De l'informatique à l’élevage d’escargots

De l'informatique à l’élevage d’escargots

Ancien ingénieur informatique, Thomas Dherbecourt a tout plaqué pour se reconvertir dans l’agriculture et devenir héliciculteur. Une installation hors cadre familial, qui lui a permis de créer son exploitation de A à Z.

À 38 ans, Thomas Dherbecourt a déjà pas mal voyagé. Originaire du Nord, il est parti faire ses études d’ingénieur informatique à Toulouse et a commencé sa carrière professionnelle à Foix. Il a ensuite déménagé à Belfort, où il a travaillé dans le développement informatique pour de grands comptes. Puis, un jour, une certaine lassitude s’est installée : « J’avais pour projet de créer ma propre entreprise d’informatique. J’ai finalement décidé de me reconvertir dans l’agriculture, explique Thomas Dherbecourt, qui n’est pas issu d’une famille d’agriculteurs. Je souhaitais garder une échelle humaine. Idéalement, j’avais dans l’idée de travailler seul et de créer un produit de A à Z. J’ai visité plusieurs élevages classiques, mais ils imposaient trop de contraintes, selon moi. Ma réflexion s’est tournée vers les écrevisses, puis vers les grenouilles, avant de s’arrêter sur les escargots. Cette production répondait à mes critères et l’investissement qu’elle demandait était raisonnable. Et puisque je suis également passionné de cuisine, l’intérêt était encore plus important. Concernant la formation, le temps d’apprentissage était relativement rapide : la formation continue a duré six mois. » Il n’y avait à ce moment-là que deux filières de formation à l’héliciculture en France : une à Besançon, et l’autre en Savoie.

La bonne localisation et le terrain opportun

Thomas Dherbecourt est diplômé mi 2016, mais son projet est reporté à 2017. Entretemps, il quitte Belfort pour Olivet, en périphérie d’Orléans. C’est à la suite d’une étude de marché que son choix se porte sur la région orléanaise. « Il n’y avait pas d’éleveurs d’escargots dans ce secteur. En plus, la proximité géographique avec Paris était intéressante. Je souhaitais rester en périphérie d’Orléans, j’ai donc envoyé des courriers aux maires de l’agglomération et j’ai obtenu deux réponses, dont celle d’Olivet. La difficulté était de trouver un terrain, car la pression foncière est énorme et beaucoup de parcelles sont petites et morcelées. Il fallait également que la zone ne soit pas inondable. Pour mes démarches, et notamment pour trouver un terrain provisoire (en avril 2017, je n’avais toujours rien et il fallait que je commence l’élevage), j’ai pu compter sur la collectivité. » Pour ce type de métier, l’idéal est de loger sur place pour surveiller les escargots, car le travail se fait tard le soir et tôt le matin.

En parallèle de sa recherche du terrain, il effectue son parcours d’installation grâce à la chambre d’agriculture d’Orléans. Cette démarche a duré six mois, de fin 2016 au printemps 2017. Il a pu bénéficier de la DJA à hauteur de 20 000 euros. « Avec ma production atypique, il était difficile d’avoir des conseils et des retours chiffrés car il n’y avait que peu de références. Le stage obligatoire d’une durée de vingt heures n’était également pas forcément adapté à mon orientation. Dans mon cas, tout était plus compliqué. Néanmoins, j’ai été bien encadré par la chambre d’agriculture, souligne l’éleveur d’escargots. Les complications concernaient également le matériel. Il existe peu d’outils spécifiques à l’héliciculture, et il faut se fournir chez les pépiniéristes. » Après ces deux ans et demi. Thomas Dherbecourt ne regrette pas sa reconversion. Ses escargots sont certifiés bio pour la partie élevage. En revanche, ils ne le sont pas encore pour la partie transformation : il n’est actuellement pas en mesure de certifier que tous les ingrédients qu’il utilise sont sous le label bio. Il produit également des herbes aromatiques, valorisées dans ses préparations et qu’il commercialise en parallèle.

—— Willy DESCHAMPS (Tribune Verte 2932)