Comment échapper au blues de la rentrée ?

Comment échapper au blues de la rentrée ?

À l’habituelle perte de motivation du mois de septembre s’ajoute cette année le retour au bureau après des mois de télétravail généralisé. Quelles bonnes pratiques RH mettre en oeuvre pour remobiliser les troupes ? Éléments de réponse.

Le mois de septembre rime souvent avec coup de cafard. Les congés d’été sont déjà un lointain souvenir et le retour au bureau s’accompagne de la reprise de la routine, du stress et parfois de la démotivation. Au-delà de ce phénomène saisonnier, la rentrée 2021 se déroule aussi dans un contexte particulier.

Avec la fin du télétravail généralisé, des collaborateurs ont repris le chemin du bureau, parfois à contrecoeur, après de longs mois confinés à leur domicile. Même s’ils ont souffert d’isolement social, ils ont potentiellement pu trouver leur bonheur et en tout cas un meilleur équilibre vie personnelle.

Les salariés français souhaitent prendre le meilleur des deux mondes. Selon une récente étude de Citrix, ils restent attachés à la vie de bureau et aux moments de partage avec les collègues. Si le choix leur est donné, un tiers opterait pour un répartition équitable entre le bureau et le télétravail. Les employés restent attachés aux interactions sociales, et les trois quarts trouvent important de célébrer des moments festifs au bureau (74 %).

Pour organiser ce mode de travail hybride, les salariés citent en priorité l’aménagement des bureaux. Il s’agit d’équiper les salles de réunion de solutions de visioconférence pour conduire les réunions à distance. En effet, pour près d’un quart des répondants, rien ne changera réellement, si l’environnement de travail s’apparente à celui d’avant la pandémie.

Le second point de vigilance majeur remonté par l’étude de Citrix est la santé mentale des collaborateurs. 44 % des sondés recommandent aux entreprises d’y accorder une attention particulière et fréquente, sous la forme d’échanges, de sondages internes, de la mise en place d’un soutien psychologique et de réunions RH dédiées.

En cette rentrée, les responsables RH se doivent de tenir compte de ces attentes et de placer la remobilisation des collaborateurs au coeur de leurs préoccupations. Auditrice pour Top Employers Institute France, Malvina de Corbier rappelle le principe de la symétrie des attentions. Une entreprise doit porter la même attention à ses employés, que celle qu’elle souhaite qu’ils accordent à ses clients.

L’engagement des collaborateurs

Pour renforcer l’engagement des collaborateurs, l’auditrice avance plusieurs pistes. Il s’agit, selon elle, de capitaliser sur les bonnes pratiques de la collaboration à distance pour organiser des réunions plus productives. Malvina de Corbier plaide, par ailleurs, pour un management bienveillant, à l’écoute des souhaits des collaborateurs. Il revient aussi au manager d’impulser une énergie positive et communicative.

Avec le retour au bureau et après les traumatismes laissés par la pandémie, la qualité de vie au travail (QVT) devient un enjeu de premier ordre. Cette QVT prend des dimensions multiples. Au-delà de la prévention des risques psychosociaux, le bien-être au travail passe aussi par l’ambiance au travail ou par l’aménagement plus «cosy» des locaux. « L’épanouissement des collaborateurs et leur autonomie font aussi partie de la qualité de vie au travail », rappelle Malvina de Corbier.

Enfin, il convient de répondre à la quête de sens. Les périodes de confinement ont été propices à un travail  d’introspection. Souvent, des salariés se sont posé des questions sur l’utilité de leur travail et sur leur place dans la société. Il sera utile de répondre précisément à ces questionnements individuels. Sur le plan collectif, la sortie de crise peut être l’occasion pour une entreprise de réaffirmer ses missions et sa raison d’être.

— Xavier BISEUL (Tribune Verte 2973)

Étude : L’ENGAGEMENT DES COLLABORATEURS, PRIORITÉ DES DRH

Dans le contexte de la crise sanitaire, l’engagement des collaborateurs devient essentiel pour les entreprises. Il est cité par 36 % des DRH qui ont répondu à l’édition 2021 du baromètre des DRH du cabinet Willis Towers Watson. Cette réponse se classe en deuxième position derrière la croissance du chiffre d’affaires.

Concernant les enjeux de RSE, les DRH citent la qualité de vie au travail (86 %), l’égalité professionnelle  femmes/hommes (70 %) et la non-discrimination (57 %). L’organisation du télétravail est un sujet de préoccupation pour près des deux tiers des répondants. Au-delà de la mise en place d’un accord, le télétravail soulève des questions, dont le droit à la déconnexion et l’indemnisation des frais inhérents.

Avis d’expert : « FAIRE DU BUREAU UN LIEU UNIQUE ». Malvina de Corbier, auditrice pour Top Employers Institute France

Quel est le chantier RH prioritaire de la rentrée ?
Malvina de Corbier : Le retour au bureau coïncide avec un nouvel aménagement de l’espace de travail. Le mode du travail hybride associant télétravail et travail en présentiel suppose d’adapter les locaux aux nouveaux usages. Les salles de réunion doivent être équipées d’écrans plus grands et de systèmes audio performants afin d’assurer un confort d’usage pour les échanges en visio entre les collaborateurs en présentiel et ceux à distance. Il faut aussi prévoir des espaces de convivialité, comme des salles de repos, pour favoriser le bien-être au travail.

Certaines entreprises ont décidé de donner plus de personnalité à leur siège social, par la décoration des lieux ou en organisant des expositions d’oeuvres d’art. Il s’agit de faire du bureau un lieu unique avec une identité affirmée. Ces aménagements doivent impliquer les collaborateurs au sein d’équipes projet pluridisciplinaires. Les décisions ne doivent  plus être prises en chambre par le seul comité de direction.

Comment favoriser l’engagement collaborateur ?
M. d. C. : Une entreprise peut organiser des événements festifs pour célébrer le retour au bureau, puis les multiplier tout au long de l’année, sous différentes formes : une pause goûter, un menu exceptionnel au restaurant d’entreprise, etc.

Il s’agit aussi de tirer des enseignements de la crise sanitaire pour améliorer l’organisation du travail, en bannissant déjà les réunions interminables et improductives. De bonnes pratiques ont été introduites avec la généralisation de la visio, sur lesquelles il faut capitaliser, comme la publication d’un ordre du jour et le respect de la durée fixée. À distance, nous sommes plus disciplinés.

Autre enjeu RH : répondre à la quête de sens. Face à l’urgence climatique, les collaborateurs veulent s’investir dans des actions de développement durable. L’entreprise doit communiquer sur ses engagements en matière de RSE. Pour autant, elle ne doit pas tomber dans le «green washing» en se contentant de déclarations de bonnes intentions, mais mettre en avant des actions concrètes. En dématérialisant ses processus, un DRH peut, par exemple, conduire une stratégie « zéro papier ». Enfin, il faut régulièrement sonder le moral des troupes par des enquêtes éclair. Les attentes remontées du terrain doivent être, bien sûr, suivies d’actions.

Quel rôle tient le manager de proximité ?
M. d. C. : Par son écoute active, un manager a un rôle primordial. Il doit prendre en compte les besoins individuels et adapter l’organisation en conséquence, si possible, par exemple en aménageant les heures de travail. Il en va de l’équilibre vie professionnelle – vie privée. De plus en plus d’entreprises institutionnalisent la culture du feed-back, avec des points de suivi réguliers.

Le télétravail durant les périodes de confinement a pu renforcer les liens entre le manager et son équipe, chacun a montré un peu de son intimité. Avec le retour au bureau, le manager peut créer des rituels d’équipe afin de renforcer les relations sociales : se retrouver, par exemple, chaque mardi matin autour d’un café.