Financer sa start-up : Inventer son propre modèle

Financer sa start-up : Inventer son propre modèle

L’innovation, qui caractérise la start-up, ne devrait pas uniquement concerner son objet – produit ou service innovant – mais aussi le financement de son développement. Les classiques prêts  bancaires, les médiatiques business angels (riches investisseurs) ou les voies du financement participatif font-ils de l’ombre aux aides, aux subventions, ou aux méthodes alternatives telles que l’affacturage ?

«Absque argento omnia vana1… » remarquaient déjà les Romains, bien des siècles avant l’émergence du concept de start-up et l’avènement de la nouvelle économie ! Pour louer des locaux, acheter du matériel, payer les factures des fournisseurs, s’entourer de collaborateurs compétents, faire la promotion de son idée : il faut de l’argent. La recherche de fonds propres est l’un des nerfs de la guerre. Or, « à la différence des PME traditionnelles qui se construisent prudemment, en interaction avec le marché, les start-up fonctionnent selon la logique du coup de poker », relève Olivier Marty, dans La vie de start-up. Cette différence structurelle impacte le mode de financement, qui apparaît aussi comme un autre critère de différenciation des startup vis-à-vis des PME de l’ancienne économie. Les start-up se caractérisent par un modèle économique à retardement – qui prévoit d’importantes pertes dans la phase de démarrage – et par un pari sur de fabuleux profits à brève échéance, lors du rachat par un grand groupe ou de la cotation de l’entreprise en bourse. Ce type de pari attire des acteurs particuliers : les investisseurs en capital-risque. Les business angels sont des personnes physiques qui investissent une part de leur patrimoine personnel au capital de start-up innovantes et qui les accompagnent dans la durée. Le financement participatif a, en quelque sorte, démocratisé le concept, puisque les plateformes de crowdfunding permettent la prise de parts de capital dans de jeunes entreprises en phase de décollage.

Toutefois, comme le note Charlotte Badie, de P. Factory (incubateur de start-up en Provence), « la levée de fonds n’est pas toujours la meilleure chose à faire : il existe bien d’autres solutions pour financer sa start-up… ». Elle rappelle également que
la levée de fonds intervient à un moment précis de la vie de la jeune entreprise : celui où le chiffre d’affaires est déjà là, et lorsque le cash joue un rôle de levier, soit pour augmenter la force commerciale, soit pour atteindre le point d’équilibre.

Mobiliser tous les leviers

Charlotte Badie invite les entrepreneurs à mobiliser en amont tous les leviers « classiques » : indemnités de chômage après une rupture conventionnelle négociée, dispositif Acre (45 % des indemnités de chômage versées pour solde de tout compte par Pôle emploi), concours dotés financièrement, crédits d’impôt innovation, banque publique d’investissement… et même les banques classiques ! « Pratiquement toutes les banques bénéficient de dispositifs de prêts garantis par la BPI ou par le Fonds européen d’investissement (FEI) qui leur permettent d’obtenir jusqu’à 70 % de remboursement en cas d’échec. De plus, le FEI leur interdit de prendre une caution personnelle, donc la banque raisonne sur une perte potentielle de 30 % uniquement. »

Guillaume de Drouas, ancien responsable digital & e-business, suggère de déléguer éventuellement l’affacturage à un tiers. « En B to B, les entreprises peuvent choisir d’être payées comptant (dès la réception de la facture) ou d’octroyer un délai de crédit (généralement 60 jours calendaires). Pour ces sociétés, l’affacturage est une solution de paiement immédiat, en échange de leurs factures. En contrepartie, la société d’affacturage se rémunère entre 0,5 et 4 % de la somme totale. »

En conclusion, l’éventail de solutions de financement est large, et se cantonner aux plus médiatiques serait bien dommage !

—— Alexandre CORONEL
(1) Sans argent, tout effort est vain.