Comment réussir son Jobdating

Comment réussir son Jobdating

Lors d’un Job dating, un candidat ne dispose que de quelques minutes pour faire la meilleure impression possible. Objectif : convaincre le recruteur de lui accorder un second entretien, d’embauche cette fois. Quelques conseils pratiques pour emporter la décision…

De sept à quinze minutes pour décrocher un entretien d’embauche en bonne et due forme. Le Job dating, ou speed recruiting, consiste en un bref face-à-face entre un recruteur et un candidat. Objectif : sortir des sentiers battus et du formalisme de la lettre de motivation puis de l’entretien traditionnel. Ce qui compte avant tout, c’est la personnalité du postulant et sa motivation. Une chance pour les profils atypiques. Côté entreprises, le Job dating permet d’approcher des candidats qu’elles n’auraient pas pu rencontrer par la voie classique. Un plus dans le contexte actuel de guerre des talents.

Au Salon Space

Ce rapport gagnant-gagnant explique pourquoi les Job dating prolifèrent depuis une dizaine d’années. Au dernier Space (Salon international de l’élevage, sur l’espace emploi formation) qui s’est tenu mi-septembre, l’APECITA organisait sur son stand une opération de Job dating pour la septième édition. Plus de 300 entretiens ont été conduits avec, côté candidats, une population de bac+2 à bac+5 et notamment des conseillers commerciaux et des ingénieurs. « Selon la dernière enquête que nous avons menée, 43 % des candidats ont été recontactés suite à leur prestation au Job dating », se réjouit Annie Jestin, déléguée régionale Bretagne à l’APECITA. Un beau ratio. Pour réussir un Job dating, il faut toutefois respecter certaines règles. Plutôt que de multiplier les entretiens, le candidat doit cibler les postes et les entreprises qui lui correspondent le mieux. Quels sont les missions et le niveau de responsabilité proposés ? L’employeur est-il une entreprise familiale ou un groupe international ? Ensuite, le postulant doit préparer au mieux l’entretien. À commencer par savoir se présenter rapidement. Dans son « pitch » de deux minutes, il retracera son parcours en mettant en avant ses principales compétences et expériences et en l’illustrant de quelques faits. Quelques « punchlines » et mots-clés bien sentis capteront l’attention du recruteur. S’il convient de s’entraîner à cet exercice, le candidat ne doit pas servir le même discours formaté à tous les employeurs.
Il s’agit, en effet, de l’adapter à l’entreprise qu’il souhaite intégrer. Ce qui suppose de se renseigner en amont sur son activité, ses métiers, ses références clients et son actualité. Le recruteur sera sensible à cette marque d’intérêt. Le profil du poste à pourvoir ne doit pas avoir de secret pour le candidat. De même, le CV qu’il remettra à l’employeur en fin d’entretien au recruteur peut être personnalisé en fonction de son destinataire. Mais, plus qu’une liste d’expériences et de compétences, le recruteur va chercher à connaître la personnalité et la motivation. À côté des diplômes ou des expertises techniques, les recruteurs s’attardent de plus en plus sur les compétences dites comportementales, comme la capacité à travailler en équipe ou à gérer le stress.

Une affaire de séduction

Le job dating est affaire de séduction. Comme le dit la formule consacrée : il n’y a pas deux occasions de faire une bonne première impression. Il convient de soigner son image, d’afficher une tenue vestimentaire correcte, de rester souriant et de s’exprimer correctement. En s’écartant du cadre traditionnel, le Job dating positionne candidat et employeur sur un pied d’égalité. Pour autant, toute familiarité est à proscrire. Le ton reste professionnel. Il s’agit, par ailleurs, de tenir le rythme. Enchaîner trois ou quatre entretiens est un exercice éprouvant physiquement et nerveusement. Pensez à prendre une bouteille d’eau et une barre alimentaire énergétique. Enfin, il faut gérer l’après Job dating. Le candidat demandera au recruteur quelle est la suite des événements et à quelles échéances.
Récupérer sa carte de visite permet d’envoyer un e-mail pour remercier du temps accordé mais aussi de mentionner des éléments de votre parcours que vous auriez pu oublier de préciser lors de l’entretien. Passer un coup de fil au bout de quelques jours permet enfin de se rappeler au recruteur qui aura vu défiler nombre de candidats toute la journée...

-- Xavier BISEUL (Tribune Verte 2900)

Avis d’expert : « COMME TOUT EXERCICE, UN JOB DATING SE PRÉPARE »

Annie Jestin, déléguée régionale Bretagne à l’APECITA

Quel est l’enjeu d’un Job dating pour un candidat ?
C’est l’occasion d’avoir un entretien que l’on n’aurait peut-être pas eu en envoyant un CV. Un moyen de rattraper une candidature un peu moyenne ou ne correspondant pas exactement au profil recherché. L’opportunité est réelle. Si un recruteur participe à un Job dating c’est qu’il a du mal à recruter. Il bloque généralement dix rendez-vous sur une session. Le Job dating peut être moins stressant qu’un entretien d’embauche traditionnel. Pas question pour autant de se déconcentrer. 15 minutes, c’est court, et il s’agit d’utiliser ce temps au mieux. Comme tout exercice, un job dating se prépare. Il ne faut pas y aller les mains dans les poches. Nous donnons la liste des postes en amont, ce qui permet au postulant de travailler son discours, de mettre en avant ses compétences et ses principales expériences en adéquation avec le poste. Enfin, ne pas perdre de vue que l’objectif premier d’un Job dating consiste à décrocher un entretien d’embauche.

Quels conseils donner ?
La première impression compte. Le candidat doit rester serein, accessible et doit montrer son enthousiasme. Il aura deux minutes pour se présenter. Ce qui suppose d’aller à l’essentiel et de mettre en évidence la cohérence de son parcours. Le candidat peut s’entraîner devant une glace ou avec quelqu’un et se chronométrer. Le moment venu, il faudra toutefois faire preuve de spontanéité et ne pas réciter un discours appris par coeur. Le candidat passe deux ou trois entretiens, quatre au maximum. Il doit à chaque fois adapter sa présentation au poste convoité. Cela suppose d’aller sur le site de l’entreprise pour s’informer sur elle. Il est bon de savoir que telle société intervient dans l’alimentation animale et plus particulièrement des ruminants. Seulement deux candidats sur dix font cette recherche en amont. À la fin de l’entretien, le candidat ne doit pas oublier de laisser son CV au recruteur, et de lui demander en retour une carte visite afin d’envoyer un mail pour réitérer son intérêt pour le poste.

Et sur la forme ?
La tenue vestimentaire doit être simple et correcte, sans jamais tomber dans les excès. Un jean avec une chemise ou un polo, ça passe. En revanche, arriver en tongs et short, comme cela s’est déjà passé, c’est rédhibitoire. Il faut essayer de correspondre aux codes du poste et de l’entreprise que l’on souhaite rejoindre. Un ingénieur commercial devra peut-être revêtir un costume et une cravate.
Il faut sourire et s’exprimer correctement. Si un mot familier vous échappe, ce n’est pas grave, mais pas question de déraper à nouveau. Inversement, il faut utiliser un langage simple, pas trop précieux.

Côté recruteurs, comment doivent-ils gérer l’entretien ?
Les recruteurs sont rodés à l’exercice. Il s’agit de responsables RH, de directeurs commerciaux ou de patrons pour les plus petites entreprises. La posture du recruteur est tout aussi importante vis-à-vis du candidat, car il doit lui donner envie de travailler pour lui. Malheureusement, certains employeurs ne renvoient pas toujours une bonne image de leur entreprise dans la présentation qu’ils en font. Il ne faut pas oublier que dans la guerre des talents, les meilleurs candidats ont le choix, disposant généralement de deux ou trois propositions. Si le recruteur pose les règles du jeu, il ne doit pas monopoliser l’échange. L’écoute est très importante. Il laissera à la fin le temps au candidat de s’exprimer librement à travers une question ouverte. Si un employeur « flashe » sur un candidat, l’entretien d’embauche doit suivre dans les jours qui suivent. Il s’agit aussi de répondre aux contacts qui n’ont pas été retenus.