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Comportementaliste équin : Édouard Lepoutère "allier l'éthique et le respect de l’animal"

Comportementaliste équin : Édouard Lepoutère "allier l'éthique et le respect de l’animal"

Édouard Lepoutère, comportementaliste équin, forme les moniteurs de centres équestres et les cavaliers à écouter le cheval et à apprendre à communiquer avec lui. Il propose des stages de plusieurs jours sur son exploitation située dans l’Aisne.

Édouard Lepoutère a fréquenté les centres équestres dès l’âge de six ans. Il s’est rapidement rendu compte qu’il fallait utiliser le cheval : coups de talon pour aller de l’avant, pression pour aller vers la compétition. Et cela ne lui convenait pas. Pour lui, la priorité est avant tout de communiquer afin d’être bien avec le cheval. Il souhaitait développer la complicité avec les animaux. Il a alors acheté un poulain de six mois afin de l’éduquer et il a cherché des méthodes. C’est pourquoi il est devenu comportementaliste équin.

Aujourd’hui il éduque les chevaux et forme les moniteurs de centres équestres ainsi que les cavaliers lors de stages. « Le cheval peut comprendre ce que lui demande son cavalier si ce dernier lui explique dans un langage qu’il comprend, évoque Édouard Lepoutère. Certaines personnes ont une compréhension incorrecte de leur cheval, et cela engendre de mauvaises relations. » Son écurie, Ferme de Genève, se situe à Beaurevoir dans l’Aisne. Depuis un an, elle est reconnue comme centre de formation professionnelle en cours de certification Qualiopi afin de former les moniteurs déjà en poste à l’équitation éthologique. « Ainsi ils ont une carte en plus, ils apprennent une autre manière de voir les choses qui allie l’éthique et le respect de l’animal », précise-t-il.

La méthode du renforcement négatif

Pour lui, éduquer les chevaux est la base : « C’est comme à l’école primaire, ici on apprend les fondamentaux aux chevaux : les petites tâches du quotidien, répondre aux demandes, monter dans une remorque, détaille-t-il. Et seulement après, quand ces bases sont solides, le cavalier peut aller plus loin et faire des disciplines comme du saut d’obstacles. » Édouard Lepoutère utilise la méthode du renforcement négatif1. « Assis sur son dos, nous exerçons une pression avec les jambes, explique-t-il. Le cheval doit alors comprendre le code. Il faut alors enlever la pression au bon moment quand le cheval a compris. » Les personnes viennent en stage pendant une journée. « Le cheval doit avoir envie de s’arrêter sans être forcé, précise-t-il. Nous allons donc travailler pour avoir un cheval de plus en plus léger. Pendant cette journée, les cavaliers prennent conscience de ce qu’ils doivent changer chez eux. »

La semaine, Édouard Lepoutère gère son entreprise d’équipements d’écurie et débourre ou rééduque les chevaux. « En ce moment, j’ai une jument espagnole qui est fâchée contre le cavalier, détaille-t-il. Ce n’est plus un plaisir de monter dans ces conditions. Souvent ce sont de petits problèmes à l’origine qui se sont amplifiés au fil du temps. » Il faut compter au moins un mois de travail afin de remettre les chevaux sur pieds. Sur son exploitation, il a créé un terrain de mountrain trail : un circuit qui comporte tous les obstacles rencontrés à l’extérieur comme des contre-hauts, des ponts, de l’eau, des passerelles. « Nous créons une complicité avec le cheval afin qu’il passe tous ces obstacles », évoque-t-il.

—— Stéphanie BOT (Tribune Verte 2943)
(1) Le mot « négatif » est le mot scientifique correspondant au fait d’enlever la pression, mais n’indique pas du tout que ce soit mal ou bien de faire cela.