Primoris : Le laboratoire qui piège les pesticides dans l’alimentation

Primoris : Le laboratoire qui piège les pesticides dans l’alimentation

Entreprise belge réalisant des analyses de pesticides et de contaminants dans les produits alimentaires, Primoris est également implantée en France. Elle gère la logistique des échantillons et accompagne ses clients tout au long de la procédure.

Implanté en France depuis 2007, le laboratoire belge Primoris réalise des analyses de résidus de pesticides et de contaminants dans le secteur agricole et agroalimentaire.

Un développement dans de nombreux pays

À la fin des années 1990, les coopératives belges Veiling, spécialisées dans la vente à la criée de fruits et de légumes, décident de se doter d’un outil de qualité en analyse de pesticides afin d’exporter ses produits. C’est ainsi que la coopérative Fytolab est née. En 2015, elle prendra le nom de Primoris, devenu holding suite à la création d’autres laboratoires à la reprise de l’organisme de certification (CKCERT) et à la création de l’association Ciboris, bureau d’expertise qui évalue les risques liés à la sécurité alimentaire. Son développement s’accompagne aussi d’implantations dans de nombreux pays aux structures identiques à celle de Primoris France. Philippe Brousses est ainsi à l’origine de l’antenne française, dont le siège se situe à Bellegarde, dans le Loiret, au sein du laboratoire ACM pharma1. « Aujourd’hui, l’équipe se compose de trois salariés, précise-t-il. Notre assistante, Céline, est arrivée en 2012 pour me seconder. Elle gère toute la partie administrative de l’activité, la facturation, la logistique de transport des échantillons, les contacts avec nos clients et avec notre laboratoire installé à Gand, en Belgique, qui effectue toutes les analyses. Isabelle, ingénieure UniLaSalle, exerce, comme moi, la fonction de technico-commercial, notamment dans l’accompagnement de nos clients et dans la prospection. Elle devrait me succéder en janvier 2021. » Primoris étant agréé pour l’analyse de tous les produits végétaux, ses clients sont des producteurs et des industriels transformateurs de l’agroalimentaire. Le conseil aux clients, qui entraîne de nombreux échanges, est un axe majeur des technico-commerciaux chez Primoris. « D’abord, nous écoutons attentivement leurs besoins, leurs attentes, les raisons pour lesquelles ils demandent une analyse de résidus ou de contaminants, explique le responsable. Ensuite, nous les conseillons en fonction de la législation, des exigences de leurs clients et des cahiers des charges auxquels ils sont soumis. » Dès la demande des clients enregistrée, la démarche est sensiblement identique. Les clients préparent les échantillons, font une demande d’enlèvement auprès de Primoris France qui en gère le transport, depuis leur entreprise en passant par l’antenne à Bellegarde jusqu’au laboratoire belge. La première étape consiste à enregistrer l’échantillon reçu dans une base de données (LIMS) pour assurer sa traçabilité. Il est ensuite homogénéisé. Puis, une partie, quelques grammes, est prélevée pour l’analyse, et le reste est congelé. Des solvants sont ensuite ajoutés et le mélange sera secoué, agité ou centrifugé pour séparer le liquide de la matière solide. Enfin, le liquide, qui contient les molécules recherchées, pesticides ou contaminants, sera envoyé en analyse dans les machines.

600 molécules analysées en même temps

Aujourd’hui, le principe de la combinaison des méthodes consiste à identifier et à quantifier jusqu’à 600 molécules différentes en une seule fois. C’est ce que l’on appelle une « analyse multirésidus », rendue possible depuis les années 2000 grâce à la double spectrométrie de masse, technique d’analyse chimique permettant de détecter, d’identifier et de caractériser la structure chimique de molécules d’intérêt par mesure de leur masse mono-isotopique. Le principe consiste à comparer des molécules étalons dont on connaît bien la structure avec celles de l’échantillon. Actuellement, les experts ont dénombré entre 8 000 et 9 000 pesticides dans le monde, et peutêtre un millier en Europe. « Le plus souvent, nos clients nous demandent de détecter le plus de molécules possible. Grâce aux progrès techniques et au savoir-faire de nos équipes, nous sommes en mesure de détecter de plus en plus de molécules dans un même échantillon », ajoute Philippe Brousses. Les résultats obtenus par la machine sont ensuite examinés par un analyste. Ce dernier contrôle l’ensemble des paramètres analytiques pour statuer sur la quantification des pesticides. Chez Primoris, une vérification est aussi assurée pour valider les résultats du premier analyste. Lorsque l’analyse montre que le pesticide dépasse la limite maximale de résidus (LMR), une seconde analyse, identique à celle qui vient d’être décrite, est réalisée à partir de l’échantillon conservé. « Notre rôle est d’accompagner notre client pour optimiser le choix des méthodes d’analyse et pour interpréter les résultats. Concernant les questions très pointues, nous pouvons aussi nous appuyer sur notre équipe de Gand », spécifie Philippe Brousses. Dans plus de 95 % des cas, le produit est déclaré conforme. « Les échantillons non conformes restent stables malgré le nombre croissant d’analyses effectuées et le fait que les LMR ont tendance à être globalement revues à la baisse. Cela signifie que dans la très grande majorité des cas, les producteurs respectent les conditions d’application », relève le responsable. En raison de la pression sociétale et des avancées technologiques, les normes en résidus et en contaminants évoluent à la baisse. Ces analyses deviennent donc un poste clé dans le monde agricole et agroalimentaire.

—— Marie-Dominique GUIHARD (Tribune Verte 2935)

EN BREF

  • Création de Primoris à Gand, en Belgique, dans les années 1990
  • Création de l’antenne France en 2007
  • Laboratoires au Costa Rica, en Bulgarie et en Colombie
  • 70 000 échantillons analysés au laboratoire de Gand
  • 120 salariés pour la holding

Parcours : L’EXPÉRIENCE DE PHILIPPE BROUSSES

Philippe Brousses a lancé l’antenne française de Primoris en 2007. Son expérience, acquise depuis 1980, année où il obtient un BTS en production végétale, lui permet de maîtriser le métier qu’il occupe actuellement. Son parcours commence au Cèdre, devenu le pôle légumes région Nord du CTIFL où il conseille les maraîchers. Il occupe ensuite un poste de responsable secteur dans une sucrerie durant quatre ans. Puis, durant dix-neuf ans, il exerce diverses fonctions chez Florimond-Desprez, d’adjoint au service commercial à la création du service développement. Lorsque le semencier cède son activité de sélection betterave en 2005, Philippe Brousses en profite, à 48 ans, pour se former au management d’équipe et pour obtenir un master dans cette spécialité : « Aujourd’hui encore, cette formation m’aide à bien gérer notre petite équipe », précise-t-il. Ensuite, après avoir répondu à une offre APECITA, il entre chez Primoris. L’antenne française a également fait appel à l’association pour les deux autres postes qui ont été créés, dont celui d’ingénieur technico-commercial qui a vu le jour récemment. Après diffusion de l’annonce, l’Apecita a ainsi présélectionné les candidats et a entrepris les entretiens d’embauche.