Chambres d’agriculture : Les soft skills interviennent pour les fonctions transversales

Chambres d’agriculture : Les soft skills interviennent pour les fonctions transversales

Bien qu’on aurait pu croire à la prédominance des compétences techniques, les soft skills intègrent aussi les critères de recrutement des chambres d’agriculture. Valérie Morland, responsable du développement humain à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire explique leur place et leur importance dans les recrutements récents et à venir.

Les métiers d’une chambre d’agriculture s’exercent avec et pour des agriculteurs. La mission consiste à les aider à relever des enjeux de performance économique, sociale et environnementale.

Dans ces domaines où la compétence technique s’avère souvent primordiale, les soft skills s’invitent de plus en plus dans les recrutements, même si « ce n’est pas possible pour tous les métiers, signale Valérie Morland, responsable du développement humain. Les soft skills sont moins utilisées pour les fonctions de vente, d’exécution de prestation et de conseil auprès des agriculteurs. Dans ces professions, la compétence technique reste décisive ».

Les soft skills sont davantage acceptées pour des fonctions transversales, comme les assistants ou les managers. « Dans ces missions, la connaissance du monde agricole s’avère secondaire et les savoir-être prennent le dessus, poursuit Valérie Morland. Ces profils peuvent par la suite s’approprier les techniques spécifiques ».

« Apprendre la technique peut se faire ensuite »

Ce sont d’ailleurs les soft skills qui ont permis l’embauche de Margaux Perrin comme responsable du service élevage. « Elle a travaillé auparavant dans le secteur industriel. Ses savoir-être et ses capacités cognitives nous ont convaincu », indique Valérie Morland.

Pourquoi cet intérêt pour les soft skills ? « C’est plus facile d’acquérir la connaissance technique que de développer des savoir-être », confie la responsable du développement humain. Elle-même provient d’un autre secteur : la grande distribution, « avec des recrutements souvent basés sur les soft skills ». Cette expérience la pousse à « préférer quelqu’un de curieux, positif et dynamique à une personne qui maîtrise les compétences techniques. C’est une vraie philosophie de travail, assume Valérie Morland. Pour certains postes disponibles, il est parfois plus simple de positionner quelqu’un en interne, qui est organisé, motivé, avec une vision, qui sait fédérer et communiquer autour de lui. Apprendre la technique peut se faire ensuite ».

Reste à définir précisément les soft skills associées à chaque poste. « La tâche est souvent compliquée, car il y a une part d’incertitudes. Ma fonction permet d’accompagner les managers dans cette phase délicate, décrit-elle. La période probatoire permet de vérifier si les savoir-être repérés lors de la sélection collent à la mission. »

Les mentalités évoluent peu à peu. Les managers qui préféraient souvent appuyer leur choix sur les compétences techniques s’intéressent aux soft skills. « L’idéal, c’est qu’ils soient convaincus de l’intérêt des savoir-être, remarque la responsable du développement humain. Car les recrutements sont parfois difficiles à concrétiser ; le conseil technique aux agriculteurs demeure un métier exigeant. »

— Frédéric RENAUD (Tribune Verte 2990)

Témoignage : MARGAUX PERRIN, NOUVELLE RESPONSABLE DU SERVICE ÉLEVAGE

Depuis l’automne 2021, Margaux Perrin est la nouvelle responsable du service élevage de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire

Comment s’est passé le recrutement ?
Margaux Perrin : Avec une offre d’emploi axée sur le management, l’entretien portait surtout sur ce sujet et sur la conduite de projets. J’ai donc expliqué ma force principale : savoir m’appuyer sur l’expertise de mes collaborateurs. J’ai aussi montré mes connaissances tout en précisant mes limites sur les compétences techniques, absentes de mon CV.

Et la prise de poste ?
M. P. : D’abord, un parcours de formation, à distance avec l’Apca, m’a permis de comprendre la particularité d’une chambre d’agriculture, ainsi que son écosystème. Ensuite, j’ai pris du temps pour rencontrer les collaborateurs et obtenir une vue d’ensemble sur leur métier et leur méthode. Enfin, avec les élus et le directeur, j’ai rencontré les partenaires institutionnels et techniques, pour m’imprégner de mon rôle de représentation.