Scanopy : La vision augmentée pour les vignerons

Scanopy : La vision augmentée pour les vignerons

Une meilleure connaissance de l’état de santé ou de nutrition de ses vignes permet au viticulteur de raisonner ses interventions. À la clé : une valorisation de son travail et une adéquation avec les demandes sociétales et commerciales.

C’est d’abord en tant qu’amateurs que Pierre-Christophe Mesnil et François Gallet, les deux fondateurs de Scanopy, se sont intéressés au monde de la vigne. Les deux amis, respectivement ingénieur en robotique nucléaire et consultant en biotechnologies, aimaient rendre visite à leurs voisins viticulteurs du côté de Quincy (18). « Nous nous sommes aperçus qu’ils avaient des besoins en suivi des vignes et que les réponses technologiques n’étaient pas là », retrace Pierre-Christophe Mesnil. C’est notamment en cartographie de parcelles que les vignerons semblent peu équipés.

Un survol des vignes

Les deux ingénieurs cherchent alors une solution pour les aider à mieux connaître et à repérer leurs vignes, à l’échelle la plus pertinente, celle du rang. Ils mettent au point un système de capteur multispectral embarqué sur un drone : vues du dessus, et après traitement et interprétation des données, les vignes révèlent leur volume de feuilles, leur activité photosynthétique, leur maturité… Après avoir lancé l’activité en 2015, en parallèle de leur travail, Pierre-Christophe Mesnil et François Gallet décident de s’y consacrer à temps plein et créent leur entreprise commerciale en 2017. Les premiers clients et expérimentateurs sont les vignerons voisins du bassin Centre, puis, à partir de 2019, Scanopy développe et formalise son offre pour la proposer dans toute la France. « Grâce à notre solution, le vigneron reçoit une cartographie de ses parcelles et peut en mesurer l’hétérogénéité : par exemple, visualiser localement les besoins en fertilisants, repérer des symptômes de maladies (notamment la flavescence dorée), prévoir les dates de vendanges ou encore situer des pieds manquants. » En plus de contribuer au raisonnement des intrants, l’outil aide aussi à l’organisation du travail.

Le survol par drone était l’idée de départ : intéressant pour la pertinence de l’échelle (le rang), mais assez coûteux (il faut un pilote), et donnant une mesure à un instant t. La start-up propose donc également des informations issues du satellite Sentinel, moins précises (un pixel = 100 m2), mais moins coûteuses et plus régulièrement mises à jour (tous les cinq jours). Par ailleurs, Scanopy travaille sur un système de collecte de données qui pourrait être embarqué sur le tracteur vigneron. Si cette dernière évolue, leur traitement et leur utilisation également : Scanopy travaille ainsi sur le couplage de ses cartes avec des consoles de géolocalisation et/ou de modulation, là encore pour faciliter les interventions. L’entreprise pourrait aussi enrichir ses informations avec des données historiques de la parcelle ou de traçabilité. « Nos solutions sont en constante évolution », concluent les deux fondateurs.

—— Catherine PERROT (Tribune Verte 2949)

Développement : 2021, L’ANNÉE DU DÉCOLLAGE

En 2020, Scanopy compte environ une centaine de clients en France, dans un contexte économique assez peu favorable en viticulture. La start-up espère un vrai décollage commercial pour 2021. Aujourd’hui, sur les huit salariés permanents de Scanopy, six travaillent à la production et au développement, et deux dans le commerce. Les embauches futures seront donc plutôt des profils commerciaux, ou d’analyses de données, avec – peut-être – une dimension saisonnière (Scanopy travaille surtout pendant la période végétative de la vigne). L’entreprise est également en lien avec un réseau de pilotes de drone indépendants, à qui elle fournit sa technologie, et souhaite proposer ses services à l’étranger et s’ouvrir à d’autres productions.