Les difficultés de recrutement

Les difficultés de recrutement

Attirer des candidats devient un véritable défi pour les entreprises et pour les exploitations agricoles. L’AOP Saint-Nectaire et la coopérative Corali en sont deux exemples.

Coopérative Corali : recherche permanente de Technico-commerciaux

Au sein de la coopérative Corali, qui s’occupe du commerce de bovins pour leur viande, la recherche de technicocommerciaux est une préoccupation permanente. Pour Frédéric Jabouille, responsable commercial, l’image dégradée de l’agriculture explique la moindre attractivité de la filière. « Quand nous proposons une offre d’emploi, peu de candidats y répondent, affirme-t-il. Le débat sur le bien-être animal a un impact chez les jeunes qui cherchent du travail. Par ailleurs, les conditions de travail et les contraintes jugées difficiles dans notre secteur ne jouent pas en notre faveur. Certes, le technico-commercial fait beaucoup d’heures, mais il a la chance d’avoir une marge de liberté importante, de rencontrer beaucoup de monde, de travailler souvent à l’extérieur et de pouvoir exercer une passion. »

AOP Saint-Nectaire : 40 postes à pourvoir

Dans la filière AOP Saint-Nectaire, 40 postes sont à pourvoir. Le fromage Saint-Nectaire est connu et apprécié. Ce n’est pas pour autant que les recrutements sont faciles. « Travailler avec le milieu vivant, et notamment avec des vaches laitières, oblige à suivre des cycles et à respecter la traite le matin et le soir, et ce toute l’année. Ce travail d’astreinte, en milieu rural, peut être vu comme une contrainte, reconnaît François Peyroux, conseiller de développement de l’AOP Saint-Nectaire. Aujourd’hui, les exploitations en AOP Saint-Nectaire se structurent comme de réelles entreprises afin de concilier vie professionnelle et vie de famille. Cela implique une recherche plus importante de candidats en dehors du monde agricole lui-même. Les enfants d’exploitants ne restent plus systématiquement sur l’exploitation. Les postes les plus recherchés sont ceux de responsables d’élevage, les véritables assistants du chef d’exploitation, et de fromagers. Nous devons donc nous faire connaître et communiquer nos besoins au monde extérieur à notre filière. C’est une période propice pour le faire, puisque certains éprouvent l’envie de revenir aux sources et de bénéficier de conditions de vie hors des zones citadines. » L’AOP Saint-Nectaire investit ainsi dans la communication pour mettre en avant les diverses opportunités qu’offre la filière. Elle est présente dans différents Salons (SIA, Sommet de l’élevage) et intervient dans les écoles afin de faire découvrir ses métiers. « Le poste de salarié dans une exploitation peut être un véritable tremplin pour devenir chef d’exploitation », développe François Peyroux. L’AOP organise aussi des programmes de formation pour établir durablement de bonnes relations humaines et pour accompagner les exploitants dans leur nouveau rôle de manager.

Opinion : Philippe BEAUR, APECITA

« Depuis quelques d’années, les difficultés de recrutement dans l’agriculture, et particulièrement dans la filière élevage, se font plus importantes. Cela concerne les emplois dans les exploitations elles-mêmes, mais aussi dans les secteurs du développement et de l’accompagnement tels que la vente et le conseil. Cela s’explique par une conjonction de plusieurs facteurs, dont l’image de l’élevage, qu’il conviendrait d’améliorer, l’évolution sociétale, la montée en puissance de la génération vegan… Le rapport à l’animal change aussi. Les étudiants des filières agricoles (bac, BTS, ingénieurs) n’envisagent pas tous de faire carrière dans le domaine de la production conventionnelle. Pourtant, les pratiques ont changé et l’approche de l’élevage est passionnante d’un point de vue technique. Ses filières offrent de nombreuses opportunités dans des domaines de compétences très différents, où la relation humaine est incontournable. »