La meunerie, un métier passionnant

La meunerie, un métier passionnant

Karine Forest, âgée de 40 ans, est à la tête de la minoterie Forest. Selon elle, être une femme dans ce milieu plutôt masculin est un atout. Zoom sur son parcours.

Karine Forest a pris les rênes de la minoterie familiale en 2013. Le moulin, implanté à Bray, en Saône-et-Loire, écrase 65 000 tonnes de blé par an. « 90 % de nos clients sont des artisans boulangers, même si nous cherchons à nous développer sur des marchés complémentaires, comme l’export ou des industries agroalimentaires de la région », explique Karine Forest, la directrice générale. La minoterie Forest travaille dans tout l’Ast de la France (53 départements), avec un réseau d’entrepôts de stockage. Côté amont, elle s’approvisionne en blé auprès des coopératives et des négoces agricoles de proximité, dans un rayon de 150 kilomètres autour du moulin. L’entreprise compte 160 collaborateurs, dont 31 femmes.

De nombreux projets

« Le travail de meunier consiste à assembler différents types de blé pour obtenir une farine de qualité. Nous travaillons avec du ‘‘vivant’’, chaque moisson est différente, chaque agriculteur met en valeur un terroir différent, chaque variété de blé a ses propres caractéristiques. C’est un secteur traditionnel, mais moderne : le process de fabrication est très industriel, automatisé, piloté. Nous sommes très présents sur le digital au niveau commercial, et nous avons mis en place des formations e-learning pour nos clients boulangers. » Sur les 420 entreprises de ce secteur, peu de femmes sont à la tête d’un moulin, en France. « À mon grand regret, la meunerie demeure un univers masculin. J’ai commencé à la minoterie il y a vingt ans. Il faut un peu de temps pour se faire accepter, mais ensuite, notre vision ainsi que notre façon de faire sont appréciées et constituent même un avantage », estime-t-elle. Elle encourage donc les femmes à se lancer : « La meunerie est un métier passionnant. Si on est attiré par cet environnement professionnel, mon conseil est de ne pas hésiter et de foncer, que l’on soit un homme ou une femme. Le milieu reste très masculin, mais il s’est ouvert, et une femme apporte une autre façon de voir, un autre regard sur nos produits et sur notre savoir-faire, peut-être davantage axé sur le bien-être ou la santé. Moi-même, j’ai apporté ma propre vision. Sur la partie communication, par exemple, nous avons développé un marketing très féminin. Notre égérie est une femme qui jette de la farine en l’air », sourit-elle. Aussi, depuis 2018, l’entreprise s’est engagée dans une démarche agriéthique : « Elle vise à apporter aux agriculteurs de proximité une rémunération ‘‘juste’’ pour leur travail, et cela me tient à coeur. » La minoterie ne manque pas de projets. « Ces dernières années, nous avons investi plus de cinq millions d’euros pour améliorer le stockage, la traçabilité et la formulation des blés. Nous nous sommes dotés d’une station de mélange afin de répondre à la demande croissante en farines composées pour élaborer des pains spéciaux. Concernant l’approvisionnement en blé, nous nous dirigeons de plus en plus vers des démarches filières. Les contrats agriéthiques, d’une durée de trois ans, seront renouvelés en 2021 sur des volumes supplémentaires. Nous comptons accentuer les circuits courts dans notre approvisionnement. 2021 sera l’année du centenaire de l’entreprise ! Nous aimerions lancer un produit emblématique : une farine de qualité premium CRC®. Cet été, nous avons adhéré à la filière CRC® qui est engagée à produire autrement. Cette dernière garantit des céréales 100 % françaises et cultivées selon des pratiques favorables à la biodiversité, indique-t-elle. Nous sommes également en train de finaliser une étude pour passer notre parc camions au biocarburant. »

—— Emmanuelle THOMAS (Tribune Verte 2953)