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L'agroforesterie : des arbres au milieu des cultures

L'agroforesterie : des arbres au milieu des cultures

L’agroforesterie désigne l’association d’arbres avec des cultures et/ou des animaux. Dans le Centre, l’association A2RC promeut cette pratique en sensibilisant le public agricole et les services de l’État.
Le point avec Florian Vincent, conseiller forêt et agroforesterie à la Chambre d’Agriculture du Loir-et-Cher.

Qu’est-ce que l’agroforesterie ?
Florian Vincent :L’agroforesterie consiste à associer des éléments arborés avec des cultures et/ou des animaux. Ces pratiques peuvent être anciennes (haies, pré-vergers, sylvopastoralisme, arbres isolés) ou exister sous une forme plus récente, avec les alignements intraparcellaires d’arbres à vocation de bois d’oeuvre. Aujourd’hui, le mot « agroforesterie » regroupe l’ensemble de ces pratiques permettant sur une même surface d’avoir une production agricole et arborée qui peut être à vocation fruitière, bois d’oeuvre, bois énergie, paysager ou qui peut favoriser la biodiversité. Les intérêts sont multiples. Nous pouvons notamment citer le support que représentent les arbres pour les auxiliaires de cultures utiles afin d’aider à réduire les produits phytosanitaires tout en étant favorable à l’accueil d’une faune diversifiée. Les arbres permettent également d’enrichir le sol en carbone en restituant chaque année une quantité importante de matière organique au sol (par le biais des feuilles et des racines). Les arbres sont d’ailleurs bien souvent capables d’aller chercher les éléments nutritifs et l’eau en profondeur, ce qui les rend non pas concurrents mais complémentaires aux cultures lorsque la conduite technique est bien faite. Les arbres dans le paysage agricole permettent aussi de limiter l’érosion qui peut être importante sur certaines formations et dans les secteurs en pente, et participent à capter les éventuels surplus non utilisés par les cultures (azote et phosphore, notamment).

Pouvez-vous nous présenter l’association A2RC et ses objectifs ?
F. V. : L’association d’agroforesterie de la région Centre (A2RC) a pour objectif de promouvoir et de former à l’agroforesterie dans la région en faisant de la sensibilisation du public agricole (et même du grand public), mais également auprès des services de l’État. Il y a également une volonté d’apporter des éléments techniques à toute personne s’intéressant à l’agroforesterie et souhaitant éventuellement développer un projet au sein de son exploitation et sur du foncier en sa possession. Le but de l’association est aussi de suivre les évolutions réglementaires (contraintes, réglementation, mesures de financement) pour pouvoir apporter des réponses aux personnes s’intéressant à ce sujet dans la région. A2RC regroupe des exploitants agricoles, des chercheurs et des conseillers techniques sur l’arbre, ce qui permet de suivre les innovations sur le sujet tout en restant très en phase avec les attentes du terrain.

Comment se développe l’agroforesterie dans la région Centre ?
F. V. : L’agroforesterie est une thématique en forte progression ces dernières années, même si c’est une pratique très ancienne par le biais des conduites historiques (haies, pré-vergers, maraîchage-verger, par exemple). Les contraintes climatiques (fortes chaleurs en été, sécheresse, gel de printemps, excès d’eau en hiver)  poussent de plus en plus d’exploitants à s’interroger sur ce que peut apporter l’arbre dans ce contexte. Le potentiel de développement est fort, puisque la région est très agricole avec une forte diversité de productions. L’enjeu est de continuer de promouvoir la pratique en étant relai des connaissances techniques grandissantes sur le sujet. Les porteurs de projets dans la région sont de plus en plus nombreux, tout comme les personnes se posant des questions sur le sujet. Les programmes permettant de soutenir financièrement les plantations sont encore incomplets, ce qui peut limiter le développement de la pratique. Cependant, des systèmes de compensation carbone sont en développement, ce qui pourrait permettre aux exploitants d’avoir une petite rémunération pour les arbres qu’ils plantent ou qu’ils gèrent en fonction du carbone qui est ou qui sera stocké. Dans le contexte actuel de réchauffement climatique, cette pratique ne pourra qu’être  bénéfique puisqu’elle participera au développement et au maintien des arbres dans le système agricole tout en valorisant le stockage carbone qui est fait.

—— Danielle BODIOU (Tribune Verte 2944)