Séjours initiatiques à l’étranger

Séjours initiatiques à l’étranger

Certains établissements ont mis en place depuis plusieurs années des partenariats européens et internationaux. Ils offrent ainsi l’opportunité à leurs élèves d’étudier dans un nouveau cadre, d’apprendre de nouvelles pratiques, et peut-être même de prendre goût à l’expatriation.

DES STAGES EN ÉLEVAGE BOVIN OU ÉQUIN EN IRLANDE

MFR de Songeons

Depuis 15 ans, la MFR de Songeons (Oise) noue un partenariat avec la communauté de communes d’Athy. Cette ville, située au sud-ouest de Dublin en Irlande, est dans un bassin de production d’élevage bovin laitier et équin. « Par rapport à nos formations, cette destination est adaptée », indique Cédric Demarcy, directeur de la MFR de Songeons.

Parmi ses différents cycles de formation, l’association de familles propose le cursus bac pro conduite et gestion de l’exploitation agricole (CGEA) option système à dominante élevage, avec la possibilité de se spécialiser en élevage équin ou bovin.
Les élèves de ce cursus, entre la fin de première et le début de la terminale, peuvent se porter volontaires pour partir trois semaines en Irlande (entre mi-août et début septembre). En général, environ vingt élèves partent, soit approximativement la moitié de la classe. « Notre partenaire sur place trouve le lieu de stage en fonction des supports des élèves (équin ou bovin). Il place entre deux et trois élèves par structure », explique Cédric Demarcy. Une fois sur place, les élèves participent aux activités de l’entreprise, découvrent de nouvelles manières de travailler, un nouveau fonctionnement. Louise Planterose, aujourd’hui apprentie en 1re année de BTS Acse, avait 18 ans lorsqu’elle est partie avec un autre élève de sa classe de bac pro CGEA dans un centre équestre. « Ils n’ont pas les mêmes pratiques que chez nous. Les cours sont différents, avec plus de dix personnes : des petits, des grands, des adultes. L’ambiance est aussi plus familiale », se souvient Louise Planterose, qui a aussi apprécié les nombreuses rencontres qu’elle a pu faire et les paysages d’Irlande. Selon le directeur, tous les élèves qui partent en stage reviennent avec un meilleur niveau en anglais, un enrichissement personnel et une ouverture culturelle. « Avant de partir, ils ont de l’appréhension, une peur de l’inconnu. Au retour, la plupart veulent y retourner, gardent des contacts », se félicite-t-il. Louise Planterose serait également partante pour retourner en Irlande, ou pour partir dans un autre pays : « Quand on a l’occasion à l’école de faire un voyage à l’étranger, il faut partir pour découvrir un nouveau mode de vie ! »

LE NOUVEAU PROGRAMME GO LASALLE

UnilaSalle

Suite à ses récentes fusions, l’école d’ingénieurs post-bac UniLaSalle, qui regroupe les campus de Beauvais, de Rouen et de Rennes, compte plus de 210 partenaires à l’étranger. À l’avenir ce nombre devrait baisser, car l’établissement spécialisé dans les sciences de la terre, du vivant et de l’environnement souhaite prioriser les collaborations plus stratégiques. Trois grands types de partenariat sont établis par l’école : « Nous avons des partenaires ‘‘classiques’’ qui permettent d’envoyer des élèves à l’étranger pour une mobilité académique. Nous pouvons également proposer aux enseignants-chercheurs d’UniLaSalle d’enseigner à l’étranger. Cela nous permet d’attirer aussi des étudiants et des enseignants internationaux », présente Sébastian Rieder, directeur adjoint des relations internationales. Dans le cadre de ses « partenariats d’excellence » à l’étranger, l’école encourage également les élèves à partir dès la 2e année de master, pour au moins un an, afin qu’ils obtiennent l’un des 14 doubles diplômes mis en place. L’ambition de l’école est d’aller plus loin. « Pour chaque parcours d’approfondissement, nous voulons arriver, à terme, à recommander un ou deux doubles diplômes », indique le directeur adjoint.
Le type de partenariat le plus récent rentre dans le cadre du programme Go LaSalle lancé en 2018. « Au cours du 5e semestre (bac + 3), l’élève ingénieur part obligatoirement à l’étranger pour se familiariser avec l’international », explique Sébastian Rieder. Les premières promotions à avoir été concernées par ce programme sont celles qui suivent la spécialité agronomie et agro-industries (AA), mais, d’ici 2022, tous les parcours d’approfondissement seront concernés.
Pierre Harant, actuellement élève ingénieur en 3e année en AA, a ainsi fait partie des premiers à tester ce dispositif. « J’ai choisi l’université La Salle Lucas do Rio Verde car elle se situe au Mato Grosso, la première région agricole du Brésil. Je suis passionné par les productions végétales. Je voulais voir comment les Brésiliens produisaient », justifie-t-il. Entre juillet et décembre 2018, il a suivi, avec sept autres étudiants d’UniLaSalle, des cours en portugais en statistiques, en zootechnie et en entreprenariat. Il a également participé à un projet de recherche avec l’université d’accueil et il a eu la possibilité de visiter plusieurs fermes : « La plus petite devait faire 500 hectares. J’ai également visité une partie d’une exploitation de 60 000 ha ! »

DES PARTENARIATS POUR FAVORISER LES MOBILITÉS SORTANTE ET ENTRANTE

AgroParisTech

Sur ses huit campus, AgroParisTech, l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement, forme de futurs ingénieurs, diplômés de master et docteurs. L’établissement entretient 162 partenariats institutionnels avec 142 universités (dont 70 en Europe) dans 47 pays différents, sous forme d’accords bilatéraux ou multilatéraux. « C’est très composite. Nous avons pu nous appuyer sur un ensemble partenarial considérable, issu des trois écoles qui ont fusionné pour créer AgroParisTech en 2007, et le développons, conformément à notre stratégie internationale, en conjuguant qualité des partenaires et densification du réseau », présente Christophe Sodore, directeur des relations internationales au sein d’AgroParisTech. En Europe, dans le cadre du programme Erasmus +, les élèves du cursus ingénieur peuvent ainsi partir étudier dans une université partenaire, généralement lors du 2e semestre de la 2e année (bac + 4) ou le 1er semestre de la 3e année (bac + 5). Des accords d’échange avec des pays tiers sont également en place. C’est dans ce cadre que Louise Colomb, apprentie ingénieur en gestion forestière sur le campus de Nancy, est partie en 3e année (entre septembre et décembre 2018) à l’université de Laval au Québec. « C’est la première université en foresterie en
Amérique du Nord, justifie-t-elle. J’ai choisi des matières dans le programme de maîtrise en sciences forestières : sylviculture, cartographie SIG (système d’information géographique), gestion des milieux humides et dendrochronologie1. » En plus de suivre ces cours, qui étaient tous en français, elle a eu l’occasion de faire plusieurs sorties sur le terrain, de visiter notamment des plantations d’érables à sucre, de découvrir la manière dont sont gérées les forêts au Canada. S’agissant des autres types de partenariat, l’institut ambitionne de développer, à travers des accords spécifiques, de nouveaux doubles diplômes pour ses cursus d’ingénieur et master. Aujourd’hui, cinq doubles diplômes sont proposés aux élèves ingénieurs, notamment avec des universités de Belgique, de Tunisie, de Russie et du Brésil. « Les étudiants partent en 3e année (bac + 5) pendant deux ans, mentionne Christophe Sodore. En moyenne, entre un et trois étudiants partent tous les ans. Ces doubles diplômes représentent souvent pour nous davantage de mobilité entrante que de mobilité sortante. » Pour AgroParisTech, l’entrée d’étudiants et d’enseignants internationaux sur ses campus est un enjeu majeur dans les années à venir. Aujourd’hui, en termes de mobilité sortante, plus de 80 % de ses élèves ingénieurs effectuent un séjour à l’étranger de minimum trois mois.
(1) Science qui étudie la croissance des arbres au cours du temps

Caroline EVEN (Tribune Verte n°2909)
Crédit photo : NITO/ADOBE STOCK