cohérence territoriale), puis dans l’Eure, et désormais dans la Nièvre, où je suis actuellement animateur du programme européen Leader¹. » Dans le cadre de son métier, il cherche à dynamiser le territoire : « Cela peut passer par le soutien à l’activité d’un abattoir ou encore par l’aide au développement d’une activité d’agrotourisme pour une exploitation porcine », illustre Mani Cambefort, qui s’est investi très tôt en politique. Il estime que sa formation lui est utile dans le cadre de sa fonction d’élu. « Je peux appréhender plus facilement les problématiques de mon territoire et mieux prendre en compte les inerties et les pas de temps très longs qui existent dans les collectivités locales. » En tant qu’agronome, il est en contact avec des élus qui ne sont pas forcément au fait de l’agriculture et de ses problématiques : « Certains en sont conscients, d’autres un peu moins », relève-t-il. Romain Dureau, diplômé 2017 de VetAgro Sup, prépare un doctorat sur la gestion des risques des ravageurs dans les prairies tout en enseignant dans l’école. Il participe aussi à la vie politique en restant proche du parti La France insoumise. Cet engagement, il l’a acquis très tôt, dans le sillage de sa mère syndicaliste au sein de l’enseignement. « Le choix d’une école est toujours difficile, se rappellet-il. J’appréciais les sujets sur l’alimentation, sur l’environnement et sur la biologie avec le projet initial non abandonné de m’installer en agriculture. » Ses engagements politiques portent sur ces mêmes thèmes. Sa formation lui est donc salutaire : « Mes connaissances ainsi que mes travaux de recherche donnent plus de pertinence à mon combat, note-t-il. J’ai d’ailleurs une approche plus concrète que de nombreux politiques qui ne voient pas toujours la complexité du monde agricole. »

—— Marie-Dominique GUIHARD (Tribune 2947)
(1) Le programme « Liaison entre actions de développement de l’économie rurale » finance des actions locales dans les territoires ruraux.

Évolution : L’AGRICULTURE DE DEMAIN DOIT CHANGER

Les deux engagés en politique Mani Cambefort et Romain Dureau espèrent un changement pour l’agriculture. « D’une part, les agriculteurs doivent s’adapter aux exigences des consommateurs qui sont de plus en plus fortes en matière de traçabilité, de modes de production plus durables, de bien-être animal. D‘autre part, ils doivent prendre en compte le changement climatique qui bouleverse les pratiques », affirme Mani Cambefort. Quant à Romain Dureau, il souhaite que la souveraineté alimentaire soit réaffirmée : « Il est essentiel que les agriculteurs produisent durablement. Je constate que les choses bougent, parfois plus par opportunité économique que par conviction. Mais il faut laisser du temps aux personnes pour s’approprier cette évolution et une volonté politique pour réunir les protagonistes, pour transformer les intentions en acte. »