Gael Le Goupil, travailleuse frontalière en Suisse « C’est une chance »

Gael Le Goupil, travailleuse frontalière en Suisse « C’est une chance »

À Bâle, au siège mondial de Syngenta, Gael Le Goupil poursuit une carrière de dimension internationale, tout en habitant en France, à quelques kilomètres de la frontière suisse.

Originaire de la région Île-de-France, Gael Le Goupil travaille depuis 2009 en Suisse, au siège mondial de Syngenta, à Bâle. Matins et soirs, elle passe la frontière, puisqu’elle vit en France, dans un petit village alsacien situé à 18 km de son entreprise.

Ingénieure en techniques agricoles, formée à l’École nationale des ingénieurs des techniques de l’horticulture et du paysage (intégrée aujourd’hui à l’Institut Agro Rennes-Angers), elle a commencé sa carrière chez Syngenta France (Île-de-France) en 2000, en tant qu’experte technique nationale sur le désherbage. « J’ai postulé en interne au siège mondial suisse, car je voulais aller à l’international. Je voulais élargir mon spectre, voyager », se rappelle-t-elle.

Aujourd’hui, Gael Le Goupil occupe la fonction de manager technique mondial herbicides et s’intéresse plus particulièrement aux cultures comme le colza, le tournesol ou encore la betterave, qui sont produites dans de nombreux pays dans le monde. « Je m’occupe également de la résistance des mauvaises herbes face aux herbicides », précise-t-elle.

À ses débuts en Suisse, elle a vécu dans le pays, puis avec la vie familiale, elle est revenue habiter en France pour pouvoir aussi s’acheter une maison. « En Suisse, c’est très cher », justifie la frontalière. Si les salaires suisses sont attractifs pour les Français, le train de vie y est, de même, plus élevé. S’agissant des conditions de travail et de la législation, elles se révèlent bien différentes de celles dans l’Hexagone. « Nous avons moins de jours de congé qu’en France (4 semaines légales et 1 spécifique à Syngenta), pas de RTT et travaillons 40 heures minimum par semaine, signale-t-elle. Dans le canton de Bâle, nous pouvons payer nos impôts en France, ce qui n’est pas le cas dans tous les cantons. J’ai une sécurité sociale en Suisse, mais nous avons le choix. J’ai également un compte bancaire suisse pour recevoir mon salaire. […] Comme la retraite suisse est moins avantageuse qu’en France, il faut penser à mettre de l’argent de côté dès le début de sa carrière dans une caisse de pension suisse. Généralement, les gens ont un conseiller financier. » Hormis ces spécificités, dans la vie de tous les jours, elle estime que travailler en Suisse ne change pas grand-chose au quotidien.

Peu d’arrêts à la frontière

« Nous sommes rarement arrêtés à la frontière. […] On peut laisser ses enfants dans le système scolaire français », raconte Gael Le Goupil. Une fois à Bâle, cependant, la langue officielle devient l’allemand. Les locaux parlent également le suisse-allemand, un dialecte local. « Dans les magasins, les étiquettes ne sont ni dans la langue internationale ni en français, mais comme on trouve beaucoup de travailleurs frontaliers français partout à Bâle, on peut toujours trouver un vendeur français pour nous aider, donc ce n’est pas si compliqué », affirme la frontalière. Au sein du siège de Syngenta, où se côtoient des personnes issues de nombreuses nationalités (européennes, asiatiques…), l’anglais reste en revanche indispensable. « On parle le “business english” », souligne Gael Le Goupil, qui a surtout appris à parler l’anglais une fois sur place. Si un anglais « parfait » n’est pas demandé aux candidats, il représente toutefois un critère de sélection important pour la multinationale. Côté technique, elle certifie que les diplômes français (thèse universitaire, ingénieur ou BTS en agri-agro) sont bien valorisés au sein du groupe. Aujourd’hui, Gael Le Goupil pourrait faire carrière dans d’autres unités de Syngenta présentes dans le monde entier, mais elle apprécie de vivre une expérience professionnelle de dimension internationale, sans bouleverser son mode de vie. « C’est une chance ! », témoigne la frontalière.

— Caroline EVEN (Tribune Verte 2988)