Véronique Manche, chambre d’agriculture des Pays de la Loire « Une période de travail en commun est indispensable »

Véronique Manche, chambre d’agriculture des Pays de la Loire « Une période de travail en commun est indispensable »

Lors d’une installation dans le cadre d’une association, choisir un associé est une étape cruciale et délicate. Il faut bien sûr s’entendre, mais ce n’est pas suffisant.

Un « bon » associé, c’est celui avec lequel on va pouvoir travailler et avec lequel on partage une vision commune de l’entreprise, un projet commun. Les clés de la réussite d’une bonne association reposent sur trois pôles. « Il faut que les besoins individuels de chaque associé se retrouvent dans le projet de l’entreprise. Le fonctionnement et l’organisation de la structure doivent prendre en compte la façon dont chacun fonctionne. Il est essentiel de bien partager l’organisation, de définir le rôle de chacun, qui prend les décisions, etc. La relation et la communication sont deux points essentiels. On voit parfois émerger des mésententes, simplement parce qu’au départ les associés ne se sont pas mis d’accord, n’ont pas assez communiqué entre eux », explique Véronique Manche, consultante en relations humaines et médiateur à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

S’il n’existe pas de recette miracle, il est important de travailler en amont sur ces trois pôles et, idéalement, de se faire accompagner tout au long du processus.

Véronique Manche est formée depuis un an à l’analyse-test de personnalité. Établir des profils de personnalité permet de mieux se connaître et d’anticiper l’impact que cela peut avoir dans l’organisation et le fonctionnement de l’exploitation. « Il y a parfois des différences sur les aspects planification et/ou la prise de décision qui doivent être prises en compte, signale-t-elle, tout en relativisant : l’analyse des personnalités est un aspect intéressant à connaître, mais ce n’est pas suffisant pour sécuriser une installation. Une période de travail en commun est indispensable. Les différences et les points communs, qu’elles se situent au niveau des personnalités, de l’organisation, du fonctionnement au quotidien, ne se voient souvent que sur le terrain. »

Accompagner sur le long terme

Le stage de parrainage – dispositif financé en Pays de la Loire par le conseil régional – peut être doublé d’un accompagnement relationnel. Ce service est proposé depuis un an par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. « Nous avons une posture d’accompagnateur, il ne s’agit pas de dire ce qu’il faut faire, mais d’attirer l’attention sur des points de vigilance », précise Véronique Manche. Un point particulièrement important dans le cadre de l’entrée d’un nouvel associé dans une structure existante. « La réussite d’une association, que ce soit dans le cadre d’une installation ou de l’entrée d’un nouvel associé dans une structure existante, repose sur les mêmes besoins, avec dans ce dernier cas une dimension supplémentaire à prendre en compte : quelqu’un qui s’installe a envie de créer et il est important de lui laisser cette possibilité. L’une des principales craintes formulées par rapport au mode d’installation en association est de ne pas disposer de pouvoir décisionnel. Les associés en place doivent montrer au candidat que les choses pourront bouger, que les cartes peuvent être rebattues », indique-t-elle. Cet accompagnement peut aussi se faire sur le long terme, avec un bilan de fonctionnement en cours de vie de l’entreprise agricole. « L’environnement et les aspirations des personnes changent au fil du temps. Il faut parfois procéder à des ajustements au bout de quelques années », résume-t-elle.

— Emmanuelle THOMAS (Tribune Verte 2993)