L’agent de contrôle acquiert une solide connaissance agricole

L’agent de contrôle acquiert une solide connaissance agricole

Basé à Auzeville-Tolosane en Haute-Garonne, l’organisme de contrôle et de certification voit son activité augmentée avec le développement de la HVE et de l’agriculture biologique.
Explication du métier.

Les agriculteurs qui produisent sous signes de qualité (AOP, AOC, IGP, label Rouge…), ou pour certains sous cahier des charges privés, connaissent bien Qualisud et ses agents de contrôle. Cette association, créée en 1965 par un groupe d’éleveur de volailles, effectue des contrôles, le plus souvent inopinés, chez des producteurs pour vérifier s’ils respectent bien le cahier des charges inhérent à un label privé ou un signe de qualité officiel. Les nombreux adhérents de cette association sont des agriculteurs, des coopératives ou des négoces et des ODG (organisme de défense et de gestion). Aujourd’hui, Qualisud rayonne en France et principalement au sud-est et au sud-ouest avec six sites administratifs, le siège social étant basé à Auzeville-Tolosane, en Haute-Garonne. L’association réalise ainsi plus de 23 000 interventions par an. « Notre chiffre d’affaires, 7 millions d’euros en 2019, continue sa progression, affirme Sylvie Marconnet, responsable des ressources humaines. Et notre activité profite de l’émergence du label Haute Valeur environnementale (HVE) et du développement de l’agriculture biologique. Le chiffre d’affaires des contrôles liés à l’agriculture biologique, par exemple, a augmenté de 22 % ! Nous nous attendons au même rythme cette année. Cela se traduit par des embauches chaque année. Nous sommes ainsi passés de 79 salariés en 2014 à 115 salariés aujourd’hui. » Depuis très longtemps, Qualisud fait appel à l’APECITA pour recruter son personnel. « Nous faisons entre 20 à 30 annonces par an, relève Sylvie Marconne, essentiellement pour embaucher des agents de contrôle en CDD et en CDI. Cela peut concerner des ouvertures de postes. Comme dans beaucoup de secteurs, nous constatons un allongement des durées de recrutement et peinons à trouver des candidats. En 2014, il fallait un ou deux mois pour recruter un agent de contrôle. Aujourd’hui, un temps au-delà des quatre mois est devenu courant. »

Des contrôles de cahier des charges officiels et privés

Jusqu’à ce jour, les contrôles de Qualisud se partagent entre ceux qui concernent les signes officiels de la qualité et de l’origine (Siqo) et ceux pour le compte de tiers. Sylvie Marconnet détaille toutefois : « Les contrôles ne sont pas uniquement réalisés pour les structures adhérentes. C’est ainsi par exemple que nous contrôlons pour le groupe Casino les producteurs de volailles qui souhaitent s’engager dans la démarche “bien-être animal”. » L’agent de contrôle est au coeur des métiers de l’organisme de contrôle. « Il réalise les audits dans les exploitations, peut assurer le prélèvement de produits pour vérification, s’assure du respect du cahier des charges. Chez Qualisud, il gère de façon autonome l’organisation de son travail. Du fait de cette autonomie, le personnel de terrain travaille au forfait jour. En moyenne, il suit 100 producteurs dans l’année. » Le métier d’agent de contrôles nécessite non seulement une bonne connaissance du monde agricole et de ses pratiques, mais aussi une capacité à s’adapter et à être autonome. Les contrôles durent en moyenne une demi-journée, mais ils peuvent s’étaler jusqu’à plusieurs jours. Aucun établissement ne dispense un enseignement pour devenir agent de contrôle. Qualisud engage donc des diplômés bac + 2 agricole (BTS en production animale, végétale ou ACSE et licence professionnelle). Puis l’association organise en interne leur formation.

Une démarche RSE en cours

Les premiers pas d’un agent de contrôle sur le terrain ne s’effectuent pas avant qu’il ait été formé au moins quinze jours et que ces aptitudes ne soient reconnues. « Au départ, il s’agit de bien connaître le cahier des charges pour une filière donnée, et le métier, c’est-à-dire apprendre à restituer un audit, expliquer les non-conformités si elles existent… », précise Sylvie Marconnet. Au fur et à mesure des années, l’agent de contrôle va acquérir des connaissances dans d’autres filières. Le chargé de certification, autre métier chez Qualisud, prend le relais des agents de contrôles. Poste administratif et sédentaire à 100 %, il traite le rapport du contrôle et vérifie que les pratiques sont bien conformes. En cas de non-conformité, des barèmes de sanctions existent pour chaque cahier des charges. Le producteur aura ainsi un avertissement ou un déclassement ou sera obligé de se retirer du dispositif. Pour assurer une interface efficace entre l’organisme de contrôle, les ODG, l’INAO, le Cofrac (Comité français d’accréditation) ou les détenteurs de cahier des charges, Qualisud a formé aussi des référents filières. Ces derniers ont aussi en charge les demandes d’habilitation pour les producteurs qui souhaitent entrer dans une démarche qualité. Transmis par l’ODG qui a déjà réalisé lui-même un premier audit, cette demande est examinée par le référent filière qui l’accepte ou pas. Enfin, les nombreux agents de contrôle de Qualisud sont pilotés par des chefs d’équipes qui s’assurent au quotidien du respect des règles et de l’avancement des contrôles durant l’année en cours. Avec un personnel de plus en plus nombreux, Qualisud s’investit dans la qualité de vie au travail. Depuis 2018, l’association a commencé une démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises).

—— Marie-Dominique GUIHARD (Tribune Verte 2934)

EN BREF

  • Siège social à Auzeville-Tolosane (Haute-Garonne)
  • Six sites administratifs : Auzeville-Tolosane, Aire-sur-Adour (Landes), Marmande (Lot-et-Garonne), Limoges (Haute-Vienne), Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) et Châlons-sur-Saône (Saône-et-Loire)
  • 115 salariés dont 90 agents de contrôle

Témoignage : SÉBASTIEN BRUNAT, AGENT DE CONTRÔLE ET RÉFÉRENT FILIÈRE

Depuis dix ans, Sébastien Brunat est agent de contrôle chez Qualisud. Et depuis cinq ans, il partage cette tâche avec la fonction de référent filière fruits et légumes. Au fur et à mesure des années, il a contrôlé de plus en plus de cahiers des charges. Aujourd’hui, il est basé à Marmande, au coeur de la production de fruits et légumes. « Je contrôle des exploitations à moins de deux heures de mon lieu de travail, précise-t-il. Le producteur est prévenu un ou deux jours avant. Et le contrôle s’effectue durant la pleine saison de production. Lorsque nous contrôlons l’application de plusieurs cahiers des charges, notre secteur de travail devient plus concentré. Et en même temps nous acquérons une solide expérience du bassin de production. » En contact permanent avec les producteurs et les exploitations à la gestion très variée, il constate au fil des ans l’évolution du secteur. « Les producteurs de fruits et légumes ont réalisé beaucoup d’efforts pour répondre à la demande de la société, notamment en réduisant les applications de produits phytosanitaires. Mais malheureusement, les consommateurs n’en sont pas toujours informés. C’est ainsi que je note une certaine lassitude chez les producteurs. »