« Des actions efficaces depuis 2006 »

« Des actions efficaces depuis 2006 »

Directrice du développement des ressources humaines des caisses régionales du Crédit agricole, Murielle Anweiler est également en charge de l’association Heca, créée en 2006, afin de porter des actions en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap.

Quelle est la politique menée au Crédit agricole en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap ?
Murielle Anweiler : Nous sommes très engagés sur cette question depuis plusieurs années. La fédération nationale oeuvre depuis quinze ans avec toutes les caisses régionales et toutes les entités de la branche Crédit agricole pour conduire avec succès une politique du handicap dynamique et efficace. Dès 2006, elle a décidé de créer l’association Heca, dans le cadre du premier accord sur l’emploi des travailleurs handicapés signé avec les 39 caisses régionales. Cela a permis d’allouer un budget à toutes les actions autour du handicap, afin de les suivre et de les mener en proximité. Dix millions d’euros par an ont été affectés entre 2006 et 2011. Cela a débouché, notamment, sur une action forte de communication avec notre « Bus pour l’accompagnement du handicap ». Emblématique, l’opération a sensibilisé toutes les caisses régionales. Depuis, des accords ont été signés en 2011 et en 2016. Le dernier l’a été le 19 novembre 2019, il s’agissait donc du quatrième. Quelques jours auparavant (le 13 novembre), la fédération avait signé le manifeste pour l’inclusion des personnes handicapées dans la vie économique, qui porte sur dix engagements (voir ci-dessous).

Vous parliez d’un budget de 10 millions d’euros par an de 2006 à 2011. Aujourd’hui, il est de 2 millions. Pourquoi ?
M. A. : Le budget a été revu à la baisse car les actions sont portées directement par les caisses régionales, qui ont pris le relais. Les 10 millions d’euros par an constituaient un budget d’accompagnement, débloqué au niveau national, pour parvenir au taux d’emploi de presque 6 % correspondant à l’obligation légale. Nous étions à 5,44 % fin 2018, alors que le taux d’emploi était de 1,4 % en 2006. Ces chiffres montrent l’efficacité des actions qui ont été menées depuis cette date. Cela représente 5 000 embauches, dont 1 300 contrats à durée indéterminée, plus de 5 000 aménagements de poste et 3 600 collaborateurs ayant été accompagnés lors de la survenance d’un handicap alors qu’ils étaient salariés au Crédit agricole.

Quels ont été les leviers pour parvenir à progresser de 1,4 % en 2006 à 5,44 % douze ans plus tard ?
M. A. : Nous avons mené – et nous continuons de mener encore aujourd’hui – des actions visant à privilégier le recrutement de travailleurs handicapés. Pour ce faire, nous nous appuyons sur nos centres de formation en alternance, qui sont une source d’identification de ces profils. Par ailleurs, nous avons créé un diplôme universitaire pour les personnes en situation de handicap. Nous conduisons également des actions d’accompagnement des salariés lors de l’apparition d’un handicap. Elles ont amené à proposer à ces collaborateurs de se déclarer « travailleur handicapé ». Et nous avons recours au secteur protégé et adapté. Quand nos caisses régionales font appel à des prestataires, elles privilégient ce type de structures. Cela représente 1 % de notre taux d’emploi. Enfin, nous avons mis en place un autre levier pour faciliter l’intégration des personnes en situation de handicap : la formation des managers. Nous les accompagnons dans l’animation d’une équipe où se trouvent des collaborateurs concernés. C’est un moyen de donner des clés de comportement, de compréhension et d’efficacité, pour bien les accueillir dans une dynamique collective.

Quels sont les objectifs du quatrième plan triennal ? Souhaitez-vous aller au-delà de l’obligation légale de 6 % ?
M. A. : Nous ne nous sommes pas fixés sur le dépassement de ce taux légal d’emploi. Dans ce quatrième accord, nous nous sommes engagés à atteindre les 6 % en 2022. C’est d’ailleurs déjà fait pour certaines caisses régionales, qui sont bien au-delà. Par exemple, pour en citer quelques-unes, le Centre Ouest avec 8,81 %, la Bretagne avec 7,22 %, ou encore La Réunion avec 6,75 %. Ces caisses ont été pionnières sur ces sujets. Les autres ne sont pas pour autant de mauvais élèves, car même la caisse régionale la plus « basse » est aux alentours de 4 %. L’objectif global est de nous rassembler autour des 6 %, voire de les franchir. Nous poursuivons donc nos efforts. Ce qui peut nous pénaliser, c’est le départ à la retraite de nombreux collaborateurs. Nous devons être vigilants et veiller à avoir un relais permanent avec le recrutement de nouveaux salariés.

—— Propose recuillis par Nathalie AUPHANT (Tribune Verte 2928)

Zoom sur… LE MANIFESTE POUR L’INCLUSION DES PERSONNES HANDICAPÉES DANS LA VIE ÉCONOMIQUE

Le 11 juillet 2019, Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, avait confié à Jean-Pierre Letartre (président d’Entreprises et Cités) et à Christian Sanchez (conseiller social de LVMH) une mission de mobilisation des entreprises en matière d’insertion et de maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap. Celle-ci s’est conclue le 13 novembre dernier avec la signature d’une charte d’engagements opérationnels par déjà plus d’une centaine d’organisations, dont le Crédit agricole. « La mobilisation générale des entreprises en faveur de l’emploi des personnes handicapées constitue une priorité, a souligné le Gouvernement à cette occasion. L’emploi des personnes en situation de handicap ne doit en effet plus être considéré comme du simple ressort de spécialistes. Alors que plus de 500 000 personnes en situation de handicap sont au chômage, la situation oblige à un sursaut de tous les acteurs : associations, État, acteurs publics de l’emploi, collectivités territoriales, entreprises, partenaires sociaux, acteurs du secteur adapté et du médico-social, dans une démarche d’engagement sans précédent. »

Quels sont les dix engagements des signataires ?

  • L’accueil des élèves handicapés dans nos entreprises, dès le stage de troisième, pour leur permettre d’imaginer clairement un futur professionnel et d’orienter leurs études.
  • L’accès des élèves et des étudiants handicapés au monde de l’entreprise, notamment par la voie de l’apprentissage, de l’alternance et du stage en entreprise.
  • L’accès à l’entretien de recrutement pour toute candidature de personnes handicapées ayant le profil et les compétences pour tous les postes disponibles.
  • La mise en oeuvre régulière d’actions internes de sensibilisation pour lutter contre les stéréotypes et contre les discriminations à l’égard des personnes handicapées.
  • La mobilisation de tout nouveau collaborateur autour des enjeux du handicap en entreprise, lors de son accueil et de son parcours d’intégration.
  • L’optimisation de l’accès aux outils d’entreprise, notamment numériques, aux personnes en situation de handicap.
  • L’intégration de l’« accessibilité numérique » dans la conception des schémas directeurs des systèmes d’information, et le développement des solutions numériques.
  • Le développement des engagements économiques avec les entreprises adaptées, les établissements spécialisés d’aide par le travail (Esat) et les travailleurs indépendants handicapés dans le but de leur confier des commandes et des missions de sous-traitance répondant à nos exigences de qualité.
  • Le développement de passerelles avec les entreprises adaptées et les Esat afin de permettre l’intégration de personnes handicapées dans toutes les entreprises.
  • L’intégration de critères sociaux relatifs au handicap et à l’inclusion dans les appels d’offres et les prérequis pour y souscrire, afin d’engager l’ensemble de nos partenaires dans cette approche inclusive.