Benjamin Trouslard, installé en hors cadre familial à Chécy (45) « L’adaptabilité et la détermination comme facteurs de réussite »

Benjamin Trouslard, installé en hors cadre familial à Chécy (45) « L’adaptabilité et la détermination comme facteurs de réussite »

Benjamin Trouslard est maraîcher bio à Chécy, dans la métropole d’Orléans. Depuis 2016, il fait revivre la tradition de vente de légumes qui s’était perdue au fil des ans et que les élus de la commune ont souhaité remettre au goût du jour.
Retour sur son parcours d’installation tout au long duquel il a su faire rimer détermination avec remise en question.

La passion du végétal, Benjamin Trouslard l’a depuis son plus jeune âge. « Petit, je voulais être jardinier. Mais après un BEP vente de produits horticoles et un bac pro travaux paysagers, je me suis rendu compte que ce n’était pas forcément ma voie. Mon goût pour la nature et mon envie de le transmettre restant intacts, je me suis tourné vers un BTSA gestion et protection de la nature (GPN) spécialisé en animation. À cette époque, j’avais envie de créer un potager pédagogique, mais l’un de mes enseignants m’a vivement encouragé à construire mon projet pour qu’il soit économiquement viable. »

Anticiper la question du financement

Au fur et à mesure de ses réflexions, Benjamin Trouslard décide donc de mettre, dans un premier temps, l’activité de production, et plus exactement de maraîchage bio, au coeur de son projet. En vue d’une future installation, il complète sa formation par un BPREA1. « Ensuite, j’ai choisi de travailler chez différents maraîchers bio en afin de me faire la main et, surtout, de découvrir différentes techniques. C’est à ce moment-là que, pour la première fois, je me suis senti à ma place et que je me suis dit que j’avais quelque chose à construire. Cela m’a donné des ailes pour avancer sur mon projet d’installation ! » En parallèle de son activité salarié, il se lance alors dans la recherche de terres à exploiter. « J’y suis parfois allé au culot, en contactant directement des exploitants dont je voyais certaines parcelles en jachère pour savoir s’ils accepteraient de me les louer, explique-t-il. J’ai également démarché des communes pour leur présenter mon projet. » Finalement, c’est une offre diffusée sur le répertoire départ-installation de la chambre d’agriculture du Loiret qui attire son attention. En effet, la commune de Chécy, qui a créé une zone agricole protégée, souhaite y voir s’installer un agriculteur. « En mai 2015, j’ai pu présenter mon projet aux élus de la commune. Je crois que ma détermination a joué en ma faveur, ainsi que la vision à long terme de mon projet que je leur ai exposée. Nous nous sommes aussi retrouvés sur des attentes communes comme la volonté de développer la vente directe qui avait disparu de la commune alors qu’elle en avait longtemps été une des traditions. » En moins de deux semaines, Benjamin Trouslard se voit confirmer que son projet a été préféré à celui d’un autre candidat à l’installation. Aussitôt, les choses s’accélèrent puisqu’il ne lui reste plus que quelques mois pour peaufiner son plan d’entreprise, pour réaliser son stage 21 heures et surtout pour financer son projet. Sur ce dernier point, Benjamin Trouslard a opté pour une stratégie payante, celle de solliciter des banques dès le début de sa réflexion. « Je n’ai pas attendu de trouver des terres pour réfléchir aux investissements. Cela m’a permis de me familiariser avec les démarches bancaires et de savoir jusqu’à quelle hauteur j’étais finançable. En plus, je n’avais pas d’apport personnel. »

95 % des produits vendus en direct

Près de quatre ans après son installation, Benjamin Trouslard est aujourd’hui à la tête d’une exploitation de 4,7 ha, dont 1 350 m² de serres froides et 1 ha de cultures en plein champ. Il a fait construire un bâtiment de 180 m² qui abrite notamment le magasin de vente. « J’ai la chance d’être situé le long d’un axe où passent quotidiennement 7 000 véhicules », souligne-t-il. Ce magasin, et sa présence sur le marché de Chécy, lui permet d’écouler 95 % de sa production en direct. Et le jeune homme, qui s’est pour le moment concentré sur l’activité de production, n’en a pas pour autant oublié son idée première. « Je réfléchis toujours à développer une activité pédagogique. Il se peut qu’elle se transforme plutôt en projet culturel qui correspondrait plus aux attentes de la population. Il faut savoir se remettre en question et s’adapter. C’est selon moi l’une des qualités premières que doit avoir un agriculteur, qui plus est en maraîchage bio ! Et surtout, croire en soi et en ce qu’on fait ! »

—— Aude BRESSOLIER (Tribune Verte 2927)
(1) Brevet professionnel responsable d’exploitation agricole.