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Exploitations spécialisées : des initiatives nouvelles qui favorisent les transactions

Exploitations spécialisées : des initiatives nouvelles qui favorisent les transactions

La viticulture, le maraîchage, l’arboriculture et l’oléiculture sont des filières aux atouts importants en France. Leur développement passe, entre autres, par le renouvellement des générations sur les exploitations. Malgré les difficultés, de nouvelles initiatives se dessinent pour faciliter les transactions.

Depuis de nombreuses années, des exploitants se plaignent de ne pas trouver de successeurs. Et pour ceux qui souhaitent s’installer, c’est aussi parfois le parcours du combattant. D’après les chiffres de la MSA, les difficultés diffèrent selon les filières. En viticulture, par exemple, le taux de renouvellement n’a guère changé en six ans (aux alentours de 3 %). Ainsi, en 2018, 1 423 installations ont trouvé un repreneur sur les 47 000 exploitations existantes. En maraîchage (incluant l’horticulture), le renouvellement a tendance à progresser. Le taux était de 7 % en 2018, contre 4 % en 2013, avec une forte proportion d’installés de moins de 40 ans (70 %). En revanche, si le nombre d’exploitations vinicoles a chuté de 6 % en six ans, celles dont l’activité de maraîchage (et horticulture) domine ont vu leur nombre baisser de 13 %, pour atteindre près de 13 400 exploitations. En arboriculture, les installations progressent également. De 3 % il y a cinq ans, le taux de renouvellement est passé à 4,3 % en 2018. Néanmoins, le nombre d’exploitations a chuté de 8 % en six ans.

La pression foncière diffère aussi selon les régions. Il arrive même  qu’elles se concurrencent entre elles ! Les difficultés rencontrées par la filière viticole s’expliquent ainsi par les moyens financiers importants à pourvoir, notamment dans les grands crus, pour acquérir une exploitation. Il en est de même en arboriculture où le capital nécessaire au départ est plus important en cerise qu’en pomme, par exemple. En Champagne, le prix moyen du foncier viticole revient à  environ 1,1 million d’euros par hectare, posant le problème des successions et des reprises, notamment pour les jeunes. Afin d’améliorer la fluidité du marché foncier, la société de gestion France Valley, dont l’expérience est avérée en achat foncier forestier, s’est associée à la Safer et à la Fédération des coopératives vinicoles de la Champagne (FCVC) pour créer France Valley Champagne. Comme le rapporte la revue Viti, cette structure a pour objet d’acquérir des vignes de l’appellation champagne pour les donner à exploiter à des  vignerons. Ce dispositif original vient compléter ce qui existe déjà, c’est-à-dire les groupements fonciers viticoles (GFV) ou les conventions de mise en réserve foncière proposées par la Safer Grand-Est. L’avantage de la foncière consiste à réaliser plusieurs achats sans rencontrer l’obligation de créer à chaque fois une structure comme pour les GFV. Son autre avantage est d’accompagner le vigneron pour un bail de 25 ans, ce que ne proposent pas les conventions de mise en réserve foncière, par exemple, dont le portage temporaire est de cinq ans maximum.

Du côté des Vignerons coopérateurs

Toujours dans le vignoble, les Vignerons coopérateurs s’investissent dans l’intégration des jeunes. « Nous avons une politique d’accompagnement d’achat du foncier qui prend différentes formes. Soit par le biais d’une société louant des terres acquises progressivement par les jeunes, soit grâce à une SCIC1 ou à un GFA2. Le métayage, par exemple, est un moyen d’aider le jeune à s’installer », affirme Anne Haller, directrice de Coop de France Vignerons coopérateurs, dans la revue Viti. Selon cette dernière, ces dispositifs peuvent être complétés par des aides au renouvellement du vignoble. « Les coopératives sont nombreuses à les proposer, couplées éventuellement à du soutien public », explicite-t-elle. En  arboriculture, Stéphanie Prat, directrice de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF), rapporte aussi des initiatives intéressantes. « Les néoruraux s’installent sur de petites surfaces et  diversifient leurs productions. Aussi, les cédants vendent leurs exploitations en plusieurs lots. Les repreneurs se complètent et cultivent alors des produits différents. L’un choisit les légumes, l’autre les fruits. Les petits fruits rouges, par exemple, sont bien valorisés  aujourd’hui car recherchés par la distribution. » Il existe aussi des moyens moins classiques pour les transactions. Par exemple, la  plateforme de prêt participatif Agrilend permet de mettre en contact prêteurs et emprunteurs. Selon Stéphanie Prat, les prêteurs sont nombreux à vouloir participer au financement. Toutefois, les projets ne sont malheureusement pas si fréquents. Des fonds d’investissement existent aussi pour faciliter la reprise des exploitations agricoles. En bio par exemple, Labeliance ou Terre de Liens oeuvrent depuis plusieurs années pour soutenir l’agriculture. Il existe donc un panel de solutions complémentaires en fonction de la taille des exploitations, des circuits commerciaux et des marchés visés.

—— Marie-Dominique GUIHARD (Tribune Verte 2925)
(1) Société coopérative d’intérêt collectif.
(2) Groupement foncier agricole.