- Environnement

Méthanisation : Une activité en plein essor

Méthanisation : Une activité en plein essor

Avec une quarantaine d’unités en fonctionnement ou à venir, la région Centre connaît un véritable attrait pour la méthanisation. Malheureusement, si l’élan semble réel depuis trois ans, il semble que des freins réglementaires, économiques et sociétaux viennent ralentir le mouvement.

Avec quinze unités de méthanisation mises en route sur les trois dernières années, le Cher fait partie des départements les plus dynamiques de la région. Pourtant, Pierre-Guillaume Cuissinat, conseiller en énergie à la chambre d’agriculture du Cher, n’est pas totalement optimiste : « Nous étions vraiment sur une bonne dynamique ! Mais le changement tarifaire qui a eu lieu en fin d’année dernière a marqué un premier coup de frein. Et au 1er juillet 2021, la modification du régime 2781, qui gère la législation autour des méthaniseurs, a durci les contraintes liées aux installations. Cette double sanction a pour conséquence de freiner drastiquement les nouveaux projets, qui auraient pu  émerger en fin d’année ou en début d’année prochaine. Alors que l’objectif initial du Gouvernement était de mettre en place la même stratégie qu’il y a une dizaine d’années en photovoltaïque : réduire le coût d’achat de l’électricité pour réduire le coût final des équipements. Cela avait très bien fonctionné pour le photovoltaïque. Mais en méthanisation, de nombreux coûts sont incompressibles. Et plutôt que de favoriser cette production d’énergie renouvelable, cette nouvelle législation freine plutôt le développement,  c’est bien dommage. »

Une pression importante

Surtout que ces contraintes économiques et réglementaires s’accompagnent quasi systématiquement de contraintes sociétales : « C’est un sujet délicat, annonce le conseiller du Cher. Désormais, à chaque début de projet, nous prévenons les porteurs de projets que dans 99 % des cas, une attaque administrative sera faite pour voir le projet s’arrêter avant même la construction. Cela va avoir pour conséquence de faire perdre du temps dans le projet a minima, mais cela peut également faire diminuer la rentabilité finale du projet. C’est dommage, nous avons toujours un ou plusieurs opposants au projet, qui craignent les nuisances. Nous préparons donc nos porteurs de projets à bien communiquer autour d’eux, à construire un projet cohérent, en intégrant dès le début du projet les différentes parties que l’on retrouve sur le territoire. Mais même en mettant tout ceci en place, certains porteurs de projets prennent peur en voyant les attaques que peuvent avoir certaines associations ou riverains. Des projets pourtant viables et écologiquement responsables sont donc enterrés avant même que l’idée puisse avoir une chance d’aboutir. C’est pour cette raison que l’ensemble des chambres départementales de la Région Centre-Val de Loire travaillent actuellement sur un guide pour aider les collectivités à accompagner les porteurs de projets. »

Un partenariat gagnant-gagnant

Pourtant, lorsque les projets vont au bout, cela amène de belles symbioses sur le territoire ! « Généralement, les projets que nous avons sur nos territoires regroupent entre quatre et douze agriculteurs, aussi bien des éleveurs que des céréaliers, constate le conseiller. Ce sont souvent des gens qui travaillaient déjà ensemble pour faire de l’échange paille-fumier, mais pas toujours ! Dans un groupe, nous avons même un viticulteur qui a investi aux côtés d’éleveurs et de céréaliers. »

Côté choix technologiques, la plupart des groupes se tournent désormais vers de l’injection directe dans le réseau. « Je pense que cela représente aujourd’hui 80 % de nos unités de méthanisation. La cogénération n’intéresse que les gens qui ont besoin de chaleur sur leur exploitation, ou alors les gens qui sont trop loin d’un réseau de gaz existant. Dans ce cas, la cogénération est une solution viable économiquement. À noter également, pour prouver le dynamisme de notre territoire sur cette thématique, que Bourges sera le 4e site en France à pouvoir faire ce que l’on appelle du "rebours de gaz". Cette technique consiste à comprimer le biométhane non consommé sur un réseau de distribution pour ensuite l’injecter vers le réseau de pression supérieure. Il permet ainsi le renvoi du gaz vers une zone de consommation de gaz plus éloignée. »

—— Simon BILLAUD (Tribune Verte 2970)