Plan de professionnalisation personnalisé : se professionnaliser avant de s’installer

Plan de professionnalisation personnalisé : se professionnaliser avant de s’installer

Dans le cadre d’une installation aidée ou dans une démarche volontaire, le jeune agriculteur peut réaliser un plan de professionnalisation personnalisé, complétant ainsi ses compétences et ses connaissances pour exercer son futur métier de chef d’exploitation agricole.

«Lorsque les porteurs de projet sont prêts à s’installer, que les clignotants sont à l’orange ou au vert, ils peuvent rentrer dans le dispositif du plan de professionnalisation personnalisé (PPP) », présente Christophe Roux, responsable formation, communication et promotion à la chambre d’agriculture de Lozère (CA 48). « Ce PPP a pour objectif d’identifier les compétences indispensables préalables à l’installation. Ces compétences sont requises pour permettre au porteur de projet d’exercer dans de bonnes conditions le métier d’agriculteur, et plus précisément la fonction de chef d’exploitation. À cette fin, plusieurs actions de professionnalisation peuvent lui être proposées », explique le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation dans son cahier des charges national.

Comprendre ses besoins

Réaliser un PPP est obligatoire dans le cadre d’une installation aidée nationale. Les porteurs de projet qui ne sont pas dans cette situation peuvent néanmoins solliciter de manière volontaire un PPP auprès du centre d’élaboration du plan de professionnalisation personnalisé (CEPPP). Tout comme les points accueil installation (PAI), dans chaque département, un CEPPP est labellisé par le préfet de région. Il est animé par un conseiller compétences et par un conseiller projet. Au CEPPP de Lozère, les entretiens sont ainsi conduits par un conseiller projet de la CA 48 et par un conseiller compétences du CFPPA de Lozère. Partout en France, les porteurs de projet sont dirigés vers le CEPPP par le point accueil installation (PAI) et doivent remplir au préalable le document d’autodiagnostic des compétences. Au CEPPP 48, Christophe Roux indique qu’avant cette entrevue, il leur demande également « d’identifier les formations auxquelles ils ont pensé afin de voir s’ils sont conscients de leurs besoins de professionnalisation ».

Impliquer l’agriculteur dans la budgétisation de son projet

Lors de l’entretien, les conseillers du CEPPP prescrivent systématiquement un stage collectif d’une durée de 21 heures. Selon les besoins en compétences du porteur de projet, des formations professionnelles continues peuvent être proposées. « Nous prescrivons souvent la formation "Je m’installe, je construis mon plan d’entreprise [PE]". Elle permet d’impliquer les porteurs de projet ou les candidats à l’installation dans la budgétisation de leur projet. Ce PE est demandé par les financeurs avec une prévision du chiffre d’affaires pour les quatre ans à venir », argumente-t-il. Certaines formations sont techniques, en lien avec les productions ou avec les transformations qui seront développées, ou bien relatives au fonctionnement de l’entreprise. « Nous avons un catalogue de formations organisées par les CA, par les CFPPA et par les organismes comptables », précise-t-il. Selon lui, l’idée est bien de répondre à cette question : « Dans mon futur métier, de quoi vais-je avoir besoin de maîtriser pour mettre toutes les chances de mon côté ? »

À côté des formations, les conseillers peuvent prescrire des stages de parrainage ou bien des stages d’application en exploitation agricole pouvant durer entre un et six mois. « Un jeune agriculteur qui n’a pas encore été confronté au monde de l’agriculture (situation hors cadre familial) peut sécuriser ses pratiques. S’agissant de ceux qui s’installent dans un cadre familial, cela les amène à se déplacer dans les autres exploitations pour y découvrir leurs caractéristiques, et à s’interroger sur leur système familial », affirme-t-il.

Toutes les actions de formations professionnelles prescrites par les conseillers et approuvées par le porteur de projet ne peuvent être réalisées qu’une fois le PPP agréé par le préfet de département. Ensuite, le jeune agriculteur a trois ans maximum pour les réaliser et pour faire valider le plan par le préfet. « Il peut arriver que de nouvelles formations soient identifiées dans ce délai des trois ans. Il est  alors possible de faire un avenant, mais ce dernier doit être argumenté et en lien avec l’évolution du projet (l’ajout d’un atelier de production, par exemple) », souligne Christophe Roux. Pour lui, le porteur de projet doit mettre à profit ce délai pour se professionnaliser et pour ne pas faire les choses dans l’urgence. En effet, les formations ne sont pas disponibles dans tous les départements et à tout moment dans l’année. Son message est donc le suivant : « Anticipez ! »

—— CAROLINE EVEN (Tribune Verte 2927)

Stage collectif de 21 heures UN STAGE INTÉGRÉ AU PPP

Dans le cadre du plan de professionnalisation personnalisé (PPP), un stage collectif de 21 heures est prescrit. C’est une action de formation obligatoire pour les porteurs de projet éligibles aux aides nationales à l’installation, mais qui reste toutefois ouverte aux autres profils. Au CEPPP de Lozère, ce stage est organisé par le CFPPA de Lozère. « Le candidat est immergé dans le dispositif d’accompagnement agricole. Il va rencontrer des interlocuteurs qui gravitent autour des activités agricoles : centres de formation, chambres d’agriculture, point accueil installation, direction départementale des territoires (DDT) pour les aides à l’installation, organismes comptables, mutualité sociale agricole (MSA), intervenants autour de la commercialisation », explique Christophe Roux, responsable formation, communication et promotion à la chambre d’agriculture de Lozère.

Romain Lelièvre, ferme de Pincheloup (Eure) : « IL EST IMPORTANT DE NE PAS SURESTIMER SON POTENTIEL »

Début 2020, Romain Lelièvre espère pouvoir s’installer en tant que jeune agriculteur à la ferme de Pincheloup, située dans l’Eure. « Je rejoins mes parents en Gaec. J’ai repris 25 hectares d’herbage et 30 vaches laitières », indique-t-il. À terme, cette exploitation bio devrait ainsi posséder 60 vaches laitières et 60 chèvres, nourries uniquement à l’herbe sur 110 hectares. Une partie de la production restera transformée à la ferme et vendue en direct, tandis que l’autre partie de la production de lait de vache sera livrée à une coopérative bio. Salarié sur l’exploitation EARL de ses parents depuis trois ans, Romain Lelièvre (diplômé d’un bac professionnel agricole) a commencé ses démarches d’installation début 2019. Il s’est rapproché du point accueil installation de l’Eure et a suivi toutes les étapes nécessaires à l’obtention de la dotation Jeunes Agriculteurs (DJA). Il a rencontré les conseillers du plan de professionnalisation personnalisé, effectué le stage collectif de 21 heures et a réalisé son plan d’entreprise. Pour élaborer ce dossier, il a réalisé une étude de faisabilité économique de son projet avec l’accompagnement de la chambre d’agriculture de l’Eure et un centre de gestion. « Nous avons regardé si le projet passait au niveau de la production, des investissements, explique-t-il. Il est important de ne pas surestimer son potentiel. (…) Mon projet a l’avantage d’être un système économe et d’être positionné sur le secteur de la bio qui est porteur. »