Plan de relance : "Chaque agriculteur peut y gagner"

Plan de relance : "Chaque agriculteur peut y gagner"

Avec sa diversité de filières agricoles, les Pays de la Loire ont vu leur agriculture touchée inégalement par la Covid-19. Le plan de relance d’1,2 milliard d’euros va permettre d’apporter un réel accompagnement aux producteurs comme aux filières, sur des axes stratégiques, d’après la FRSEA.

«Avec un grand nombre de filières agricoles au niveau de la région, les impacts de la crise de la Covid-19 et des confinements sont très divers ; sans compter que certaines étaient déjà en difficulté, et la pandémie est venue aggraver les situations », observe Michaël Sonet, directeur de la FRSEA des Pays de la Loire.

Pour la viticulture régionale, les fermetures de la restauration hors domicile suite à la crise sanitaire s’ajoutent aux tensions sur les marchés anglais avec le Brexit, et américains avec les mesures de rétorsions. La filière pigeons, dont 65 % de la production nationale est réalisée en Pays de la Loire avec une quarantaine d’éleveurs, voit sa situation aggravée fortement par la fermeture des restaurants. Si la production de volailles semble se maintenir en poulets et dinde, le secteur des canards et des volailles festives est beaucoup plus perturbé, poursuit Michaël Sonet.

Des mesures insuffisantes

L’horticulture, parmi les fleurons régionaux, a largement souffert du premier confinement, période où certaines entreprises réalisent en temps normal 80 % de leur chiffre d’affaires annuel. « Le deuxième confinement a eu son lot de décisions difficiles à prendre pour les chefs d’entreprise du secteur : faut-il mettre en production des plants, en engageant de la trésorerie, sans être certain de pouvoir vendre ensuite ? Les mesures d’avances de trésorerie et de  prêts n’étaient pas suffisantes dans ces cas, pour des entreprises qui sont en attente des aides directes », insiste-t-il.

Pour le secteur du lait, alors que plusieurs signaux faisaient espérer des prix à la hausse début 2020 (loi EGalim, contractualisation, prise en compte du coût de production…), la tendance est à la baisse aujourd’hui. Pour la viande, les confinements ont entraîné une explosion de l’achat de viande achée dans les grandes surfaces, mais sans effet positif sur les prix payés aux producteurs. « Même si la hausse obtenue en vache allaitante au printemps est un premier pas, vous êtes loin des coûts de production, dénonce Michaël Sonet. Idem pour les broutards vendus en Italie et Espagne, où les prix étaient en baisse malgré une demande soutenue… Nous avons ainsi demandé aux producteurs de faire des retenues d’animaux en ferme, dans la mesure du possible, pour tenter de faire pression sur les marchés. »

Lancement dès janvier 2021

Avec le plan de relance annoncé par l’État, et son enveloppe dédiée à l’agriculture de 1,2 milliard d’euros, le directeur de la FRSEA des Pays de la Loire se veut plus optimiste. « Si vous ajoutez les aides généralistes, vous dépassez le 1,2 milliard accessible aux filières agricoles. Mais tout n’est pas encore calé, alors nous attendons pour lancer la communication, et orienter les demandes auprès des divers contacts : FranceAgriMer, Ademe, etc. Certains plans, comme ceux portés sur les agroéquipements et les aléas climatiques, seront lancés dès janvier 2021. Notre conseil donné aux agriculteurs est de répondre dès que possible sur les lignes budgétaires qui les concernent, car les dispositifs fonctionnent sur la règle : premier arrivé, premier servi. Alors n’attendez pas ! »

Souveraineté alimentaire, plan protéines, adaptation aux changements climatiques, ou transition agroécologique. Sur ces sujets mis en avant par le plan de relance, Michaël Sonet estime que le Gouvernement va dans le bon sens. « Que ce soit pour financer de petits investissements ou des projets plus conséquents, le dispositif peut apporter des réponses à chaque producteur. Les filières pourront aussi récupérer des fonds pour mieux préparer l’avenir, sur de nouvelles productions ou des valorisations agricoles innovantes. Il est important de veiller à informer le maximum les professionnels, afin que les enveloppes soient consommées, au service de notre agriculture, sinon, elles seront redistribuées à d’autres secteurs d’activité. C’est notamment grâce à ces soutiens financiers que l’agriculture pourra faire sa transition. »

—— Olivier LÉVÊQUE (Tribune Verte 2954)