"La clé des champs" : un podcast pour parler d'agriculture

"La clé des champs" : un podcast pour parler d'agriculture

Si en sortant du Salon international de l’agriculture vous avez envie de prolonger votreexpérience et continuer à vous informer sur les filières agricoles, alors peut-être que sur le trajet retour, vous voudrez écouter « La Clé des Champs ». Louise Lesparre explique le concept de son podcast, né en mai 2020, et qui donne la parole aux agriculteurs.

Louise Lesparre est issue d’une famille d’agriculteurs landais, mais elle a toujours été « la citadine de la famille », précise-t-elle. Après ses études en école de commerce, elle travaille à Paris : « J’ai remarqué une grande déconnexion entre mes collègues et le monde agricole. Des gens pourtant intelligents pouvaient réagir de manière très émotionnelle à des choses que je trouvais naturelles, comme l’insémination des vaches. » Quand arrive la pandémie de Covid-19, le monde professionnel de Louise Lesparre est chamboulé. « Je travaillais dans une start-up qui propose de réserver en ligne des places de parking à proximité des aéroports, des gares, etc. L’activité a été très affectée par la pandémie », se souvient-elle.

Retour aux sources et inspiration

Pendant le premier confinement, elle est en chômage partiel et ne travaille qu’une demi-journée par semaine. Elle rentre dans les Landes : « J’avais vraiment besoin de m’occuper l’esprit », se souvient-elle. Alors, cette grande auditrice de podcasts a l’idée d’en produire un. Il donnera la parole aux agriculteurs et aux professionnels du monde agricole, quelle que soit la filière. L’objectif : donner des clés pour comprendre la complexité de l’agriculture. « Je m’adresse à ceux qui n’y connaissent rien, et j’espère qu’ils se diront : “c’est plus compliqué qu’il n’y paraît” », indique-t-elle. Après une formation en ligne, Louise Lesparre se lance dans l’aventure, d’abord en visio puis, après le confinement, en allant sur les fermes.

Trois heures sur la ferme pour 40 minutes de podcast

Aujourd’hui, soixante-cinq épisodes sont disponibles à l’écoute, laissant le micro à toute la diversité de l’agriculture française, de l’éleveur laitier au producteur de clémentines corses, en passant par le vigneron et le brasseur. « La Clé des Champs » est rapidement devenue un podcast de référence en agriculture et  recense 4 000 écoutes par mois. « C’est sûr qu’il ne se classe pas parmi les podcasts les plus écoutés de France, tempère Louise Lesparre, mais c’est bien plus que ce que j’imaginais au départ. » Il faut dire que Louise Lesparre, avec son expérience en marketing, a bien travaillé son lancement : elle a envoyé un communiqué de presse, qui a été relayé par plusieurs médias. « Cela a donné de la visibilité au podcast. Il a aussi été promu coup de coeur sur Apple podcast, ce qui a encore augmenté cette visibilité. Enfin, les équipes de Julien Denormandie, alors ministre de l’Agriculture, m’ont contactée afin que je l’interroge. Il y a eu un effet boule de neige auquel je ne m’attendais pas », explique-t-elle humblement. Louise Lesparre passe entre deux et trois heures à travailler chaque podcast en amont. En effet, « pour vulgariser, il faut d’abord comprendre », résume-t-elle. Elle cherche à établir la confiance entre l’interviewé et elle, « pour que nous soyons à l’aise tous les deux, pour que la discussion pendant l’enregistrement soit la plus fluide possible », explique-t-elle. Cela passe par un entretien préalable à l’enregistrement, « une discussion classique, où l’agriculteur me présente sa ferme, me la fait visiter et où je lui explique ce en quoi va consister le podcast. Je propose aussi toujours de le faire écouter avant de le mettre en ligne, pour validation », précise Louise Lesparre. Ainsi, pour un épisode de 40 minutes, elle reste environ trois heures sur la ferme.

Un format bien étudié

Et si la créatrice a choisi de réaliser des épisodes de 30 à 40 minutes, c’est que cela correspond à la durée moyenne d’écoute pour ce média. « Les auditeurs lancent un podcast pendant les transports, le ménage ou encore le sport. 40 minutes, c’est à peu près la durée de toutes ces activités. Et cette durée laisse le temps aux agriculteurs de s’exprimer, et d’aborder la complexité de leur métier. » Son public est mixte, composé d’un tiers de citadins de grandes villes, d’un tiers d’habitants de villes moyennes et d’un tiers d’agriculteurs. « Beaucoup écoutent des podcasts dans leur tracteur, ils peuvent ainsi choisir leur contenu. Et comme j’aborde toutes les filières, ils découvrent d’autres productions, qu’ils connaissent moins », estime Louise Lesparre. D’ailleurs, l’approbation des agriculteurs compte pour la jeune femme, « sinon, ce que je fais n’a pas de sens », affirme-t-elle. Autre prérequis pour l’avenir du podcast : « que cela continue à me plaire », dit-elle en souriant.

— Agathe LEGENDRE (Tribune Verte 3009)

FORMATIONS ET AGRITOURISME

À son compte depuis décembre 2021, Louise Lesparre crée du contenu pour des marques. Elle réalise par exemple « Les Cafés Fermiers », un podcast pour la chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine. Outre ses projets audio, elle a aussi construit une formation pour les professionnels de l’agroalimentaire « qui travaillent dans les bureaux et ne connaissent pas l’agriculture », explique-t-elle. Elle envisage également de développer des prestations d’agritourisme. Un premier test concluant a été réalisé dans la Meuse : un groupe de Parisiens est venu le temps d’un week-end, ils se sont rendus dans deux fermes. « Cela a bien fonctionné, les agriculteurs étaient ravis d’expliquer leur métier, et les Parisiens très curieux. Le matin, le bâtiment des vaches était ouvert ; pourtant, elles étaient toutes à l’intérieur. Cela a ouvert des discussions. Ils ont même échangé autour de la pratique de l’écornage, qui est pourtant un sujet sensible, et les réactions ont été très mesurées », se réjouit Louise Lesparre.