Pass Industries : Recruter sur des métiers en tension

Pass Industries : Recruter sur des métiers en tension

Au sein d’un bassin d’emploi, certains secteurs recrutent quand d’autres rencontrent des difficultés. Comment créer des passerelles vers et entre les secteurs afin de trouver des personnes sur les territoires ? Telle est l’ambition de Pass Industries. La démarche, lancée en 2019, aide les entreprises à améliorer leur attractivité et à recruter des métiers dits « en tension ».

La démarche Pass Industries1 réunit des secteurs industriels qui pouvaient se trouver en concurrence sur certains postes. « Lors de la création du Pass Industries en 2019, les secteurs de l’alimentaire et de la métallurgie avaient la volonté de travailler en coopération sur des métiers en tension », indique Nathalie Lucas, chef de projet à la direction innovation et services aux entreprises et actifs d’Ocapiat. Aujourd’hui, ce sont neuf secteurs qui sont concernés : métallurgie, pharmacie, chimie, plasturgie, bois, ameublement, papier-carton, carrière et matériaux et industrie alimentaire. Cette expérimentation se terminera à la fin de l’année 2021.

Les métiers dits « en tension » sont notamment les postes de conducteur de machines, conducteur d’équipements, conducteur de ligne, opérateur et technicien de maintenance. « Auparavant, il y avait 30 personnes pour un poste, explique Claude Fino, directeur de Co&Sens qui accompagne la démarche Pass Industries. Aujourd’hui, le recrutement est un processus : l’entreprise doit être attractive, elle doit élargir ses sources, elle doit former. » La priorité de la démarche est d’aider les entreprises à changer leur regard sur l’emploi, de faire en sorte qu’elles soient plus attractives, et qu’elles fassent évoluer leur recrutement

« Le challenge de Pass Industries est de faire venir dans les entreprises industrielles des profils auxquels ces entreprises n’auraient pas pensé de prime abord, c’est-à-dire sans formation et/ou expérience des métiers industriels », ajoute Nathalie Lucas. La particularité de Pass Industries est de réunir autour d’une même table les secteurs  industriels, Pôle emploi, le conseil régional, la Direccte, les acteurs de l’emploi et de la formation, les communautés de communes… Ces acteurs travaillent ensemble au niveau d’un bassin d’emploi afin de trouver les ressources sur ce territoire. Des outils sont proposés aux entreprises comme la mise en place d’une prestation sur l’attractivité des métiers et de la marque employeur.

Quatre régions en test

Pass Industries travaille également sur les problématiques liées à l’accès à l’emploi : les problèmes de logement, de garde d’enfants, de transport… Autant de sujets qui peuvent freiner les salariés.

Quatre régions testent actuellement le Pass Industries : Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne, Hauts-de-France et Grand Est. Cinq Poec2 avec une dizaine de candidats chacune ont été mises en place. Pendant cinq à huit semaines, les candidats se préparent pour leur nouvel emploi avec une immersion dans l’entreprise. Cela a permis à un moniteur de planche à voile, à un gendarme et à une assistante de vie de rejoindre des entreprises industrielles pour des postes d’opérateur. « La Covid-19 a fait évoluer les besoins des entreprises, souligne Claude Fino. C’est pourquoi Pass Industries s’intéresse également à la recherche de passerelles interindustries. » Cela passe par une collaboration entre les entreprises qui recrutent et celles qui « décrutent ». Elles s’interrogent sur comment faire connaître les compétences recherchées dans les autres entreprises. « Pour attirer les personnes, les entreprises doivent donner une image globale : mettre en avant leurs conditions de travail, amener de la visibilité et de la stabilité », précise Claude Fino. Elles peuvent par exemple réaliser un film dans lequel le directeur présente son entreprise.

Rappelons qu’in fine c’est le salarié qui décide de changer d’entreprise. « La formation des salariés est gérée par les différents dispositifs qui existent et qui fonctionnent bien, détaille Claude Fino. Pass Industries veut aller plus loin : proposer une palette de services plus large, avoir un point de chute dans les entreprises, et donner de la visibilité. La priorité est bien d’amener une personne à se projeter dans une autre entreprise. »

—— Stéphanie BOT (Tribune Verte 2956)

(1) Démarche associant OPCO2i, Ocapiat et leurs branches professionnelles ainsi qu’à la délégation générale à l’Emploi et à la Formation professionnelle (DGEFP) du ministère du Travail et financée par un Edec (Engagement de développement de l’emploi et des compétences).
(2) Préparation opérationnelle à l’emploi collective.