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Digifermes : Le numérique au service d’une agriculture durable

Digifermes : Le numérique au service d’une agriculture durable

Autour de 15 fermes expérimentales réparties sur l’ensemble du territoire français, le réseau des Digifermes® contribue à la diffusion des outils numériques au sein des exploitations agricoles. Utilité et pertinence sont testées grandeur nature sur des sites sélectionnés et labellisés.

Grandes cultures, vigne, horticulture, élevage sont quelques-unes des 14 filières représentées au sein du réseau de Digifermes. Créé par cinq instituts techniques agricoles français (Arvalis, Idele, ITB, Terres Inovia et Acta), il est composé de sites expérimentaux grandeur nature. Objectif : tester in situ des innovations et apporter des solutions pour une agriculture numérique durable. Aujourd’hui, quinze sites sont labellisés en France avec des ambitions européennes.

Comment intégrer le réseau ? Julieta Contreras, responsable du réseau des Digifermes, met en garde : « Nous labellisons des fermes expérimentales disposant d’équipes d’experts en agriculture numérique dédiés à la recherche appliquée. Notre  expertise technique multi-acteurs est garante de notre neutralité dans le développement de protocoles d’évaluation des services et des technologies numériques. Aussi pouvons-nous prendre le risque de tester des technologies qui ne sont pas complètement abouties ou adaptées aux problématiques du marché. Toute ferme expérimentale souhaitant rejoindre notre réseau doit bénéficier d’un service R&D agronomique orienté vers le numérique. » Les dossiers des candidats pour l’obtention du label Digifermes® sont évalués chaque année. Doivent y être détaillés les projets, dans le respect des axes stratégiques du réseau, à savoir : quels outils numériques pour quelle utilité pour l’agriculteur ? L’outil permet-il une gestion tactique et au quotidien de l’exploitation ? Est-il en mesure d’assurer une gestion stratégique de l’entité ? Comment valoriser les data et offrir à l’agriculteur les moyens de direction de l’exploitation ?

Une double compétence agronomique et numérique très recherchée

Une fois le dispositif intégré, les équipes des Digifermes déploient sur leur ferme expérimentale le matériel à tester. « Nous travaillons avec différents fournisseurs de matériels qui souhaitent valider leurs instruments ou évaluer la qualité de leur solution. Différents services sont proposés, tels que l’utilisation de fiches d’évaluation avec un retour d’expérience utilisateur selon le contexte, à l’échelle de la filière ou multifilière », poursuit Julieta Contreras. Pour accomplir ces missions de terrain, les profils agro orientés vers le traitement des données et la compréhension des enjeux du numérique dans les différents secteurs agricoles sont privilégiés. Les Digifermes s’appuient sur des techniciens et expérimentateurs. Leurs missions : participer à la rédaction des protocoles expérimentaux végétaux et animaux, mettre en place et suivre les essais, prélever les mesures, analyser les échantillons recueillis et assurer une synthèse et pré-analyse des données en réponse à des projets à l’échelle régionale, nationale ou européenne. Ces postes sont ouverts aux titulaires d’un Bac + 2 (BTSA, DUT, licence professionnelle ou équivalent). « L’idéal est de posséder une double compétence, agronomique et numérique, mais ces ingénieurs sont des perles rares, confie Julieta Contreras, elle-même titulaire d’une spécialisation AgroTIC. Le numérique n’est pas l’unique solution, mais un moyen d’aboutir à une agriculture performante et durable. » Pour étendre la dynamique de travail en réseau, les Digifermes regardent au-delà des frontières françaises : « Les sites français doivent inspirer d’autres fermes d’expérimentation et ainsi diffuser les technologies utiles et utilisables. Dans ce but, nous venons de lancer un projet européen en partenariat avec 18 pays, durant lequel nous analyserons les coûts et les bénéfices du numérique appliqué à l’agriculture », se réjouit-elle.

— Renaud DE MONTBRON (Tribune Verte 3001)