Méthanisation dans le Loiret : la logistique est déterminante

Méthanisation dans le Loiret : la logistique est déterminante

L’injection de biométhane a ouvert la porte de la diversification énergétique aux exploitations céréalières. Dans le Loiret, de nombreux projets voient le jour. La chambre d’agriculture qui les accompagne veille à leur bonne cohérence, notamment concernant les coûts d’approche.

«La mise au point de la technologie d’injection de biométhane dans le réseau
GRDF a rebattu les cartes, analyse Laurent Lejars, chargé de mission recherche, référencement et innovation à la chambre d’agriculture du Loiret. Jusqu’en 2010, les projets de méthanisation agricole étaient portés par des éleveurs, qui s’appuyaient sur leur gisement d’effluents. Désormais, les céréaliers purs peuvent développer des unités de méthanisation pour valoriser les pailles des céréales et les cultures intermédiaires (CIVE1) de leur rotation. » En arrière-plan, se développe un bassin d’industries agroalimentaires, génératrices de sous-produits potentiellement méthanisables : sucriers, légumeries, conserveries… « Le contexte agricole est assez morose, avec la fin des quotas betteraviers et l’absence de perspectives stables à moyen terme pour les céréales. Pour beaucoup d’exploitations, la question se pose de trouver de nouvelles pistes de développement. La méthanisation peut parfois y répondre. »

Un important gisement lié aux industries agroalimentaires

La sensibilisation des agriculteurs, à l’occasion de divers rendez-vous professionnels tels que le dernier Salon en date, baptisé « Énergies » et organisé par les chambres d’agriculture du Val de Loire à Fleury-les-Aubrais, a porté ses fruits. « Cet événement, dédié à toutes les énergies : méthanisation, mais aussi photovoltaïque et bois-énergie, permet de rencontrer les futurs porteurs de projets », résume le chargé de mission. Depuis deux ans, de nombreux nouveaux projets voient le jour. « Il y a une nouvelle vague, avec de nombreuses demandes d’étude de faisabilité. La plupart de ces projets sont collectifs, de taille conséquente, avec des surfaces potentielles pour l’épandage de l’ordre de 1 000 à 2 000 ha, et des montants d’investissement de 2 à 9 millions d’euros… Dans le Loiret, une dizaine de nouveaux projets sont en bonne voie. » Mentionner les surfaces d’épandage n’est pas anodin, car un projet cohérent doit intégrer ce volet. « Dans l’approche économique, la question des coûts d’approche logistiques est primordiale : il faut absolument chiffrer pour pouvoir optimiser ce poste. Si le tuyau de raccordement au réseau est posé une fois pour toutes, emmener les matières premières jusqu’au méthaniseur et épandre le digestat sont des opérations régulières, durant toute la durée de vie de l’installation. Choisir le site le mieux placé vis-à-vis de ces contraintes est donc très important pour la rentabilité du projet. Sécuriser le gisement de co-produits des industries agroalimentaires par un contrat est également primordial. Nous accompagnons les agriculteurs sur le choix du constructeur et sur les formalités de raccordement. En outre, nous travaillons beaucoup avec eux sur la mise au point de leur nouvelle rotation, qui intègre des cultures intermédiaires dédiées à une valorisation énergétique. » Une autre question importante est celle du profil des porteurs de projets. « La méthanisation engage sur quinze à vingt ans, et ce n’est donc pas tout à fait en phase avec la démographie des chefs d’exploitation, dont la moyenne d’âge est supérieure à cinquante ans. Le montage financier est donc délicat. »

—— Alexandre CORONEL (Tribune Verte 2924)
(1) Cultures intermédiaires à vocation énergétique.

DES AIDES CONSÉQUENTES

Le 10 septembre dernier, l’Ademe Centre - Val de Loire a signé des conventions de financement pour quinze installations de méthanisation dans la région. Quatre d’entre elles sont situées dans le Loiret et seront destinées à transformer les déchets agricoles en biogaz. Ces quinze projets produiront à terme (d’ici un à trois ans) plus de 24 millions de normo mètres cubes de gaz, soit l’équivalent de la consommation annuelle de gaz d’environ 25 000 foyers. Ces projets recevront une participation financière importante de l’Ademe et du Feder (Fonds régional européen). Le montant total de l’investissement sera de 86 millions d’euros pour les quinze installations, avec une enveloppe de plus de 11,9 millions d’euros d’aide.