Coptasa : Accueillir 4 000 bovins en estive tous les étés

Coptasa : Accueillir 4 000 bovins en estive tous les étés

Sur les hauteurs du Cantal, entre 1 000 et 1 500 mètres d’altitude, c’est l’effervescence chaque année, autour du 25 mai. En effet, sur les 2 sites de la Coptasa, ce ne sont pas moins de 4 000 bovins qui vont rejoindre les 2 100 hectares de prairies !

Que ce soit à Pradiers ou à Récusset, sur les hauteurs du Cantal, c’est une chorégraphie bien orchestrée qui s’organise chaque année, fin mai. En effet, en l’espace de sept jours, 4 000 bovins vont arriver sur les deux sites que gère la Coptasa. La Coopérative de transhumance et d’amélioration des structures agricoles a été créée en 1963, ce qui était à l’époque une grande première pour ce type de coopératives. « Aujourd’hui, nous fonctionnons par système de parts sociales, explique Laurent Bouscarat, directeur de la Coptasa. Les 200 adhérents qui composent notre coopérative sont essentiellement situés dans le Cantal, mais également dans des départements limitrophes. Pour chaque bête montée, l’adhérent achète une part sociale. Et comme toutes les coopératives, un conseil d’administration composé de 12 adhérents se réunit 4 fois par an pour administrer la Coptasa. » Réunir autant de bêtes venant de nombreux élevages pourrait poser de gros problèmes sanitaires. C’est pour cela que la Coptasa met en place des protocoles stricts, pour essayer d’éviter tous les problèmes.

Des règles sanitaires strictes

Ainsi, depuis 2018, la coopérative est certifiée groupement pastoral indemne IBR. « Mais nous sommes toujours sur nos gardes, confirme Laurent Bouscarat. Dès que l’on règle une maladie, c’est une autre qui arrive. Il faut toujours être vigilant. Ainsi, en 2021, avant la montée des bovins, nous avons fait une grande campagne de prévention auprès de nos adhérents sur la besnoitiose, une maladie parasitaire incurable à évolution lente. Nous avions eu quelques doutes en 2020 sur certaines vaches, donc nous n’avions pas voulu prendre de risques en 2021. Mais cette année, c’est finalement le charbon qui a été problématique. En effet, cette maladie ancienne, contre laquelle un vaccin très efficace existe, a refait surface, sans que l’on ne sache pourquoi. Nous avons connu quelques pertes, notamment sur le site de Pradiers, le plus touché. Nous avons donc ciblé les lots les plus atteints et nous avons fait vacciner les vaches et les veaux s’y trouvant, avant de voir la maladie se propager trop largement. » Pour surveiller l’ensemble des 4 000 têtes, la coopérative a décidé de s’appuyer sur 5 gardiens, embauchés à plein temps sur l’année. « C’est une organisation un peu particulière, qui ne se retrouve pas ou peu sur les autres estives en France, admet Laurent Bouscarat. Nous avons décidé de fidéliser les bergers, en les employant à plein temps sur l’année, en annualisant le temps de travail. Ainsi, ils vont récupérer les heures supplémentaires faites sur la période de présence des animaux en hiver, lorsque les conditions ne permettent pas de travailler en montagne. Mais, concrètement, l’année commence pour eux dès le 15 mars, si la neige n’est plus présente, pour réparer les clôtures abîmées par la neige, et remettre en place celles qui auront été enlevées après la descente des vaches en prévision de l’hiver, dans les endroits où les congères casseraient à coup sûr les fils électriques. Ainsi, même si les animaux ne sont présents que du 25 mai au 15 octobre maximum, le travail pour nos gardiens commence deux mois avant l’arrivée des vaches, et se termine un mois après la descente. Avec ce fonctionnement, nous arrivons à fidéliser nos 5 gardiens, et une relation de confiance a pu s’installer entre les adhérents et les bergers, ce qui est essentiel ! »

— Simon BILLAUD (Tribune Verte 2973)

Accès à l’eau : DES INVESTISSEMENTS NOMBREUX POUR L’EAU

Si la question sanitaire est importante, une autre préoccupation majeure de la Coptasa concerne l’accès à l’eau pour l’ensemble des troupeaux. « C’est assez compliqué depuis plusieurs années, car les sécheresses sont récurrentes, constate Laurent Bouscarat, directeur de la Coptasa. Nous sommes en pâturage tournant, donc il faut un minimum de 2 ou 3 points d’eau dans chaque parcelle, pour abreuver l’ensemble des bêtes sans problème, ni stress. Ainsi, nous avons créé une retenue d’eau d’un hectare sur le site de Pradiers, par exemple. Mais chaque année, ce sont entre 20 000 et 30 000 euros qui sont investis sur les 2 sites pour l’accès à une eau en quantité et de qualité pour l’ensemble des 4 000 bovins. »