Démarches administratives, recherche d’emploi… Des services dédiés aux transfrontaliers

Démarches administratives, recherche d’emploi… Des services dédiés aux transfrontaliers

Vous souhaitez explorer les possibilités de travailler de l’autre côté de la frontière ? Des associations peuvent vous aider dans toutes vos démarches. Gros plan sur le Groupement transfrontalier européen (GTE) pour la Suisse et l’Afal (association des frontaliers d’Alsace-Lorraine).

Comment trouver un emploi en Suisse ? Est-ce que mon CV français va attirer l’oeil des recruteurs luxembourgeois ou allemands ? Vais-je devoir payer des impôts en France ou dans le pays qui m’accueille ? Et qu’en sera-t-il de ma retraite ? Vous avez décidé d’explorer l’aventure transfrontalière, mais vous ne savez pas par où commencer ? En France, il existe plusieurs associations, bien souvent créées par des frontaliers à l’origine, pour répondre à ces questions de tous ordres.

Spécialisé dans les relations entre la France et la Suisse, le Groupement transfrontalier européen (GTE) a été créé en 1963. « À cette époque, il existait une vraie différence entre les deux pays en matière de protection sociale, indique Marion Christin, chargée de communication de l’association. Nous avons beaucoup travaillé sur le sujet avec les pouvoirs publics des deux pays pour la défense des frontaliers. Aujourd’hui, la situation a évolué et la plus grosse partie de notre activité est d’informer et d’accompagner les travailleurs frontaliers tout au long de leur vie professionnelle. »

Un service emploi spécialisé

Grâce à une présence dans huit antennes réparties tout le long de la frontière, l’équipe de 37 salariés donne des conseils sur les plans juridique, fiscal, social. Depuis 2007, le GTE a également mis en place un « service emploi » à destination des personnes en recherche. Pour les questions simples, une permanence téléphonique est assurée. Pour un travail plus approfondi sur sa situation personnelle, des rendez-vous sont proposés : création d’un CV adapté à la Suisse, préparation de l’entretien d’embauche…

En effet, la langue étant commune, au moins sur une partie des cantons, on pourrait penser que la communication se fait naturellement. Ce n’est pas toujours le cas. « La culture et donc l’attitude à avoir sont très différentes en Suisse, insiste Marion Christin. Par exemple, en France, nous mettons facilement en avant nos diplômes. En Suisse, l’échange va plutôt porter sur l’expérience et la personnalité. » Autre exemple : la notion de hiérarchie est très importante dans les entreprises suisses, de même que la ponctualité.

Pour favoriser la diffusion de l’information le GTE organise des conférences (et/ou webinaires) thématiques sur l’emploi : identifier ses points forts, créer et développer un réseau en Suisse, etc. Une partie des informations est accessible à tous, notamment sur le site du GTE : www.frontalier.org. Une autre est réservée aux adhérents. Le GTE rassemble actuellement 27 000 frontaliers et chacun peut adhérer pour 90 €/an. Un magazine d’actualité, « Frontalier magazine », est édité cinq fois par an.

Expérience en droit du travail

Créée en 1982, l’association des frontaliers d’Alsace-Lorraine (Afal) est basée à Haguenau (Bas-Rhin) et concentre son activité sur l’Allemagne. L’association travaille pour faire respecter les droits de ses adhérents en cas de licenciement, de maladie, de chômage, d’invalidité, de retraite, etc. « Notre expérience en matière de droit social et de droit du travail français et allemand garantit une solide défense de votre dossier quelles que soient votre nationalité, votre situation sociale ou professionnelle », indique l’association.

L’Afal prend les choses en main, de la création du dossier jusqu’à sa défense, et met en oeuvre tous les moyens nécessaires pour aboutir au meilleur résultat possible. L’an dernier, l’Afal a donné plus de mille rendez-vous individuels et organisé six réunions d’information. Elle a notamment travaillé à réduire les sources d’inégalités dues aux divergences d’application de la convention fiscale entre la France et l’Allemagne. Elle est à l’origine de nombreuses avancées dans le statut des frontaliers.

Plus facile de licencier

Ces différences juridiques entre la France et les pays frontaliers sont à prendre en compte dans leur globalité. Si les niveaux de salaire au Luxembourg, en Allemagne ou en Suisse peuvent paraître attrayants, les entreprises locales n’en demeurent pas moins soumises aux impératifs économiques. Et les travailleurs frontaliers sont bien souvent la première variable d’ajustement en cas de crise. Pendant la pandémie, par exemple, ils ont été les premiers à être licenciés.

La sécurité de l’emploi n’est pas aussi solide qu’en France partout ailleurs. En cas de maladie du salarié, par exemple, il est plus facile de licencier dans la Confédération helvétique. Les travailleurs les plus anciens, donc souvent les mieux rémunérés, peuvent aussi se retrouver dans le collimateur pour rajeunir le personnel… et diminuer les coûts. Une situation qui peut conduire à de graves problèmes financiers, voire au surendettement. Le frontalier se retrouve du jour au lendemain sans travail ou avec une indemnisation par Pôle emploi bien moindre que son salaire, et avec des emprunts à rembourser. Mieux vaut donc être bien informé au préalable de ces risques avant de se décider et ne pas négliger de se montrer prévoyant. « Malgré les loyers ou le coût du foncier très élevés dans la zone frontalière, il est possible de faire de belles économies », résume Marion Christin.

— Irène AUBERT (Tribune Verte 2988)

Aller plus loin : LES PROCHAINES WEBCONFÉRENCES DU GTE

Parmi les conférences organisées par le GTE, certaines sont ouvertes à tous. Voici un extrait des thèmes qui seront abordés prochainement :

  • 11 mai et 22 juin : comment postuler en Suisse ;
  • 12 mai : le télétravail du frontalier et ses conséquences ;
  • 18 mai et 15 juin : le statut du frontalier ;
  • 16 juin : devenir entrepreneur, conseils et outils pour se lancer.
    Plus de détails et inscription (obligatoire) sur le site du GTE, www.frontalier.org.

Télétravail frontalier QUE VA-T-IL SE PASSER APRÈS LE 30 JUIN ?

Durant la pandémie et face aux restrictions sanitaires limitant les déplacements, un accord amiable a été passé entre la France et les pays voisins au sujet des travailleurs frontaliers. Pour la Suisse, par exemple, avant la pandémie, il était toléré que les cotisations sociales soient réglées en Suisse, même si jusqu’à un quart du temps était télétravaillé depuis la France. En revanche, il n’existait pas de tolérance fiscale : on paie où on travaille. Depuis la pandémie, la tolérance est totale : il est possible de conserver l’imposition en Suisse même pour les jours travaillés en France, à cause de la Covid-19. Et le travailleur frontalier peut rester affilié à la sécurité sociale suisse. Or, l’échéance de ces accords dérogatoires est fixée au 30 juin. La situation va-telle revenir à l’état d’avant pandémie ? « Nous travaillons pour obtenir un accord pérenne », indique Marion Christin, chargée de communication du GTE. Mais le télétravail soulève de nombreuses questions sur le statut du frontalier.