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Reconversion : l'aquaculture après le journalisme

Reconversion : l'aquaculture après le journalisme

Parce qu’il voulait vivre à la campagne, François Isambert, journaliste, achète une pisciculture dans l’Aude.

Durant dix années, François Isambert a exercé la profession de journaliste, à Montpellier et à Paris, pour divers supports, comme Canal +. À 33 ans, il a décidé, avec sa femme, de quitter la ville pour que leurs futurs enfants puissent profiter des avantages de la campagne. Ce changement impliquait de quitter son métier… Mais cette perspective ne faisait pas peur à celui qui a obtenu une licence d’allemand et qui appris le journalisme sur le tas. En 2007, il achète ainsi une pisciculture labellisée agriculture biologique et située à 1 150 mètres d’altitude, à La Fajolle dans l’Aude. À l’époque, il peut encore bénéficier de la dotation à l’installation pour
les jeunes agriculteurs (DJA), et d’un prêt bonifié. « Aujourd’hui, l’aquaculture n’est plus considérée comme une activité agricole. Un jeune qui souhaite s’installer n’a donc plus accès à ces dispositifs », précise François Isambert. L’ancien propriétaire de la pisciculture, pressé de vendre, lui apprend en quelques week-ends les rudiments de ce nouveau métier. Il bénéficie également, dans les premiers temps, de conseils délivrés par d’autres pisciculteurs de la région, et participe à une formation en gestion dans le cadre de la formation continue. Au fil des années, le pisciculteur améliore son outil, et diversifie ses cultures en introduisant trois espèces d’ombles venant compléter l’élevage de ses différentes truites. Il s’oriente ainsi vers des produits plus gastronomiques.

De la production à la transformation

Treize ans plus tard, François Isambert change encore de braquet. Le grand écart ne sera peut-être pas aussi grand que la première fois, mais l’évolution est sensible ! Il décide de se consacrer uniquement à la transformation de la nouvelle production mise en place. De ce fait, il vend l’entreprise de production. De plus en plus sensibilisé à l’écologie, il a l’idée de produire en conserve des truitelles, des truites arc-en-ciel âgées au moins de huit mois et pesant environ 15 grammes. « Je propose un produit 100 % bio sur un marché où les poissons en conserve, les sardines, les anchois et les thons sont pêchés en surnombre. Par ailleurs, ces truitelles, au moment de leur transformation, ont consommé deux fois moins de farines de poisson que des truites portions, et jusqu’à six fois moins que des grosses truites. Aussi, les farines et les huiles de poissons qui entrent dans la composition de leur alimentation proviennent de coproduits de la pêche. Elles préservent ainsi les stocks de poissons fourrage », précise-t-il. Pour assurer la bonne marche de la production, François Isambert a accompagné le repreneur durant un an. De son côté, afin de s’initier à la technique et de paramétrer les barèmes de conservation, il a suivi une formation dans un centre technique de la conservation des produits agricoles (CTCPA). L’étêtage et l’éviscération sont effectués sur l’exploitation, et la transformation est réalisée au sein d’une Cuma spécialisée dans l’appertisation de produits à base de canard. Son objectif est de construire sa propre conserverie. Dans un premier temps, il a organisé une prévente sur MiiMOSA, afin de tester ses produits auprès des consommateurs et de financer sa boutique en ligne. Il vient d’ailleurs de mettre en boîte sa première production ! En mettant en scène le côté festif de l’apéritif, il cible une clientèle jeune et citadine. Ce succès l’a incité à poursuivre l’aventure, et à lancer une seconde production. Depuis, un collègue a élevé des truitelles pour approvisionner le site nouvellement créé.

—— Marie-Dominique GUIHARD (Tribune Verte 2922)