Caroline Guinot Responsable commission enjeux sociétaux à Interbev « Le dialogue avec les ONG s’avère payant »

Caroline Guinot Responsable commission enjeux sociétaux à Interbev « Le dialogue avec les ONG s’avère payant »

L’interprofession bétail et viande, qui représente les professionnels de la production et de la transformation des ruminants, vient d’obtenir le label « engagé RSE¹ » de niveau 3 sur 4. Caroline Guinot, responsable commission enjeux sociétaux à Interbev, nous en dit davantage sur cet engagement qui concerne l’ensemble des sujets sociétaux touchant la filière.

Pourquoi la filière s’est-elle engagée dans la démarche RSE ?
Caroline Guinot : Les professionnels de la viande sont fréquemment questionnés sur l’impact environnemental de la production de viande, sur sa qualité nutritionnelle, sur sa place dans l’alimentation, sur le bien-être animal et sur la protection des animaux. Aussi, il y a déjà dix ans, Interbev a entamé une réflexion sur ces sujets. Cette dernière s’est matérialisée en 2013 par une concertation avec les ONG de protection de l’environnement. Nous avons ouvert le dialogue, et avons réalisé un état des lieux avec certaines associations, comme WWF ou Green Cross. En parallèle, Interbev a lancé des programmes d’amélioration des pratiques, comme Life Beef Carbone qui vise à diminuer de 15 % l’empreinte carbone de la viande bovine en France. Ce cheminement a prévalu aussi pour les autres sujets sociétaux que je viens de citer. La filière a ensuite souhaité structurer la démarche selon un référentiel connu. La norme Iso 26 000 nous est apparue correspondre parfaitement à nos attentes.

Quels sont les prochains défis à relever ?
C. G. : Les dialogues avec tous les acteurs de la filière et les parties prenantes ont permis de dégager quatre principaux défis auxquels la filière est confrontée : la préservation de l’environnement, le bien-être, la protection et la santé des animaux, la juste rémunération des acteurs de la filière et l’attractivité des métiers, et l’alimentation de qualité, raisonnée et durable.

Comment engagez-vous le dialogue avec certains consommateurs qui n’hésitent pas à décrier la filière ?
C. G. : La concertation mise en place avec les ONG a ouvert un dialogue constructif. Aujourd’hui, elles n’hésitent pas à défendre un élevage français familial qui utilise une large part d’herbe dans l’alimentation des animaux, et elles voient l’intérêt de préserver ce modèle. Aussi, les engagements se construisent ensemble :  comment réduire les gaz à effets de serre ? Comment améliorer les conditions d’abattage et de transport des animaux ? L’outil Cap2ER, mis en place par l’Institut de l’élevage pour évaluer la durabilité des exploitations d’élevage de ruminants, a servi de base à des discussions. Certaines ONG s’inspirent de nos travaux pour communiquer. Leur recommandation de « consommer moins mais mieux » reconnaît ainsi la qualité de la production bovine et ovine française.

La filière va jusqu’à agir en commun avec les ONG…
C. G. : Oui, et cela aurait été impensable il y a dix ans. Ensemble, nous avons mené une démarche pour contester les accords de libre échange Ceta et Mercosur, et pour défendre la qualité de la viande française.

Qu’est-ce qui a changé dans votre rapport avec les ONG ?
C. G. : Avant, lorsque les ONG nous interpellaient sur l’impact des rejets des gaz à effets de serre produits par la production de viande bovine, nous étions sur la défensive et nous répondions que notre filière stockait également du carbone dans les sols grâce aux prairies. Aujourd’hui, nous bâtissons ensemble notre stratégie RSE pour produire une viande française toujours plus durable.

—— Propos recueillis par Marie-Dominique GUIHARD (Tribune Verte 2949)
(1) Responsabilité sociétale des entreprises. Interbev est la seule filière de l’agroalimentaire à avoir été labellisée par l’Afnor.