Circuit court : Ces producteurs à l'écoute des consommateurs

Circuit court : Ces producteurs à l'écoute des consommateurs

L’attention des consommateurs se focalise de plus en plus sur l’origine et sur le lieu de fabrication des produits qu’ils consomment. Les producteurs l’ont bien compris et sont de plus nombreux à proposer une réponse adaptée à ces nouvelles attentes. Distributeurs à la ferme, magasins de producteurs ou encore drive fermier permettent aujourd’hui de trouver une offre suffisante et groupée de produits locaux en direct du producteur au consommateur.
Zoom sur ces différentes initiatives.

Guillaume Sinard, chargé de mission à la chambre d’agriculture du Vaucluse et animateur de l’association « En direct de nos fermes »
« LE DRIVE FERMIER, UN SERVICE SIMPLE ET INNOVANT,
EN DIRECT DU PRODUCTEUR AU CONSOMMATEUR »

« Permettre au plus grand nombre de consommateurs d’accéder à des produits agricoles locaux de qualité vendus directement par des producteurs est, depuis de nombreuses années, l’une des ambitions fortes de la chambre d’agriculture du Vaucluse. C’est ainsi qu’elle a entrepris le projet En direct de nos fermes. Ce dernier a démarré par le lancement d’une réflexion sur de nouvelles pratiques de commercialisation en circuits courts permettant de s’adapter à l’évolution de la demande des consommateurs urbains et de la restauration collective.

L’association En direct de nos fermes, composée d’une vingtaine de producteurs, a donc été créée pour mettre en place une plateforme de regroupement de produits agricoles. Son but est d’alimenter des distributeurs automatiques de produits fermiers, des drives fermiers ainsi que la restauration collective. À ce jour, il existe deux distributeurs automatiques à Avignon, ainsi que deux drives fermiers, dont l’un se situe également à Avignon. Le drive fermier En direct de nos fermes est un site Internet assorti de plusieurs points de retrait où les producteurs proposent leurs produits (des fruits, des légumes, du fromage, des oeufs, de la viande, de la charcuterie, des jus…) provenant de leurs exploitations. Concrètement, les clients se connectent au site www.drive-fermier.fr/endirectdenosfermes, font leur marché et paient en ligne leurs produits. Ensuite, la plateforme regroupe les commandes (pour lesquelles chaque producteur apporte les produits), puis elle prépare les commandes qui sont acheminées collectivement. Les clients peuvent venir récupérer leurs commandes dans les distributeurs automatiques 24h/24h ou se faire livrer à vélo, avec une participation par commande. Le drive fermier offre une réponse aux attentes des consommateurs sur la traçabilité et sur l’origine des produits, ainsi que la transparence sur les systèmes de production sans omettre la richesse des produits proposés. Il propose aussi aux consommateurs une meilleure accessibilité et un confort dans leurs achats. Pour les producteurs, il permet un gain de temps et une réduction de l’astreinte par rapport à d’autres systèmes de vente en circuits courts (point de vente collectif, marché…). »

Thierry Capelle, Ferme de Carabelle (47)
« UN DISTRIBUTEUR, POUR DES PRODUITS FRAIS ET LOCAUX 24/24H »

Sur son exploitation de 35 hectares située en périphérie de Villeneuve-sur-Lot (47), Thierry Capelle produit des fruits à coque (noix, châtaigne, amande) ainsi que de la fraise de pleine terre (variétés Gariguette et Cléry) sous grand tunnel froid (1,5 hectare). En complément de son magasin de vente directe, il a investi dans un distributeur automatique de produits frais. « J’ai créé un magasin de vente directe dès 2000 afin d’écouler prix réduits les fruits et les fraises trop petits et/ou aux formes imparfaites, rejetés par la coopérative. Les ventes, d’abord limitées, ont progressivement augmenté pour exploser il y a environ huit ans. En complément du magasin (qui emploie deux vendeuses en saison), j’ai donc décidé d’investir en 2016 dans un distributeur de produits frais », explique Thierry Capelle. Ouvert 7j/7, le point de vente automatique est composé de 24 casiers et propose aux consommateurs des fraises et des asperges en saison, mais aussi, toute l’année, des noix, des noisettes, des châtaignes, des amandes, ainsi que des confitures maison. Ces produits peuvent être payés en espèces ou en carte bancaire.

« L’appareil permet d’écouler une partie de la production en garantissant ainsi un revenu tout au long de l’année. Il demande moins de disponibilité qu’un magasin attaché à l’exploitation, car l’approvisionnement des produits s’effectue rapidement. Mais, surtout, l’automate offre un confort dans l’acte d’achat pour les consommateurs. Grâce au paiement par carte et à l’accès 24h/24h, les personnes travaillant en horaires décalés, par exemple, peuvent y acheter des produits frais et locaux n’importe quand. » Le distributeur est généralement approvisionné deux à trois fois par jour, toutes les heures le dimanche, jour de plus grande fréquentation, et ce pour garantir la fraîcheur des produits. « La qualité et la fraîcheur constituent des avantages très appréciés par les consommateurs, indique le producteur, qui vend jusqu’à trois tonnes de noix par an grâce à son distributeur. « Je ne reviendrai pas en arrière. Le point de vente automatique répond véritablement aux nouvelles attentes de consommation. »

Philippe Boehmler, président du magasin de producteurs la Nouvelle Douane (Strasbourg)
« RAMENER L’AGRICULTURE DANS LES VILLES »

« Le magasin de producteurs La Nouvelle Douane est né en 2011 de la volonté de l’agglomération de Strasbourg et de la chambre d’agriculture du Bas-Rhin de ramener l’agriculture en ville. » Le point de vente collectif regroupe, dans une boutique de centre-ville, 35 producteurs alsaciens qui proposent le meilleur de leurs exploitations : fruits et légumes, viandes (de boeuf, de volaille, de porc..), poissons, produits laitiers, vin, pain… Ces produits fermiers sont frais, bio ou conventionnels, de saison, et cultivés ou élevés localement. « Les producteurs y vendent en direct leurs produits, au prix qu’ils ont fixé par rapport à leurs coûts de production. Comme sur un marché, les clients viennent à la rencontre de ces producteurs, qui tiennent à tour de rôle (avec l’aide de 12 salariés) cette boutique de 240 m². Le magasin fonctionne bien. Il attire une clientèle qui apprécie surtout la traçabilité, la qualité des produits, la proximité, l’échange avec les producteurs, et cet accueil qu’on ne trouve pas en GMS ! Le client peut discuter, poser des questions et ainsi connaître l’origine et le lieu de fabrication des produits qu’il consomme. Le lien entre le producteur et le consommateur est retrouvé. »

Promus
« MUTUALISER LES LIVRAISONS DE PRODUITS FRAIS ET LOCAUX »

Alors que la demande des consommateurs pour des produits frais et locaux ne cesse de s’accroître, de nombreux producteurs hésitent à commercialiser en circuit court, freinés notamment par les temps de livraison, les distances à parcourir et le coût de la logistique. C’est de ce constat qu’est née l’idée de deux ingénieurs Supply Chain de créer Promus, une start-up qui développe une aide logistique aux producteurs en mettant en place des points de collecte à proximité des exploitations. Le principe ? Après s’être inscrits en ligne, les producteurs déposent leurs produits dans un promusBox (un container transformé) le plus proche. Ces mini-entrepôts connectés, réfrigérés et sécurisés, sont accessibles 24h/24h. Une fois la livraison prise en charge, le producteur n’a plus besoin de s’occuper de ses produits. La start-up assure la sécurité sanitaire des produits en suivant, à distance, la température intérieure ainsi que la traçabilité. « Grâce à son réseau logistique, notre start-up mutualise les livraisons », indique Promus, qui travaille avec des transporteurs partenaires sous contrats. « En concentrant les flux, nous sommes capables de faire baisser la part de la logistique dans le prix des produits en circuit court. » Grâce aux promusBox, l’entreprise estime permettre aux producteurs de diminuer le temps passé à gérer les envois et d’économiser jusqu’à 75% sur le coût de leur logistique, et ce, tout en réduisant l’impact carbone. En une année d’existence, Promus a installé trois points de collecte autonomes dans la région nantaise et à Lyon, et a livré quelque 270 clients. La barre des 10 000 livraisons a été dépassée en janvier dernier.