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Scael : Une filière de production de poissons en parallèle des céréales

Scael : Une filière de production de poissons en parallèle des céréales

La coopérative Scael mise sur le développement de nouvelles filières en marge de son métier d’origine qu’est la collecte des grains. Elle projette notamment, d’ici deux ans, de se lancer dans la production de truites grâce à l’aquaponie et à la pisciculture.

Implantée en Eure-et-Loir, au coeur d’une zone céréalière, la coopérative Scael a fait de la collecte des grains sa spécialité. Cependant, grâce à son plan Scael 2025, elle affirme son positionnement et son ancrage territorial. Développer des filières d’agriculture durable et offrir à ses adhérents des pistes de diversification figurent parmi les axes majeurs de ce plan. Le développement d’un projet d’aquaponie trouve son origine dans le souhait de la coopérative de valoriser l’un de ses anciens silos en périphérie de Chartres, sur la commune de Lucé. Enclavé en pleine ville, le site de huit hectares était devenu inadapté et vieillissant. Plutôt que de partir sur un projet immobilier, la Scael a pris la voie d’un agriquartier avec le concept nommé « Olis » (« silo » à l’envers). Celui-ci devrait mêler productions agricoles, avec notamment l’aquaponie, ainsi que des logements. « Le cheminement vers une production de poissons et de végétaux s’est fait petit à petit, au gré de rencontres et notamment avec une société française spécialisée dans l’aquaponie. Nous avons trouvé cela intéressant, car il y avait une notion de production locale et de circuit court. Ce sont des projets qui avancent, mais qui ne sont pas encore finalisés, explique Jean-Sébastien Loyer, directeur général du groupe Scael. Le projet que nous avons sur l’aquaponie vient du fait que nous sommes actionnaires dans une société qui s’appelle AMP (Aquaponic Management Project), spécialisée dans la pisciculture avec la production de truites et de saumons. Il faut savoir qu’aujourd’hui, près de 90 % de ces poissons vendus en France sont importés. »

Limiter les contaminations

« Dans notre plan de réhabilitation du site de Lucé, nous nous sommes donc rapidement tournés vers l’aquaponie. Le concept est d’avoir d’un côté, un élevage de poissons, et de l’autre, une production de plantes qui serait alimentée par l’eau des poissons. Celle-ci permet la fertilisation des végétaux grâce aux déjections des poissons », précise-t-il. Cette production hors sol – par le biais de 300 bassins aquacoles – prendrait place dans les anciens silos de Lucé, désormais désaffectés. L’avantage de cloisonner l’élevage en plusieurs bassins est de limiter les contaminations en cas de maladies, et ainsi ne pas se retrouver avec l’ensemble du cheptel infecté. « L’un des arguments de la production en bassins est aussi que les truites, comme les saumons, ont besoin de vivre en groupe. En effet, si la densité d’animaux est trop faible, ils meurent », souligne le directeur de la Scael. La coopérative a ainsi retenu comme espèce de poisson la truite. L’abattage et la transformation des animaux devraient avoir lieu sur place, dans l’optique de maîtriser la filière du début à la fin. Pour la production de végétaux, tout n’est pas encore acté. Des tests sont en cours et les choix seront faits d’ici six mois. Il faut trouver la plante répondant le mieux à cette technique de culture, financièrement intéressante et qui n’est pas sur un marché de niche afin de ne pas perdre toute sa valeur en cas de surproduction. Des pistes vers la spiruline ou encore des jeunes pousses sont évoquées. La filière pourrait, à terme, créer une quinzaine d’emplois sur le site, produire 1 500 tonnes de truites et 400 tonnes de végétaux. Elle représenterait un investissement de 20 à 25 millions d’euros. « Nous envisageons également de développer une partie uniquement piscicole cette fois et de la mettre en place chez des agriculteurs. Il s’agira juste d’une production de poissons, tout du moins dans un premier temps. Nous allons y aller étape par étape et voir comment cela se passe sur le site de Lucé pour le système en aquaponie. Dans l’avenir, s’il est possible d’étendre l’aquaponie chez des exploitants agricoles, pourquoi pas », envisage Jean-Sébastien Loyer. Ces nouvelles diversifications s’offriraient aux agriculteurs euréliens, notamment pour ceux situés dans des zones sans irrigation où la possibilité de cultures à forte valeur ajoutée est restreinte et où les assolements se limitent bien souvent à blé-orge-colza. « Notre objectif est toujours le même, à savoir apporter des compléments à l’agriculture conventionnelle en misant sur des productions locales qui évitent des importations. En parallèle, le but est de viser des produits de haute qualité et 100 % français. Dans le cas de l’élevage de truites, il y a un marché de niche mais qui offre une forte valeur ajoutée pour les producteurs. Nous envisageons une commercialisation en France avec un positionnement surtout en moyenne et en haute gamme. » Le projet d’aquaponie sur l’ancien silo de Lucé nécessite d’obtenir des dérogations et de lever un certain nombre de  barrières, mais Jean-Sébastien Loyer estime un démarrage de la production d’ici deux ans.

Des primes attribuées aux agriculteurs afin de les soutenir

La Scael a été récemment certifiée pour le calcul des réductions d’émissions de gaz à effet de serre en valeurs réelles pour la production du colza. Une démarche en phase avec son projet d’entreprise Scael 2025. Sur la base de données fournie par les agriculteurs, tels que la durabilité de l’exploitation, l’évolution des pratiques culturales et les fertilisants apportés, la coopérative calcule, selon une méthode approuvée par l’Union européenne, la quantité de CO2 captée sur l’exploitation par la production de colza. La plante possède la faculté de capter plus de CO2 qu’elle n’en nécessite pour sa culture. Ce bilan positif en matière de captation de CO2 est ensuite valorisé auprès de clients industriels. En fonction des résultats obtenus, des primes seront ainsi  attribuées aux agriculteurs afin de les soutenir dans leurs actions en faveur de l’environnement. En débutant avec le colza, la Scael entend développer la démarche sur d’autres cultures telles que le blé ou le maïs.

—— Willy DESCHAMPS (Tribune Verte 2944)

La Scael EN CHIFFRES

  • 1 800 adhérents.
  • 350 collaborateurs.
  • 71 sites, dont 53 silos de collecte.
  • 1 station de semences.
  • 3 laboratoires.
  • 12 magasins Gamm vert.
  • Chiffre d’affaires consolidé : 1 030 M€.
  • 680 000 tonnes de collecte sur la campagne 2018-2019.