Formation adulte : La POEC répond aux besoins des entreprises

Formation adulte : La POEC répond aux besoins des entreprises

Face aux difficultés de recrutement, certaines mesures sont mises en place comme la préparation opérationnelle à l’emploi collective (Poec). Une expérience particulièrement réussie dans le Rhône, après un démarrage difficile et un aménagement.

En Alsace, les entreprises viticoles recherchent désespérément jusqu’à trente tractoristes par an. La formation serait-elle la solution ? Un enseignement pour adultes existe au pôle viticole du CFAA du Haut-Rhin.

Davantage d’offres que de demandes

« Les candidats ne sont pas assez nombreux pour répondre aux demandes des entreprisesviticoles qui s’agrandissent et qui exigent plus de personnel, spécifie Philippe Bavois, responsable au pôle viticole du CFAA du Haut-Rhin. Il faut souligner que le grand public garde une image assez dépassée de ces métiers. Le salaire est loin d’être négligeable et les conditions de travail ne sont plus aussi difficiles que par le passé. Il est vrai que des contraintes existent toujours, comme le déplacement dans le vignoble. Aussi, les instances professionnelles en viticulture devraient s’appuyer sur les expériences des secteurs du bâtiment ou du paysage pour informer sur les métiers, sur les formations adéquates, et devraient actionner les leviers qui facilitent les embauches, comme le contrat professionnel, la Poec… »

Dans le Rhône, une Poec tractoriste a été mise en place à la Maison familiale rurale de Saint-Romain-de-Popey en 2018. Comme dans toute démarche de ce type, elle implique deux partenaires qui ont passé une convention : Pôle  emploi, et Ocapiat1. Graine d’emplois, association qui regroupe diverses organisations professionnelles agricoles du Rhône,  a effectué la demande auprès d’Ocapiat pour mettre en place cette Poec. Les demandeurs d’emploi qui postulent s’engagent à réaliser jusqu’à 400 heures de formation ainsi qu’un stage dans une entreprise recherchant des salariés en lien avec la formation effectuée – ici des tractoristes –. Ils seront rémunérés par Pôle emploi, qui prend également en charge les frais annexes. Ocapiat, de son côté, assure le coût de la formation. Contrairement à la Poe individuelle, les entreprises n’ont pas à s’engager à embaucher. Néanmoins, l’objectif est que le bénéficiaire se voit proposer, à l’issue de la Poec, un CDD d’une durée supérieure ou égale à 12 mois, un CDI, un contrat de professionnalisation d’au moins 12 mois en CDD ou en CDI, ou un contrat d’apprentissage. L’annonce de cette Poec tractoriste a d’abord été relayée par Pôle emploi, mais seuls trois candidats se sont présentés. Graine d’emplois et la Maison familiale de Saint-Romain-de-Popey ont donc multiplié les contacts auprès des organisations professionnelles, comme le service de remplacement, les syndicats de producteurs, les Cuma… Sept candidats de plus ont finalement postulé. « Seuls quatre d’entre eux correspondaient au profil retenu, affirme Jérôme Gouttenoire, formateur tractoriste à Saint-Romain-de-Popey. Nous leur avons donc proposé de suivre la Poec arboriculture maraîchage proposée par la Maison familiale rurale proche de notre établissement, à Chessy-les-Mines. Les treize apprenants de cette Poec ont pu suivre notre module de formation tractoriste, qui a été renforcé. D’une semaine, l’enseignement est passé à trois semaines. Pour certains, le métier de tractoriste a été une vraie découverte, qui pourrait déboucher vers de nouvelles vocations… »

—— Marie-Dominique GUIHARD (Tribune Verte 2931)
(1) Opérateur de compétences de la coopération agricole, de l’agriculture, de la pêche, de l’industrie agroalimentaire et des territoires (né de la fusion du Fafsea et d’Opcalim).