Entretien d'embauche : Oser parler du salaire

Entretien d'embauche : Oser parler du salaire

Les candidats sont souvent mal à l’aise quand vient le moment de parler du salaire lors de l’entretien d’embauche. Or, c’est un sujet qu’il est important d’aborder. Jean-Michel Sotton, de l’APECITA Rhône-Alpes, livre quelques conseils, afin d’évoquer sereinement ce point.

Le salaire est un sujet tabou lors des entretiens d’embauche. En France, c’est culturellement difficile de parler d’argent. D’ailleurs, seulement 20 % des offres d’emploi donnent une information sur le salaire. Il faut pourtant oser l’aborder. « Le travail a une valeur, évoque Jean-Michel Sotton, délégué régional à l’APECITA Rhône-Alpes. Les entreprises gagnent de l’argent grâce à votre travail. » Ce sujet doit donc être préparé en amont de l’entretien d’embauche. Tout d’abord, le candidat peut se renseigner sur ce que propose le marché. Des grilles existent. Vous pouvez contacter l’APECITA qui dispose de certaines d’entre elles. Les conseillers de l’APECITA ont également des informations sur les salaires de certains secteurs et de certaines fonctions. Vous pouvez aussi regarder des offres d’emploi du même type de poste, afin d’avoir une idée. Les grilles sont négociables.

Donner une fourchette

En entretien, Jean-Michel Sotton conseille d’aborder le sujet. Soit c’est l’employeur qui va l’évoquer, soit c’est à vous de poser la question : « quel est le montant de ma rémunération ? » « Trois fois sur quatre, le recruteur retourne la question : quelles sont vos prétentions ? » informe-t-il. L’idée est de donner une fourchette. « En ce moment, le marché de l’emploi est bon dans le secteur agricole », évoque Jean-Michel Sotton. Il conseille d’augmenter ses prétentions de 10 % par rapport au marché et d’avancer des arguments. Par exemple, l’apprentissage correspond à deux années d’expérience. Un stage ou un emploi dans un même type de poste est aussi un argument. Si vous répondez à 80-100 % des critères demandés dans l’offre d’emploi, mettez-les en avant, afin de justifier de cette plus-value. Et ensuite, place à la négociation ! « L’employeur est souvent en position de force pour négocier le salaire par rapport au candidat », stipule-t-il. Mais vous pouvez, par exemple, demander une ou deux évolutions salariales ces deux prochaines années si vous faites vos preuves. Il ne faut pas oublier d’évoquer les primes et les avantages en nature qui font partie de la rémunération. Cela rentre également dans la négociation. Ceux-ci peuvent être parfois de bons compléments de salaire.

— Stéphanie BOT (Tribune Verte 2979)

Salaire : ENTRE BRUT ET NET

Jean-Michel Sotton conseille de parler en salaire net, même si les employeurs parlent généralement en brut. Il faut donc avoir le calcul en tête, afin de parler de la même chose. Pour passer du brut au net, il faut retirer 22 % de charges sociales. Un salaire brut de 2 000 € correspond donc à 1 560 € net. À noter qu’au salaire net, il faudra déduire le prélèvement des impôts, si vous êtes concernés. Si l’employeur ne précise pas brut ou net, il faut alors lui poser la question. Généralement, le salaire est mentionné en brut, en annuel et K€. Il faut alors faire quelques calculs. Par exemple, 24 K€ correspond à 24 000 € annuel brut, soit 2 000 € brut mensuel et 1 560 € net mensuel.

En poste : DEMANDER UNE AUGMENTATION

Jean-Michel Sotton conseille aux salariés en poste de demander une augmentation de salaire tous les ans lors de l’entretien annuel. « Il faut demander, insiste-t-il. Le seul risque est d’avoir un refus. Certains craignent d’être licenciés, car ils le demandent. » En cas de refus de votre employeur, demandez-lui pourquoi il répond négativement. Si ses arguments sont trop généraux, s’il évoque la crise mondiale ou une augmentation des matières premières, par exemple, amenez-le à des choses qui vous concernent directement, comme un logiciel de suivi que vous n’utilisez pas assez. Ces points seront à améliorer l’année prochaine, vous pourrez ainsi redemander une augmentation l’année suivante avec des arguments. Alors, combien demander ? « 100 € par mois net, c’est une augmentation raisonnable », évoque-t-
il. Vous pouvez également la majorer de 10 %, ce qui vous laissera une marge de manoeuvre éventuelle en cas de  négociation. À noter que dans certaines situations, l’employeur propose une augmentation quand le salarié demande sa démission pour un poste mieux payé. Mais avant d’en arriver là, essayez d’en parler au préalable !